-
Oui, bien sûr. Mais vous pensez que c’est lui
qui a récupéré le chien ?
-
Ça m’étonnerait, je ne vois pas ce qu’il en
ferait. Il n’est pas encore vingt-et-une heures, vous pourriez appeler chez lui.
-
De votre appareil ?
-
Mais oui, sa femme ne connaît certainement pas
mon numéro et si c’est lui, ça lui fera les pieds, il va se poser des questions.
-
Laissez-moi finir mon assiette, votre
tartiflette est excellente !
-
Oui, vous aurez droit au dessert après avoir appelé !
-
Ah ben, c’est fromage et dessert, ici, dis-je en
torchant proprement mon assiette.
-
Son nom de famille, c’est Robico, Alain Robico,
vous n’aurez qu’à le demander et si c’est lui, raccrochez. Comme cela, au
moins, je saurai qu’il est chez lui.
Elle prend son appareil, fait un numéro et me passe le combiné après avoir
mis le haut-parleur.
-
Je suis bien chez Monsieur Robico ?
demandé-je à une voix de femme.
-
Madame Robico à l’appareil. Je vous écoute.
-
Bonjour Madame, je m’appelle Albert Ellefor et
je voudrais parler à Monsieur Robico.
-
Mon mari est absent. Voulez-vous laisser un
message ?
-
Non, quand pourrais-je le rappeler ?
-
Laissez-moi vos coordonnées, il vous rappellera :
pouvez-vous me redire votre nom ?
-
Merci bien mais je préfère rappeler. Bonsoir
Madame.
Et je raccroche un peu cavalièrement, sans autre forme de procès, trouvant
que j’en ai déjà bien assez dit, sinon trop.
-
Allons, vous avez mérité votre dessert Monsieur Ellefor ! Des poires au
sirop, cela vous dit ?
-
Je crois qu’il faut que je m’en aille,
excusez-moi.
-
Te te te, j’ai deux questions à vous poser, le
temps de prendre le dessert, pas question de se défiler, dit-elle en mettant
deux coupelles et un plat sur la table. Servez-vous !
Je me sers rapidement en pensant à Livron qui croupit avec Flèche dans la
bagnole.
-
Alors, première question : cela vous
étonne-t-il si je vous dis que votre histoire de chien me paraît totalement
foireuse ?
-
Oui, cela m’étonne, réponds-je sur un ton
ostensiblement hypocrite. Deuxième question ?
-
Vous faites quoi dans la vie quand vous ne
faites pas des réponses foireuses ?
-
Je suis… plombier, réponds-je sur un ton manifestement
sincère.
-
Un plombier ! Cela ne m’étonne pas :
quand on en a besoin, on n’en trouve pas et quand on n’en a pas besoin il en
tombe comme s’il en pleuvait. Bien, je n’ai pas d’évier bouché ni de robinet
qui fuit et vous avez fini à ce que je vois. Voulez-vous un café ?
-
Non merci, cette fois-ci, il faut que je m’en
aille.
-
Soyez tranquille, j’ai d’autres questions en
tête mais je comprends que vous souhaitez garder votre part de mystère, Monsieur Ellefor… Disons que je vous
garderai un chien de ma chienne, si cela se peut… C’est drôle, d’ailleurs, il y
a quelqu’un qui est venu l’autre jour, il cherchait Alain. Cela m’a pris au
dépourvu, je n’ai pas compris pourquoi ce gars venait le chercher ici. Il m’a
demandé de but en blanc : « est-ce qu’Alain Robico est
là ? » et moi, j’ai répondu non, bien sûr. Le gars a à peine insisté,
il m’a juste demandé de dire qu’il était passé et qu’il voulait qu’il le
contacte.
-
Et il a dit comment il s’appelle ?
-
Juste : « de la part d’Adso ».
C’est tout ce qu’il a dit et puis il est parti sans même dire au revoir ni
rien…
(à suivre...)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire