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jeudi 23 avril 2015

Le cabot de Fortunio (42)

-          Je sais, c’est un peu plus fort que moi et puis je ne suis pas seul sur le coup : t’es là, toi !
-          Non, mais je veux dire, si tu dégottes un petit trafic de bagnoles c’est pas ce qui va te faire passer capitaine de gendarmerie…
-          Tu as raison mais si je pouvais mettre ça dans la vue à Padhovak, mon chef, ça me plairait assez. Faut pas croire mais ce con, il me fait chier. Je demande depuis un bout de temps à monter en grade et il ne s’y oppose pas mais si je change de brigade. Comme je veux rester à Marmande, il bloque mon avancement. Et il est certain que si je fais un peu parler de moi, il devra faire quelque chose.
-          Arriviste quand même, le Livron, dis-je avec sarcasme.
-          Boff, appelle-ça comme tu veux, j’en ai rien à braire. Bon, allez on approche, je vais essayer de trouver le petit bois. Ah, voilà la petite route goudronnée certainement, voilà le panneau Bordevielle. Je continue, ça fait un sacré tour pour contourner le bois.
-          Essaye de ne pas nous faire marcher sur des kilomètres, tant que possible…
-          Je ne garantis rien mais ça devrait aller.
Nous arrivons passons en effet à côté d’un petit bois et, après au moins 500 mètres, il y a un chemin qui y pénètre. Raymond ralentit et entre dans le bois. Après cinquante mètres de cahots, nous trouvons une clairière. Il gare la voiture.
-          Terminus, on descend ! C’est parfait, la voiture n’est pas visible de la route. Tins, voilà une petite lampe de poche mais il faut essayer de ne pas trop s’en servir et surtout d’éclairer le plus possible vers le bas.
-          Bien chef, j’ai glissé, chef !
-          Déconne pas ! Allez, on y va.
Nous continuons le chemin à travers bois et, après quelques minutes, s’amorce une descente au moment de sortir du couvert. Nous avons une vue étonnante sur la ferme, assez loin encore en contrebas. De gros flocons de brumes montent de la vallée sans arriver à cacher totalement les bâtiments, à savoir une grosse maison, une grange et plusieurs petits hangars recouverts de tôle ondulée. Du matériel agricole, des tas de boules de foin et des véhicules de toutes sortes sont éparpillés tout autour de cet ensemble. Un léger rayon de lune sur le brouillard donne un aspect fantomatique aux lieux. Le hululement d’une chouette perce le silence. Nous arrivons près d’un petit hangar rempli d’un bric-à-brac incroyable : des ferrailles, des tonneaux et des planches de toutes sortes. Un peu plus loin un autre hangar nous réserve une surprise qui nous glace. Dans le rai de lumière de la lampe, il y a des cages métalliques et, dans ces cages, des chiens. Des chiens qui nous regardent, l’air hébété. Pas un seul qui aboie, pas un seul qui s’agite. A peine l’un ou l’autre qui remue légèrement la queue. Le regard est triste. Il y en a de toutes les couleurs, de toutes les tailles, des oreilles pointues, des qui tombent, des mâles, des femelles. Et tout cela dans une odeur âcre de crotte et d’urine. Torpeur, tristesse, ordure, nous sommes ébahis.
-          Eteins ta lampe, me souffle Raymond, il se passe quelque chose, faut se barrer.
Nous remontons le chemin. En effet nous entendons un bruit de moteur sans pouvoir identifier d’où il vient. Arrivés plus haut, nous nous mettons derrière un fourgon délabré pour observer.
(à suivre...) 

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