4. Sara, Antonia, Frédéric
Le samedi matin, malgré un temps un peu menaçant, il décide de se rendre à Saint-Bélié. Il a entendu parler du fameux marché du samedi matin et a eu l’occasion de parler de Saint-Bélié avec tante Laure. Cela lui fait une bonne trotte à pied et, comme il revient un peu chargé, il prend un bus qui le rapproche de l’avenue Comédon. Revenu chez lui, il épluche carottes, pommes de terre, navets, poireaux pour se préparer un délicieux hochepot dans lequel il fait cuire queue de bœuf, oreilles de porc, plat de côte et un morceau de mouton. Le temps de cuisson lui laisse la possibilité de lire en écoutant de la musique et, avant d’attaquer ce plat, il se rappelle que sa jeune fille à la robe d’organdi, comme il l’a appelée, est toujours dans une valise. Il l’en ressort et la suspend à la place où il l’avait déjà accrochée. Il ne s’attarde pas à la contempler, il est en vacances de l’affaire Leyden pour le week-end et il déguste avec plaisir son hochepot. Rien ne l’empêchant de faire une sieste, il plonge avec délice dans un sommeil propice à la digestion.
*
Il se réveille vers seize heures, surpris de s’être ainsi laissé prendre par le sommeil. Pour émerger au mieux, il se prépare un café et après cela, il s’habille pour aller voir l’atelier de Sara. Il lui faut en effet une bonne demi-heure pour y aller et lorsqu’il arrive, Sara l’accueille avec joie, elle est habillée avec moins de décontraction que lors de leur première rencontre. Elle lui fait voir une première partie de ses peintures, après quoi elle lui propose de prendre un thé ou un café. Ils optent pour le thé.
– Vous avez vu la première partie de mes peintures, je dirais que c’est un peu le passé de ce que je fais, après nous verrons des choses plus récentes, dit-elle.
– Je vous avouerai que j’ai eu l’occasion d’aller à la galerie Lautort, à Morlaix et que j’ai vu les toiles que vous y exposez.
– Eh bien, vous me surprenez, Hervé. Seriez-vous allé à Morlaix uniquement pour voir mes tableaux ?
– Pourquoi non ? J’ai vu une étude de visages qui valait certainement le voyage, répond flatteusement Hervé. Mais je me rendais chez Dussieu, l’encadreur. Je voulais voir si je pouvais trouver un cadre plus approprié pour mon petit tableau. Et, comme j’avais du temps, je suis allé à la galerie Lautort. J’étais quand même allé voir auparavant sur internet dans quelle galerie se trouvaient vos peintures. Monsieur Lautort a une haute idée de votre peinture et il m’a dit que…
– Quand je passerai à l’abstrait, je trouverai ma voie, je sais. Je peins comme je le sens, je sais que je suis dans le figuratif et qu’il me verrait aller vers l’abstrait, mais je ne peux pas forcer les choses, répond vivement Sara.
– Je ne voulais pas vous blesser, excusez-moi, bien au contraire.
– Alors, parlez-moi de ce tableau, vous aller le faire mettre dans un nouveau cadre ?
– En effet, je retourne à Morlaix dans quelques jours et Monsieur Dussieu lui aura mis un cadre moins lourd, à mon goût en tout cas.
(à suivre...)
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