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jeudi 3 septembre 2015

Le cabot de Fortunio (61)

Je retourne à ma voiture et fais sortir Flèche. Je dois la mettre à la laisse, ce chien n’a pas l’habitude de la ville. Nous partons donc vers le Luxembourg. Nous nous y promenons tranquillement, je comprends bien qu’il y a une réglementation canine mais je m’égare un peu, toutes ces statues me fascinent dans ce décor onirique et je finis par arriver sous la statue de Jeanne d’Albret, ce qui me plonge dans un abîme de réflexion, je pense à cette femme volontaire et intelligente (enfin, il paraît…), je pense à son fils, Henri IV, monté comme moi[1] à Paris…
Mordiou, brabès gascouns, m’écrié-je, il ne sera pas dit que les salopards qui lui ont fait cela s’en tireront sans coup férir. Ils vont entendre parler de Fortunio, coquididiou !
Une vieille dame vient gentiment me signaler que ce ‘est pas un endroit autorisé pour mon chien… Ah, Madame, pardonnez-moi, je m’en vais de ce pas… Elle me regarde gentiment. Elle doit croire que je suis un peu allumé et elle a bien raison. D’un pas martial, je me dirige vers le Boulevard où je tombe face à François.
-          Oh ! Fortunio, ça va ? Tu parles tout seul maintenant ?
-          C’est rien, c’est rien, je parlais avec Jeanne d’Albret…
-          Tu ne me ferais pas une petite hypoglycémie, toi ? Allez, viens, on va trouver un endroit où tu pourras entrer avec ton chien. Tu sais qu’il a une bonne tête ce clébard ? Il me plaît bien. Ça fait longtemps que tu l’as ?
-          Ne m’en parle pas, allons manger, je te raconterai, ça va me détendre.
Nous trouvons un restau où nous nous installons en terrasse. Nous commandons des rognons sauce madère (il paraît que c’est le jour) avec un Juliénas de derrière les fagots et une gamelle de flotte pour la Flèche. Une fois prêts à attaquer, je raconte l’histoire fléchesque, manière de détendre l’atmosphère, la mienne en tout cas.
-          Il t’en arrive des choses à toi, mon pote, on dirait que tu ne peux pas mettre le pied dehors sans que tout se mette à remuer autour de toi ! déclare François.
-          T’as pas tort. Mais en même temps, j’ai l’impression que je porte la poisse…
-          Excuse-moi de te parler ainsi mais je t’interdis de dire ça ! Tu sais très bien que ce n’est pas vrai mais ça porte la poisse de le dire.
-          Une fois de plus, t’as pas tort. Bon, mais c’est pas tout ça, sers-moi un verre de pif que je te pose des questions.
-          Un Juliénas 2009, du pif ! Eh ben mon cochon ! déclare-t-il en remplissant mon verre.
Je commence à le cuisiner sur le déroulement des opérations, depuis le jour où il a appris l’enlèvement d’Eliane jusqu’à aujourd’hui. Les appels téléphoniques, comment il a été contacté, par qui, les relations avec le ministère, la fondation CL, l’arrivée d’Eliane à Paris et le toutim. De mon côté, je n’ai plus grand-chose à lui apprendre, Gheusy lui a déjà fait un rapport détaillé. C’est ce dernier qui a réglé le retour rapide de Wassabé, il a très vite saisi les limites des chirurgiens locaux.
Pour ce qui est de la demande de rançon, il y a eu un premier contact par téléphone. Mais pas fous, les gars, ils avaient appelé d’un appareil non identifiable. Ils ont simplement dit que François serait recontacté, il fallait qu’il attende et qu’il ne parle pas de ce contact avec les autorités, faute de quoi…Ensuite, il y a eu deux autres appels, toujours avec des appareils différents, dont l’un en présence de Gheusy et l’autre où ils ont laissé parler Eliane. Puis l’arrivée inopinée du fameux avocat genre libanais.
(à suivre...)




[1] Et comme un étalon.

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