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jeudi 15 janvier 2015

Le cabot de Fortunio (28)

Je lui parle alors de la lettre d’Eliane. Je ne raconte pas toute l’histoire, évidemment, là aussi je dois garder une part de mystère sur mes activités précédentes.
-          Eh bien, je suis bien content pour toi ! Cela dit, on a galopé toute la journée pour pratiquement que dalle, on n’en sait pas beaucoup plus qu’avant !
C’est à ce moment que mon portable sonne. Il est dans la poche de ma veste et je le laisse sonner. Il est plus de onze heures, bizarre.
-          Tu ne décroches pas ? me demande Livron.
-          C’est toi, gendarme, qui me dis cela ? réponds-je.
-          Oui, j’aurais décroché pour toi, dit-il en riant.
-          Ça peut attendre.
Nous arrivons chez moi et Flèche en profite pour faire la tournée des popotes. Je propose à Livron un casse-croûte qu’il accepte volontiers.
-          Ma femme va gueuler mais je m’en fous, je suis au forfait ! déclare-t-il avec aplomb.
-          Allez, je te dois bien ça ! Je te tiens compagnie, non pas que j’aie faim mais je bois un coup à ta sainte patience !
Il est minuit lorsqu’il se barre et je repense tout à coup à cet appel sur mon portable. Je vais sur ma messagerie et, surprise, il y a un message de… Martine Grebier : « Je voudrais parler au responsable des Maisons de Fortunio. Inutile de me rappeler ce soir mais… qu’il me rappelle demain. ». Bon, en plus je suis démasqué. Une seule solution, elle nous a repérés d’une manière ou d’une autre. Toujours cette sacrée fourgonnette aux armes de l’entreprise !
*
Le lendemain, le boulot m’appelle et je suis sur le chantier dès huit heures. Mes gars commencent à s’habituer à mes absences mais tout de même, si le patron ne se montre pas sur le chantier, où va-t-on ? Tout à mon travail, je ne pense plus à rappeler Martine Grebier et, vers onze heures, c’est un appel de Livron qui me remet dans l’ambiance. Il me demande s’il peut passer chez moi le soir même, il a un peu de nouveau mais ne tient pas à parler trop longtemps car il est à la brigade. Après avoir raccroché, je recherche le numéro de Martine Grebier et je la rappelle.
-          Madame Grebier ?
-          Oooh ! Serait-ce le responsable des Maisons de Fortunio ? Il me semblerait que j’ai appelé ce numéro hier soir. Alors, si c’est bien le cas, je vous signale que vous avez un employé qui se promène bien loin de chez vous, le soir, avec le véhicule de l’entreprise…
-          Allons, chère Madame, vous savez bien que c’est moi, Albert…
-          Oh ! Quelle heureuse surprise, monsieur Ellefor en personne ! Mais alors, c’est vous le pédégé des « Maisons de Fortunio » ?
-          Mais oui, soi-même. Vous vouliez me parler, disiez-vous ?
-          Oui, comment allez-vous depuis hier soir ? Et votre ami, dans la voiture, il n’a pas eu trop faim ? Il avait mangé, peut-être ? Vous ne vous demandez pas comment j’ai eu votre numéro de portable ?
-          Vous avez vu ma fourgonnette, je suppose.
-          Monsieur Ellefor, sachez que dans Verneuil tout se sait, tout se voit et tout se dit. Ma voisine a repéré cette fourgonnette, cela lui a paru louche, elle a tout noté, elle a vu qu’il y avait quelqu’un qui attendait dans la voiture et, dès qu’elle vous a vu partir, elle m’a appelée au téléphone.
-          Moi qui pensais passer incognito, c’est donc raté ! Ah, ça fonctionne toujours bien, la blanche, dans les campagnes !
-          Ah mais son fils est gendarme à Angoulême, je suis sûre qu’elle lui a téléphoné pour lui dire de se renseigner…
-          Eh bien voilà ! Bon, à propos de gendarme, votre chien, il n’est toujours pas revenu ?
-          Non. Et pourquoi à propos de gendarme ?
-          Il a peut-être été volé, ce chien, vous devriez peut-être aller à la gendarmerie, dis-je perfidement.
-          Non et non ! D’abord ce n’est pas officiellement mon chien et d’ensuite s’il a envie de faire sa vie ailleurs, je n’y vois aucun inconvénient. Et si je la retrouve, je vous la donne puisque vous me proposiez de la faire porter. Comme ça vous aurez toute la portée pour vous. J’ai vos coordonnées maintenant…
-          Et pourquoi non ? Tenez-moi au courant.
-          J’espère bien vous voir ce vendredi à Bergerac…
-          Avec plaisir mais je suis sûr que vous serez très occupée, un vernissage avec les officiels et le toutim…
-          Vous n’êtes pas obligé de venir seul : ne laissez pas votre copain dans la voiture cette fois-ci !
-          C’est bien ce que je lui ai proposé hier soir mais il ne sera pas libre ce vendredi et il vous prie, bien sûr, de lui pardonner son absence…
-          Allons, à vendredi donc et si j’ai des nouvelles, je vous appelle. Ciao !
-          A vendredi.

*
(à suivre...)

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