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dimanche 14 novembre 2021

Contes et histoires de Pépé J II (9) Le vampire

Oreilles attentives de Guyenne et Gascogne, bonjour. Je vais vous conter une histoire du siècle passé mais qui pourrait tout aussi bien se passer maintenant. La seule chose qui fait que, de nos jours, nul ne voudrait plus croire à ce genre de chose, c’est l’existence de l’éclairage public, de la télévision et de toutes les sortes d’écrans. Cela fait que bien des gens ne sont plus capables de regarder la nature et de voir dans la pénombre ce qu’il s’y passe.

Comme vous le savez, mon métier de maçon me portait à bâtir des maisons et des granges pour abriter les humains et le bétail ainsi que les fourrages, les outils et toutes autres réserves. Mais ce que je faisais pour les vivants, j’avais aussi à le faire pour les trépassés et, plus d’une fois, je fus amené à réaliser des entourages de tombes et des stèles à la demande des famille des défunts.

Un jour du mois d’octobre, le matin dès huit heures, je me trouvais ainsi dans le cimetière de B* afin de réaliser une stèle sur la tombe d’un ancien du village afin que sa mémoire persiste dans la pierre. Le jour avait commencé à poindre fort timidement et j’amenais mon outillage sur place lorsque je vis comme une ombre s’approcher. Je reconnus une silhouette familière, une de mes voisines pour qui j’avais une grande estime et je dirais que, de sa part, c’était réciproque.,

- Bonjour Elyette, m’écriai-je ! Alors, on n’a pas peur des fantômes à c’t’heure ?

- Ah ! C’est toi, Piéril, j’avais entendu un bruit d’outils et je me demandai qui était là. Qué fas tu aqui ? Tu n’as pourtant pas de morts ici, que je sache !

- Hé non, Elyette, je viens finir pour le pépé Ladoumègue,,,

- Fernand, lou pobré ca ! Et c’est toi qu’ils ont commandé pour sa tombe, je comprends…

- Ben oui, mais moi je viens commencer ma journée alors que toi, tu viens draguer les fantômes ?

- Ecouto mé, povrot ! Si tu savais, tu te tairais. Té, je vais t’en conter une mais tu promets de pas la répéter ou alors tu parles pas de moi, je passerais pour une pégotte… et toi aussi !

- Ah, Elyette, tu peux me faire confiance, tu le sais bien !

- Allez, oui, que je te fais confiance ! Alors, voilà, écoute bien : j’étais encore bien jeunette, tout juste quinze ans, que mon pauvre père m’avait donné un petit chat, tout joli, un petit siamois. Faut dire que j’en rêvais, d’avoir un petit chat. Et voilà que mon père, il va au marché aux chiens, à Valence. Il voulait trouver un chien courant mais il y avait rien de rien, que des brêles. Tu sais comme c’était, ce marché aux chiens, du côté des lavoirs. Il y avait les chiens et puis, vers le bout, en dessous le Tout va bien, il y avait toujours quelque furet à vendre, pour la chasse, pardi ! Et voilà t’il pas qu’il se trouvait une femme avec une portée de petits chats. Mon père avait pas trouvé de chien, il achète un chaton pour moi ! La fête que j’ai faite à son retour, je te dis pas. Et je me l’aimais mon petit Calinou, il me suivait partout, il dormait avec moi. Bon, tout allait bien mais voilà qu’il devient plus hardi, à se promener et c’est comme ça qu’une nuit, plus de Calinou ! Sorti par la fenêtre et je me réveille vers cinq heures, j’appelle doucement – Calinou, Calinou – rien ! Je te dis pas comme j’étais inquiète ! Je me couvre un peu et je sors dehors, toujours j’appelais mais pas de Calinou. Et me voilà à galoper dans le noir, je cherche partout et je finis par arriver à la grille du cimetière, il me semblait avoir entendu un miaou par-là. J’allais entrer et un homme arrive. Mais pas un paysou que j’aurais connu, non pas. Un monsieur, un vrai, en complet veston tout noir. Et il me dit qu’il va me le retrouver mon chat, mademoiselle et tout ! Moi je le trouvais beau, j’étais comme envoûtée. Il vient près de moi, en face, et je vois d’un coup qu’il a les yeux rouges ! Il me tient par les épaules et là je vois son sourire avec deux grandes dents pointues. Je sens qu’il va me mordre dans le cou mais je ne peux pas bouger, je sens son souffle froid, il se penche vers moi !

- Et alors ?

- C’est là que le coq à Desbats pousse un cocorico, un mince filet d’aube apparaît au loin, le monsieur se redresse brusquement et il s’encourt dans le cimetière, je n’ai jamais su où… Tu vois, le point du jour m’a sauvée, j’ai retrouvé mon Calinou et je suis revenue à la maison. Cette histoire, tu es le premier en plus de 50 ans à qui je la raconte. Mais tu vois, pôvrot, ne plaisante plus jamais avec ces choses-là.

C’est tout et c’est une vraie histoire.




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