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jeudi 9 avril 2015

Le cabot de Fortunio (40)

Comme c’est samedi, c’est la matinée du chien et on part au club de Courtlieu. C’est fou comme ce clebs est doué, bien plus que moi certainement. Il apprend à toute vitesse. Par contre, j’ai un peu de mal avec les commentaires à son sujet : « Oh ! Un snotimbère ! Oh, et il est lofé, tu fais des concours avec ? » J’ai bien tenté de répondre malicieusement qu’il avait la queue trop longue pour un concours mais il y en a toujours l’un ou l’autre qui remet ça sur le tapis. Patience, me soufflé-je in petto.
A midi, c’est mon Livron qui me bigophone pour bien vérifier que je pense toujours à notre opération du petit matin, il viendra chez moi et on partira avec son véhicule. Je confirme brièvement puis, contrairement à mon habitude, je me mets à réfléchir.
Et plus je réfléchis, moins je vois les choses clairement. Donc, je prends une décision : préparer mon éventuel départ. Primo, envisager l’organisation de mes chantiers pour une durée non déterminée. Secundo, battre le rappel de mes caldés et de mes chaussettes, brosse à dents et chose et autre. Tertio, voir où en est mon passeport, depuis que je ne m’en suis servi. Et, comme de bien entendu, je commence par le tertio. Il me faut bien un quart d’heure pour le dénicher et il est encore en période de validité. De ce côté-là, c’est donc ok. Ensuite je me prépare un petit sac de voyage puis j’attrape le téléphone et j’appelle Charles, l’homme précieux qui m’a bien des fois déjà remplacé au pied levé. Je lui dis l’essentiel de ce qu’il y a à dire, on devrait quand même se voir lundi matin. Mon premier plan d’action étant dans les clous, je prends un atlas pour un peu situer le pays où je risque d’aller traîner mes guêtres. Ça me donne bien une vague idée mais assez vague. Comme il n’est pas trop tard, je vais faire un tour en ville, dans une librairie, et j’ai le bol de trouver non seulement une carte du Gondo mais aussi un guide style routard pas trop mal ficelé. Puis, après avoir flâné dans les rues, je décide de me payer un restau et pourquoi pas aller à Lamothe, à « La queue de poêle » chez Emma. Elle n’a pas son pareil pour préparer la caille au chou et, il y a quelques années, je lui ai appris que la caille est un petit gibier délicieux dont le nom se prête aimablement à bon nombre de contrepèteries. Emma est une jeune femme charmante mais désespérément fidèle à son mari. Elle m’a bien promis que si un jour elle décidait de le tromper, je serais le premier sur la liste d’attente mais je la soupçonne de dire la même chose aux autres couillons de mon acabit. Toujours est-il que la cuisine est bonne et ils ont un petit vin rouge de Cocumont qui accompagne judicieusement les plats.
 Après un excellent repas, je reviens à la case maison et me couche aussitôt.
*
C’est Livron qui me réveille en tournant dans la cour un quart d’heure avant l’heure fixée. Il est bien impatient ce gus. Je me lève donc et enfourne à la va-vite un petit déjeuner tristement accompagné d’une réchaufiote de café et je monte dans la Clio grise de Livron.
-          Parfait, cette couleur de bagnole, pour passer inaperçu, dis-je pour entamer une conversation.
-          En effet, opine-t-il. Ça va toi ?
-          Ah, Livron, il faut que je te raconte un truc… Excuse-moi de t’appeler Livron, Raymond.

-          Pas de problème. De quoi s’agit-il ?
(à suivre...)

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