Je retourne
à ma voiture et fais sortir Flèche. Je dois la mettre à la laisse, ce chien n’a
pas l’habitude de la ville. Nous partons donc vers le Luxembourg. Nous nous y
promenons tranquillement, je comprends bien qu’il y a une réglementation canine
mais je m’égare un peu, toutes ces statues me fascinent dans ce décor onirique
et je finis par arriver sous la statue de Jeanne d’Albret, ce qui me plonge
dans un abîme de réflexion, je pense à cette femme volontaire et intelligente
(enfin, il paraît…), je pense à son fils, Henri IV, monté comme moi[1]
à Paris…
Mordiou,
brabès gascouns, m’écrié-je, il ne sera pas dit que les salopards qui lui ont
fait cela s’en tireront sans coup férir. Ils vont entendre parler de Fortunio,
coquididiou !
Une
vieille dame vient gentiment me signaler que ce ‘est pas un endroit autorisé
pour mon chien… Ah, Madame, pardonnez-moi, je m’en vais de ce pas… Elle me
regarde gentiment. Elle doit croire que je suis un peu allumé et elle a bien
raison. D’un pas martial, je me dirige vers le Boulevard où je tombe face à
François.
-
Oh !
Fortunio, ça va ? Tu parles tout seul maintenant ?
-
C’est
rien, c’est rien, je parlais avec Jeanne d’Albret…
-
Tu
ne me ferais pas une petite hypoglycémie, toi ? Allez, viens, on va
trouver un endroit où tu pourras entrer avec ton chien. Tu sais qu’il a une
bonne tête ce clébard ? Il me plaît bien. Ça fait longtemps que tu
l’as ?
-
Ne
m’en parle pas, allons manger, je te raconterai, ça va me détendre.
Nous
trouvons un restau où nous nous installons en terrasse. Nous commandons des
rognons sauce madère (il paraît que c’est le jour) avec un Juliénas de derrière
les fagots et une gamelle de flotte pour la Flèche. Une fois prêts à attaquer,
je raconte l’histoire fléchesque, manière de détendre l’atmosphère, la mienne
en tout cas.
-
Il
t’en arrive des choses à toi, mon pote, on dirait que tu ne peux pas mettre le
pied dehors sans que tout se mette à remuer autour de toi ! déclare
François.
-
T’as
pas tort. Mais en même temps, j’ai l’impression que je porte la poisse…
-
Excuse-moi
de te parler ainsi mais je t’interdis de dire ça ! Tu sais très bien que
ce n’est pas vrai mais ça porte la poisse de le dire.
-
Une
fois de plus, t’as pas tort. Bon, mais c’est pas tout ça, sers-moi un verre de
pif que je te pose des questions.
-
Un
Juliénas 2009, du pif ! Eh ben mon cochon ! déclare-t-il en
remplissant mon verre.
Je
commence à le cuisiner sur le déroulement des opérations, depuis le jour où il
a appris l’enlèvement d’Eliane jusqu’à aujourd’hui. Les appels téléphoniques,
comment il a été contacté, par qui, les relations avec le ministère, la
fondation CL, l’arrivée d’Eliane à Paris et le toutim. De mon côté, je n’ai
plus grand-chose à lui apprendre, Gheusy lui a déjà fait un rapport détaillé.
C’est ce dernier qui a réglé le retour rapide de Wassabé, il a très vite saisi
les limites des chirurgiens locaux.
Pour
ce qui est de la demande de rançon, il y a eu un premier contact par téléphone.
Mais pas fous, les gars, ils avaient appelé d’un appareil non identifiable. Ils
ont simplement dit que François serait recontacté, il fallait qu’il attende et
qu’il ne parle pas de ce contact avec les autorités, faute de quoi…Ensuite, il
y a eu deux autres appels, toujours avec des appareils différents, dont l’un en
présence de Gheusy et l’autre où ils ont laissé parler Eliane. Puis l’arrivée
inopinée du fameux avocat genre libanais.
(à suivre...)
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