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jeudi 1 janvier 2015

Le cabot de Fortunio (26)

-          Oui, bien sûr. Mais vous pensez que c’est lui qui a récupéré le chien ?
-          Ça m’étonnerait, je ne vois pas ce qu’il en ferait. Il n’est pas encore vingt-et-une heures, vous pourriez appeler chez lui.
-          De votre appareil ?
-          Mais oui, sa femme ne connaît certainement pas mon numéro et si c’est lui, ça lui fera les pieds, il va se poser des questions.
-          Laissez-moi finir mon assiette, votre tartiflette est excellente !
-          Oui, vous aurez droit au dessert après avoir appelé !
-          Ah ben, c’est fromage et dessert, ici, dis-je en torchant proprement mon assiette.
-          Son nom de famille, c’est Robico, Alain Robico, vous n’aurez qu’à le demander et si c’est lui, raccrochez. Comme cela, au moins, je saurai qu’il est chez lui.
Elle prend son appareil, fait un numéro et me passe le combiné après avoir mis le haut-parleur.
-          Je suis bien chez Monsieur Robico ? demandé-je à une voix de femme.
-          Madame Robico à l’appareil. Je vous écoute.
-          Bonjour Madame, je m’appelle Albert Ellefor et je voudrais parler à Monsieur Robico.
-          Mon mari est absent. Voulez-vous laisser un message ?
-          Non, quand pourrais-je le rappeler ?
-          Laissez-moi vos coordonnées, il vous rappellera : pouvez-vous me redire votre nom ?
-          Merci bien mais je préfère rappeler. Bonsoir Madame.
Et je raccroche un peu cavalièrement, sans autre forme de procès, trouvant que j’en ai déjà bien assez dit, sinon trop.
-          Allons, vous avez mérité votre dessert Monsieur Ellefor ! Des poires au sirop, cela vous dit ?
-          Je crois qu’il faut que je m’en aille, excusez-moi.
-          Te te te, j’ai deux questions à vous poser, le temps de prendre le dessert, pas question de se défiler, dit-elle en mettant deux coupelles et un plat sur la table. Servez-vous !
Je me sers rapidement en pensant à Livron qui croupit avec Flèche dans la bagnole.
-          Alors, première question : cela vous étonne-t-il si je vous dis que votre histoire de chien me paraît totalement foireuse ?
-          Oui, cela m’étonne, réponds-je sur un ton ostensiblement hypocrite. Deuxième question ?
-          Vous faites quoi dans la vie quand vous ne faites pas des réponses foireuses ?
-          Je suis… plombier, réponds-je sur un ton manifestement sincère.
-          Un plombier ! Cela ne m’étonne pas : quand on en a besoin, on n’en trouve pas et quand on n’en a pas besoin il en tombe comme s’il en pleuvait. Bien, je n’ai pas d’évier bouché ni de robinet qui fuit et vous avez fini à ce que je vois. Voulez-vous un café ?
-          Non merci, cette fois-ci, il faut que je m’en aille.
-          Soyez tranquille, j’ai d’autres questions en tête mais je comprends que vous souhaitez garder votre part de mystère, Monsieur Ellefor… Disons que je vous garderai un chien de ma chienne, si cela se peut… C’est drôle, d’ailleurs, il y a quelqu’un qui est venu l’autre jour, il cherchait Alain. Cela m’a pris au dépourvu, je n’ai pas compris pourquoi ce gars venait le chercher ici. Il m’a demandé de but en blanc : « est-ce qu’Alain Robico est là ? » et moi, j’ai répondu non, bien sûr. Le gars a à peine insisté, il m’a juste demandé de dire qu’il était passé et qu’il voulait qu’il le contacte.
-          Et il a dit comment il s’appelle ?

-          Juste : « de la part d’Adso ». C’est tout ce qu’il a dit et puis il est parti sans même dire au revoir ni rien…
(à suivre...)

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