-
Eh bien, je suis bien content pour toi !
Cela dit, on a galopé toute la journée pour pratiquement que dalle, on n’en
sait pas beaucoup plus qu’avant !
C’est à ce moment que mon portable sonne. Il est dans la poche de ma veste
et je le laisse sonner. Il est plus de onze heures, bizarre.
-
Tu ne décroches pas ? me demande Livron.
-
C’est toi, gendarme, qui me dis cela ?
réponds-je.
-
Oui, j’aurais décroché pour toi, dit-il en
riant.
-
Ça peut attendre.
Nous arrivons chez moi et Flèche en profite pour faire la tournée des
popotes. Je propose à Livron un casse-croûte qu’il accepte volontiers.
-
Ma femme va gueuler mais je m’en fous, je suis
au forfait ! déclare-t-il avec aplomb.
-
Allez, je te dois bien ça ! Je te tiens
compagnie, non pas que j’aie faim mais je bois un coup à ta sainte
patience !
Il est minuit lorsqu’il se barre et je repense tout à coup à cet appel sur
mon portable. Je vais sur ma messagerie et, surprise, il y a un message de…
Martine Grebier : « Je voudrais
parler au responsable des Maisons de Fortunio. Inutile de me rappeler ce soir
mais… qu’il me rappelle demain. ». Bon, en plus je suis démasqué. Une
seule solution, elle nous a repérés d’une manière ou d’une autre. Toujours
cette sacrée fourgonnette aux armes de l’entreprise !
*
Le lendemain, le boulot m’appelle et je suis sur le chantier dès huit
heures. Mes gars commencent à s’habituer à mes absences mais tout de même, si
le patron ne se montre pas sur le chantier, où va-t-on ? Tout à mon travail,
je ne pense plus à rappeler Martine Grebier et, vers onze heures, c’est un
appel de Livron qui me remet dans l’ambiance. Il me demande s’il peut passer
chez moi le soir même, il a un peu de nouveau mais ne tient pas à parler trop
longtemps car il est à la brigade. Après avoir raccroché, je recherche le
numéro de Martine Grebier et je la rappelle.
-
Madame Grebier ?
-
Oooh ! Serait-ce le responsable des Maisons de Fortunio ? Il me semblerait
que j’ai appelé ce numéro hier soir. Alors, si c’est bien le cas, je vous
signale que vous avez un employé qui se promène bien loin de chez vous, le soir,
avec le véhicule de l’entreprise…
-
Allons, chère Madame, vous savez bien que c’est
moi, Albert…
-
Oh ! Quelle heureuse surprise, monsieur
Ellefor en personne ! Mais alors, c’est vous le pédégé des « Maisons
de Fortunio » ?
-
Mais oui, soi-même. Vous vouliez me parler,
disiez-vous ?
-
Oui, comment allez-vous depuis hier soir ?
Et votre ami, dans la voiture, il n’a pas eu trop faim ? Il avait mangé,
peut-être ? Vous ne vous demandez pas comment j’ai eu votre numéro de
portable ?
-
Vous avez vu ma fourgonnette, je suppose.
-
Monsieur Ellefor, sachez que dans Verneuil tout
se sait, tout se voit et tout se dit. Ma voisine a repéré cette fourgonnette,
cela lui a paru louche, elle a tout noté, elle a vu qu’il y avait quelqu’un qui
attendait dans la voiture et, dès qu’elle vous a vu partir, elle m’a appelée au
téléphone.
-
Moi qui pensais passer incognito, c’est donc
raté ! Ah, ça fonctionne toujours bien, la blanche, dans les
campagnes !
-
Ah mais son fils est gendarme à Angoulême, je
suis sûre qu’elle lui a téléphoné pour lui dire de se renseigner…
-
Eh bien voilà ! Bon, à propos de gendarme,
votre chien, il n’est toujours pas revenu ?
-
Non. Et pourquoi à propos de gendarme ?
-
Il a peut-être été volé, ce chien, vous devriez
peut-être aller à la gendarmerie, dis-je perfidement.
-
Non et non ! D’abord ce n’est pas
officiellement mon chien et d’ensuite s’il a envie de faire sa vie ailleurs, je
n’y vois aucun inconvénient. Et si je la retrouve, je vous la donne puisque
vous me proposiez de la faire porter. Comme ça vous aurez toute la portée pour
vous. J’ai vos coordonnées maintenant…
-
Et pourquoi non ? Tenez-moi au courant.
-
J’espère bien vous voir ce vendredi à Bergerac…
-
Avec plaisir mais je suis sûr que vous serez
très occupée, un vernissage avec les officiels et le toutim…
-
Vous n’êtes pas obligé de venir seul : ne
laissez pas votre copain dans la voiture cette fois-ci !
-
C’est bien ce que je lui ai proposé hier soir
mais il ne sera pas libre ce vendredi et il vous prie, bien sûr, de lui
pardonner son absence…
-
Allons, à vendredi donc et si j’ai des
nouvelles, je vous appelle. Ciao !
-
A vendredi.
*
(à suivre...)
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