Oreilles attentives de Guyenne et Gascogne, bonjour. Il y a encore, malgré les mesures dites sanitaires, des vide greniers qui sont organisés ça et là dans nos départements. Les enmarchistes essayeront bien de les interdire un jour sous des prétextes divers comme ils savent si bien les imaginer mais c’est une pratique qui perdure encore dans nos villages. Et, précisément, j’en visitais un le dimanche matin de bonne heure lorsque j’arrivai au stand d’une aimable dame qui non seulement vendait des livres présentables mais encore savait ce qu’elle avait dans ses caisses. Et pour une somme minime je fis l’acquisition d’un beau roman régional « Le bois des serments » dont l’auteur est Alain Paraillous.
Je connaissais déjà cet auteur pour son « Dictionnaire drôlatique du parler gascon » que je garde volontiers sous le coude pour me récréer un peu de ses amusantes illustrations. Je l’avais trouvé en librairie et ne peux que vous le recommander.
Mais revenons au « Bois des serments » : c’est un roman bien ancré dans l’histoire post napoléonnienne, je ne sais pas si elle est authentique mais le personnage principal, Aurélien Delproux, est un des acteurs de la fin du Premier Empire, on le trouve dans la neige et la glace de la Bérézina et il est laissé pour mort sur le champ de bataille de Waterloo. Il sort de son coma en sentant qu’un pilleur de cadavres est en train de lui voler sa bourse. Il récupère sa bourse mais le voleur a réussi à lui subtiliser un précieux rasoir à manche d’ivoire, cadeau d’un colonel qu’il avait sauvé lors de la retraite de Russie.
Aurélien a pris un coup à la tête mais il s’en sort et retourne au pays, dans son village de Ponvieil, près de Xaintrailles en Lot-et-Garonne. Là-bas, il avait laissé il y a trois ans la douce Sylvette avec laquelle ils se sont jurés fidélité jusqu’à son retour, ils devront se retrouver aux pierres de Cabeil, le lieu des serments. Et le même soir, ils avaient passé le pas, comme s’ils étaient déjà mari et femme.
Mais, trois ans ont passé et Sylvette s’est mariée à un riche négociant local qui fait principalement commerce du bois. Et ils ont un enfant.
Apprendre cela lui porte un coup aussi terrible que celui qu’il avait pris à Waterloo mais c’est un paysan qui a la trempe des aciers dont on fait les faux, il se relève et repart au travail. Sur son modeste héritage, il y a peu à espérer, sa terre est maigre et peine à nourrir son homme. Sauf si… sauf si on regarde bien, si on voit où vont les choses et Aurélien a ce don de voir ce qui peut advenir. Il découvre une richesse qui est celle des chênes liège et il se lance dans l’aventure avec comme associé et bailleur de fonds le mari de Sylvette. Et l’avenir leur sourit, Aurélien sait tirer parti de ces arbres qui étaient considérés comme du mauvais bois mais qui peuvent fournir du bon liège à bouchons. Tout ne sera pas rose, un hiver terrible fera geler et mourir les arbres mais la volonté des hommes ne faillira pas.
Et pour finir… ah mais ne croyez pas que je vais tout vous raconter, courez plutôt acheter le livre, édité aux éditions de Borée !
On voit par-là qu’il faut toujours en garder pour la bonne bouche.
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