Il se réveille vers dix-sept heures. Il se prépare un café et allume la radio. Le programme lui semblant sans intérêt, il met un de ses vieux disques, un concerto brandebourgeois. Il prend une feuille de papier et réfléchit. Puis il écrit :
1°. Édith Lemond : (connaît le tableau, sans plus)
Sara Weill-Lucet : (connaît le tableau) fera passer la monographie, coup à suivre ?
2°. Raymond Marondeau : deus ex machina, tire des ficelles ? Ne sait pas pour le deuxième tableau
André : pas de rapport avec le tableau
Landau : rien à dire
Tante Laure : originaire de Saint-Bélié, a vécu à l’époque de Leyden
Mme Le Blévec : m’a repéré et m’a envoyé Antonia
3°. Dussieu, l’encadreur : sait pour le deuxième tableau, doit regarder les carnets de son père.
4°. Eugène, Dédé, Gégé et Zézé : bonnes infos, à revoir qui sait
Achille Trouvé : aller à Lamallieu…
5°. Antonia Secondat, née Viquerosse : semble moins dangereuse que ce qu’en disent Raymond et consorts. Fera passer « le témoin»…
6°. L’instit. : chainon manquant ? Ou à classer avec Zézé, Dédé etc.
7°. Fred Tucaume : je lui ai déballé pas mal de choses, le pinard aidant, mais saura p-e renvoyer l’ascenseur.
Il pense que s’il tire cette affaire au clair, il risque de s’ennuyer après…
Il conclut qu’il y a un personnage important à voir, c’est Achille Trouvé. Il y a plusieurs personnes à suivre : Dussieu, l’encadreur, en premier lieu pour les carnets de son père. Ensuite, Sara pour la monographie d’Estrade. De plus, il aimerait savoir à quoi elle joue, cette gouacheuse. Il la recontactera demain pour lui parler de cette monographie, ce sera une bonne occasion. Pour Dussieu, il doit y retourner dans la semaine, mais il pourrait l’appeler mardi pour savoir où il en est et lui redire, si nécessaire, de chercher dans les carnets.
Assez content de sa journée, il se prépare un petit repas léger puis descend faire un tour dans le quartier avant d’aller se coucher.
5. Achille
Lundi matin, plein d’entrain, il va à pied jusqu’à la gare routière pour savoir comment se rendre à Lamallieu. En route, il se dit qu’il n’a pas encore le bon réflexe, celui d’aller voir sur le site du Conseil Général. Arrivé à la gare, il examine les trajets et les horaires. Pour ce matin, il n’y a rien qui convienne, mais en début d’après-midi, un bus va à Lamallieu avec un arrêt non loin de chez lui, avenue Comédon. Il repart, fait un large tour en ville intra muros pour revenir chez lui en suivant le bord de mer. Après cette promenade apéritive, il mange un morceau et redescend pour prendre son bus.
Le trajet n’est pas très long jusqu’à Lamallieu et Hervé descend au premier arrêt en entrant dans le bourg. Comme l’avait dit Zélie, la maison de retraite est à l’entrée du village, à proximité de l’arrêt du bus. Il se dirige vers des bâtiments coquets quoique d’une qualité architecturale médiocre, les façades sont en briques de parement collées sur des bâtiments massifs de béton et de parpaings, avec des toitures de tuiles modernes. Les fenêtres sont alignées et l’ensemble a une allure de prison récente dont la seule coquetterie tiendrait à ses petits massifs de pétunias et d’impatiens, soigneusement alignés et en alternance avec des pelouses strictement tondues. Cela sent le contrat d’entretien d’espaces verts, la cuisine Sapexta et la certification ISO. Quelques résidents sont sagement rangés derrière une baie vitrée, dans une atmosphère climatisée, regardant une vue formatée. Il en a froid dans le dos. Au moins, Artur Leyden a échappé au sort de ces vieux ainsi parqués…
Il s’avance vers une entrée de style postcolonial en béton authentique aux portes vitrées en aluminium anodisé. Après être passé par la porte à ouverture automatique, il se heurte à une autre porte, de style Chirac IIème mandat, close et sans velléité d’ouverture. Il avise un bouton de sonnette sous un parlophone et appuie dessus. Il attend une bonne minute sans avoir de réponse. Il redonne une poussée au bouton, une voix crachotante et rauque surgit du haut-parleur, lui demandant probablement ce qu’il veut.
– Je voudrais voir Monsieur Trouvé, monsieur Achille Trouvé, dit-il.
Un autre crachotement aussi rauque et aussi incompréhensible lui répond. Il suppose que l’on s’occupe de son cas et attend cinq minutes de plus. Il commence à regretter de ne pas avoir téléphoné avant de venir quand passe devant la porte une dame en blouse blanche. Elle l’aperçoit, sort un trousseau de clés et ouvre de l’intérieur.
– Vous n’avez pas l’habitude, dit-elle, personne n’entre par ici. C’est fermé, vous comprenez, la sécurité…
– Vous craignez qu’on vous enlève des pensionnaires ? demande-t-il en souriant.
– Vous savez, de nos jours, il peut se passer tant de choses, répond-elle. Vous veniez pour une visite ?
– Oui, je voudrais voir monsieur Trouvé. Achille Trouvé.
– Il vous connaît ?
– Non, mais je viens de la part de madame Lequeuvre, il la connaît.
(à suivre...)
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