Lectrices et lecteurs, bonjour. Cette chronique s’intitulera de Serres et
d’ailleurs - Serres avec un S majuscule - car je suis un ressortissant du
Pays de Serres. Mais aussi d’ailleurs car ceux qui iront voir ailleurs si j’y
suis auront quelques chances de m’y trouver.
Le Pays de Serres est une belle région de
collines qui résultent de la fragmentation d’un plateau par des vallées
parallèles. Il faisait partie de la Guyenne et s’étend sur deux départements,
le Lot-et-Garonne et le Tarn-et-Garonne. Pour ma part, je suis sur le
territoire de la Communauté de Communes Porte d’Aquitaine en Pays de Serres,
qui regroupe une quinzaine de communes dont les principales sont Puymirol et
Beauville.
Communauté
de Communes Porte d’Aquitaine en Pays de Serres, Voilà un nom bien ronflant
dont on peut penser qu’il a été concocté par des officiels soit en manque
d’imagination ou au contraire en excès d’inventivité. Et, pour notre plus grand
malheur, ces officiels croient bon de nous infliger le navrant acronyme PAPS
qui bruisse comme une bouse s’étalant au sol. Mais peut-on leur en vouloir, à
ces officiels ? Ils ne font que suivre une mode ambiante qui est
d’amalgamer des noms puis de contracter le tout en un sigle disgracieux dont
bientôt nul ne saura d’où il provient. Et la mode est aussi à créer des portes
fictives où l’on passerait pour entrer et sortir, ça ou là : Porte
d’Aquitaine, de Corrèze, d’Alsace, des Landes… disons que même si on ne voit
pas la porte, on peut croire avoir vu passer des gonds !
Alors
faisons un effort pour donner des idées neuves. Prenons par exemple nos noms de
départements : le plus souvent ils ont été créés en leur attribuant le nom
des fleuves et rivières qui les arrosent. Le territoire de la Communauté de
Communes ne manque pas de rivières aux noms sympathiques : la grande et la
petite Séoune, la Gandaille, l’Escorneboeuf. « Séoune et Escorneboeuf », cela ne
sonnerait-il pas républicain ?
Il
y a aussi d’autres possibilités comme, encore par exemple, les noms de
personnages célèbres ayant marqué le territoire dans les siècles passés. Parmi
personnages célèbres de ce terroir, il y a Saint Maurin qui vécut au VIème
siècle, fut décapité à Lectoure et porta sa tête jusqu’à la source de la future
abbaye de Saint-Maurin où il fut inhumé. Il s’agit tout de même d’un record car
peu de saints martyrs ont parcouru une telle distance en portant leur tête sous
le bras. Pensez donc : il y a une cinquantaine de kilomètres de Lectoure à
Saint-Maurin ! Ce prodige lui valut le titre de céphalophore, ainsi que le
fut Saint Denis. La Communauté de Communes du Céphalophore, c’est tout de même
plus fort que du Roquefort ! Je crains toutefois de voir à nos trousses la
cohorte des laïcisants, indignés par cette référence religieuse. Je propose
alors un autre nom qui me paraît particulièrement intéressant, à savoir celui
de Guillaume Léonard de Bellecombe dont la carrière militaire le mena du Québec
à l’ile Bourbon en passant par La Martinique. En 1780, il fut même nommé
maréchal de camp. Ce vaillant militaire, qui avait étudié à Puymirol, était né
à Bellecombe, d’où son patronyme. Une Communauté de Communes de Bellecombe,
voilà enfin un nom qui claque comme une banderole au vent car ses
habitantes seraient les Bellecombaises : voilà-t-il pas un gentilé bien
charmant ? Hélas, j’entends déjà les esprits chafouins maugréer sur le
fait que ce militaire était un colonialiste et un serviteur de la monarchie.
D’autres ronchonner que Bellecombe est située sur la commune de Perville, en
dehors du territoire communautaire… Certes, mais alors il me vient une idée tout
à fait appropriée : le pays de Serres, ne se caractérise pas que par ses
rivières, ses coteaux et ses célébrités et, quand il y a une serre ou un
coteau, automatiquement il y a une vallée entre deux collines. Et cette vallée on
l’appelle une combe : je propose donc que l’on donne le nom de communauté
de communes des belles combes. Qui
dit mieux ? Nous gardons ainsi nos Bellecombaises, laïques et
républicaines.
Je
conclurai en citant la fable de Jean de La Fontaine « Le meunier, son fils et
l’âne » : « Parbleu, dit le meunier, est bien fou du
cerveau / Qui prétend contenter tout le monde et son père. »».
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