« Si
c’est pour mal voter, alors vous pouvez rester chez-vous ! » Ainsi
parlait Sara Toussetra, inépuisable commentatrice de l’actualité et aphoriste
sans scrupule.
Et en effet,
lorsqu’on entend nombre de commentateurs médiatiques, qu’ils soient des milieux autorisés ou non, on
comprend que le choix est simple : il faut voter, certes, mais bien voter.
Qu’est-ce
donc que bien voter ? Prenons un exemple : le référendum sur le
traité constitutionnel européen. Le Président de la République, à l’époque,
avait souhaité prendre officiellement l’avis des électeurs en posant une
question à laquelle on ne pouvait répondre que par oui ou par non. Un choix
était donc possible. Possible, dirions-nous, mais non souhaitable de l’avis des
commentateurs compétents et autorisés pour qui le oui se devait d’aller de soi.
Cela n’est-il pas surprenant d’avoir le choix entre une bonne et une mauvaise
réponse ?[1]
Il ne manque
pas de sociologues ou de philosophes pour nous faire comprendre les ressorts du
vote extrémiste, ce faisant, ils semblent chercher à excuser les pauvres idiots
qui votent mal, non pas de leur faute, mais simplement parce que c’est la faute
à la société (concept si vague qu’il en devient gyrovague). Pour citer Bernard
Stiegler : «Les gens qui perdent le sentiment d’exister votent Front
national ». Allons bon, s’ils perdent ce sentiment, qu’ils se pincent,
voyons ! Et je crois bien qu’ils n’en demandent pas tant, ces gens-là car,
comme bien d’autres, ils votent de-ci et de-là, plus facilement encore qu’ils
achèteraient un paquet de lessive.
La sottise
transcende les partis politiques et, réciproquement, les partis transcendent la
stupidité, la preuve : bientôt les idiots demanderont la parité
idiots / non idiots dans les élections sans avoir pensé un seul instant
que ce sont eux les plus nombreux. Quand on voit le nombre de sots dans la vie
civile, on est amené à s’étonner de n’en pas voir plus dans la vie politique.
Le consommateur abruti et aliéné amène à établir une tyrannie démagogique dont
le plus grand nombre se satisfait : ils consomment de la politique comme
des hamburgers puis ils s’étonnent de l’odeur répugnante de leurs effluents.
On voit
par-là que le scepticisme n’est pas de mise là où il n’est pas possible de
douter.
[1] Il
faut tout de même signaler que les commentateurs compétents et autorisés
proposaient rarement de lire le traité soi-même puisqu'il fallait, à l’époque,
des heures de téléchargement pour accéder au document qui, en Lisbonne simplifié, fait encore près de
400 pages. Du reste, moult experts ne l’avaient pas lu non plus, ce qui ne les
empêchait pas d’en parler…
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