Oreilles attentives de Guyenne et Gascogne, bonjour. Aujourd’hui, on nous demande - on exige, pourrait-on dire – que nous soyons tous vaccinés et en mesure de le prouver électroniquement. De quoi demain sera-t-il fait ? Nos petits mignons de macron nous obligeront-ils tous à bouffer les mêmes hamburgers sous prétexte de santé publique ? On peut le craindre !
Donc, tant qu’il en est encore temps, dégustons les bonnes nourritures de notre ruralité, laissant encore à ces êtres d’inculture leur malbouffe pour pourceaux néolibéraux.
Précisément, cet été, j’ai eu le loisir de lire dans un magazine mensuel une chronique sur les délices du shtetl. L’auteur y parle du savoir-faire culinaire d’un restaurant qui, à Paris, permet de déguster les perles de la gastronomie ashkénaze, ce qu’il appelle du grand art Mitteleuropa.
En effet, il décrit moult spécialités qui m’ont mis l’eau à la bouche et je me suis régalé de cet article jusqu’au moment où il décrit la pâte du strudel aux pommes : je bondis à la description qu’il en donna et surtout au fait qu’il déclarait avec autorité qu’aucun pâtissier français n’était capable d’étirer une telle pâte aussi fine que du papier. Moi, vous me connaissez, je bondis sur mon stylo et rédigeai à l’intention de ce crtique la missive suivante :
Monsieur Emmanuel Tresmontant,
Dans le numéro 92 du mensuel Causeur, vous publiez un article intitulé « Les délices du Shtetl » dont la lecture m’a mis l’eau à la bouche. Toutefois, vers la fin de l’article, je faillis avaler cette eau de travers en lisant votre commentaire sur le strudel aux pommes. En effet, peut-être avez-vous raison de dire qu’aucun pâtissier français ne sait faire une pâte telle que vous la décrivez mais je peux vous dire qu’il y a des cuisinières dans le Lot-et-Garonne qui savent faire et étirer une telle pâte pour réaliser ce qui, traditionnellement, s’appelle tourtière et qui est une pâtisserie aux pommes aromatisée d’eau-de-vie locale. Bien sûr, cela n’est pas aussi huppé qu’un strudel mais existe dans notre pays, loin des grands restaurants et de la gastronomie parisienne ou viennoise. Je ne peux que vous conseiller de vous bien chausser pour visiter les campagnes où subsistent encore un art de vivre et de bien manger simples et peut-être méconnus. Mon épouse qui pratique l’art de faire des tourtières me prie de joindre deux photographies à l’appui de mes dires. Avec mes cordiales salutations. Pierre Jooris
Or, si j’ai la plume alerte, je dispose aussi d’une bonne réserve de patience. En effet, il m’est souvent arrivé d’écrire à nos élus locaux ou départementaux sans recevoir nulle réponse. Et, quand ils me répondent, c’est pour noyer le poisson dans un galimatias de leur cru. Toutefois, ce monsieur, critique culinaire de son état, semble n’avoir aucune idée de la langue de boa politique puisqu’il me répondit en ces termes :
Cher Monsieur, merci pour votre sympathique message ! Avec plaisir je viendrai dans votre belle région déguster vos merveilles, j’ai d’ailleurs programmé un reportage sur les armagnacs à la rentrée…Merci encore pour votre fidélité et votre lecture attentive. Très cordialement. Emmanuel Tresmontant PS : en fait, j’avais il y a quelques années lancé un défi au Pâtissier de l’hôtel Meurice Cedric Grolet devenu une célébrité depuis : faire un strudel … j’ai pu alors constater qu’effectivement ce champion de la pâtisserie n’était pas capable de réaliser une pâte à strudel digne de ce nom.
On voit par-là qu’il ne faut pas avoir peur de fréquenter les petits chemins et de marcher dans la boue.
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