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dimanche 26 avril 2015

Chronique du temps exigu (153)



« Si c’est pour mal voter, alors vous pouvez rester chez-vous ! » Ainsi parlait Sara Toussetra, inépuisable commentatrice de l’actualité et aphoriste sans scrupule.
Et en effet, lorsqu’on entend nombre de commentateurs médiatiques, qu’ils soient des milieux autorisés ou non, on comprend que le choix est simple : il faut voter, certes, mais bien voter.
Qu’est-ce donc que bien voter ? Prenons un exemple : le référendum sur le traité constitutionnel européen. Le Président de la République, à l’époque, avait souhaité prendre officiellement l’avis des électeurs en posant une question à laquelle on ne pouvait répondre que par oui ou par non. Un choix était donc possible. Possible, dirions-nous, mais non souhaitable de l’avis des commentateurs compétents et autorisés pour qui le oui se devait d’aller de soi. Cela n’est-il pas surprenant d’avoir le choix entre une bonne et une mauvaise réponse ?[1]
Il ne manque pas de sociologues ou de philosophes pour nous faire comprendre les ressorts du vote extrémiste, ce faisant, ils semblent chercher à excuser les pauvres idiots qui votent mal, non pas de leur faute, mais simplement parce que c’est la faute à la société (concept si vague qu’il en devient gyrovague). Pour citer Bernard Stiegler : «Les gens qui perdent le sentiment d’exister votent Front national ». Allons bon, s’ils perdent ce sentiment, qu’ils se pincent, voyons ! Et je crois bien qu’ils n’en demandent pas tant, ces gens-là car, comme bien d’autres, ils votent de-ci et de-là, plus facilement encore qu’ils achèteraient un paquet de lessive.
La sottise transcende les partis politiques et, réciproquement, les partis transcendent la stupidité, la preuve : bientôt les idiots demanderont la parité idiots / non idiots dans les élections sans avoir pensé un seul instant que ce sont eux les plus nombreux. Quand on voit le nombre de sots dans la vie civile, on est amené à s’étonner de n’en pas voir plus dans la vie politique. Le consommateur abruti et aliéné amène à établir une tyrannie démagogique dont le plus grand nombre se satisfait : ils consomment de la politique comme des hamburgers puis ils s’étonnent de l’odeur répugnante de leurs effluents.
On voit par-là que le scepticisme n’est pas de mise là où il n’est pas possible de douter.


[1] Il faut tout de même signaler que les commentateurs compétents et autorisés proposaient rarement de lire le traité soi-même puisqu'il fallait, à l’époque, des heures de téléchargement pour accéder au document qui, en Lisbonne simplifié, fait encore près de 400 pages. Du reste, moult experts ne l’avaient pas lu non plus, ce qui ne les empêchait pas d’en parler…

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