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jeudi 17 mars 2022

Dernier tableau (68)

 

Et je veux que vous me parliez de ce tableau. Où en êtes-vous ? L’avez-vous fait ré encadrer ? Attendez avant de me répondre, je prépare le thé et nous parlerons tranquillement.

– Si vous souhaitez que je vous raconte tout, n’espérez pas que nous fassions un scrabble…

– Si vous avez des histoires passionnantes à me raconter, je me passerai volontiers de scrabble. Je vous écoute, mon cher Hervé, répond Marondeau en apportant le plateau du thé.


Hervé raconte son déplacement à Morlaix, la découverte du second tableau par Dussieu, l’inauguration de la plaque et la rencontre avec Antonia.


– Vous avez eu la Viquerosse en face de vous et vous êtes toujours vivant ? Mais vous êtes Saint Georges terrassant le dragon !

– Si peu, si peu, voyons Raymond, cette dame s’est bien assagie et elle reconnaît elle-même avoir remué ciel et terre…

– Le ciel, la terre, mais aussi la tête et les tripes de Marondeau. J’en tremble encore, mon cher !

– Mais elle était peut-être – chi lo sa ? – amoureuse de vous, glisse-t-il sournoisement.

à Dieu ne plaise ! Amoureuse de moi ! Il n’aurait plus manqué que cela. Allons, allons, continuez mon cher, je suis persuadé que vous n’en avez pas fini…

– En effet, et la suite n’est pas moins intéressante. Vous permettez que je reprenne une tasse de votre excellent thé ?


Il se ressert et reprend son récit. Cette fois, il raconte son expédition dans la ria, le Bussiau, Zézé, Gégé, Dédé et tutti quanti, puis sa visite à Achille.


– Mon cher, vous êtes gonflé, si j’ose dire. à votre âge, faire le pingouin dans l’eau de l’océan ! Sans compter le voyage en tracteur, la moto et le bus !

– Ces trois derniers sont de moindres maux, mais je reconnais avoir été imprudent. Mais n’ai-je pas été poussé par vous et attiré par le Bussiau ?

– Voyez, voyez mon cher, ce n’est pas moi qui vous pousse, rappelez-vous l’histoire de ce tableau. Enfin, une partie de son histoire puisque vous avez levé le voile, avec l’aide de Dussieu, sur une autre partie de son histoire. Ce tableau a un je-ne-sais-quoi, un magnétisme particulier qui provoque autour de lui des choses étranges : la mort d’un commis-voyageur – on dirait le titre d’un film, n’est-ce pas ? – et la disparition d’un yachtman. Et vous, vous vous en sortez assez miraculeusement, sans l’aide que Leyden avait reçue des deux enfants, alors que vous auriez pu y rester aussi. Vous partez innocemment – enfin je le suppose- vous promener le long de la côte et vous vous retrouvez exactement au même endroit que Leyden, près de cinquante ans plus tôt. C’est impensable, il faut qu’une force invisible, ce je-ne-sais-quoi, vous y ait poussé…

– Admettons, mais gardons les pieds sur terre quand même. J’ai été imprudent, je le reconnais. La chance a été au rendez-vous…

– La chance ? Vous voulez dire la Providence, mon cher Hervé !

– L’une ou l’autre, comme vous voudrez. Toujours est-il que je suis là, en chair et en os en face de vous et c’est bien ce qui compte. Et je n’en ai pas terminé, permettez que je revienne un peu en arrière au sujet d’Achille Trouvé.

– Il vous a appelé au téléphone ?

– Non, je suis sans nouvelles de lui et j’ai décidé de ne pas le relancer, le pauvre homme. Je crains bien l’avoir déstabilisé. Mais rappelez-vous l’inauguration de la plaque, rue Camériau…

– C’est à deux pas d’ici en quelque sorte, intervient Marondeau.

à cette inauguration il y avait, comme je vous l’ai dit, les officiels, madame Secondat et quelques badauds. J’ai même été interviewé par un journaliste du Courrier d’Émeraude !

– Cette feuille de chou ! Il n’y a pas grande gloire à figurer dans ses pages. Et qu’avez-vous pu lui dire à ce brave homme ?

(à suivre...)

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