En vedette !

dimanche 25 janvier 2015

Chronique du temps exigu (140)

La pénibilité au travail, on en parlait et on en reparlait mais voici que le gouvernement commence à en préciser les critères. Et quand le gouvernement, épaulé par sa solide administration, précise des critères, on n’est pas certain d’y voir beaucoup plus clair. En effet, le ministre du Travail a créé une mission pour vérifier l’applicabilité des critères retenus. Pourtant, on pourrait se demander si des critères inapplicables ne seraient pas plus pertinents, économiquement parlant. Mais nul doute, les missionnaires du ministre sauront prêcher la bonne parole : ils se réuniront en conclave ou autre conciliabule, pondront des rapports circonstanciés, se congratuleront mutuellement puis se nourriront frugalement de petits fours aux frais de la princesse. Le métier de missionnaire ne manque pas de moments pénibles…
Toutefois, il ne faut pas tout mélanger : de même que pour la température, il y a pénibilité et pénibilité, à savoir la réelle er la ressentie. J’explique : d’abord il y a le travail pénible réalisé par un artisan ou tout autre travailleur indépendant. Que diable, s’il veut être son propre patron, qu’il se débrouille ! Cela n’est pas pris en compte par la pénibilité officielle qui ne concerne que les salariés. Ensuite, il y a le travail pénible réalisé par un travailleur λ, conscient de faire un dur travail mais heureux de le faire et qui ne demande qu’à continuer. C’est le monsieur Jourdain de la pénibilité car ce dernier faisait de la prose sans le savoir et notre travailleur λ fait de la pénibilité sans s’en douter. Et c’est là qu’intervient le spécialiste en pénibilité, celui qui éveille les consciences et met au jour la pénibilité. Non qu’il la pratique lui-même mais il est capable de la ressentir tels ces chefs qui soulèvent quelques poids pendant leurs loisirs et qui, le lundi, savent qu’ils connaissent réellement la pénibilité. Disons par exemple qu’un fonctionnaire soulevant un poids de vingt kilos ressentira une pénibilité supérieure au travailleur λ qui soulèverait un poids de quarante kilos. Cela se traduit par le théorème suivant : « Toute masse soulevée par un fonctionnaire a un poids égal à toute autre masse de poids égal à laquelle on ajoute la TVA, la CSG et le CRDS, les centimes additionnels, multiplié par l’indice de référence et la valeur du point, le tout additionné d’une pincée de provisions pour retraite anticipée. 

Force est de comprendre que maintenant tout travailleur se devra de réfléchir à son indice de pénibilité avant de faire le moindre effort. Et que l’on ne nous dise pas qu’il est pénible de réfléchir !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire