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dimanche 6 septembre 2015

Chronique du temps exigu (12b)

On n’arrête pas le progrès en marche. Pas plus que l’on n’arrête sa course. Il est évident que le progrès va, court et vole de son propre zèle.
Le niveau monte et des scientifiques de toutes farines et de toutes obédiences publient de manière régulière d’étonnantes découvertes. Jusqu’où ira-t-on, peut-on se demander à juste titre ? Mais jusqu’où n’ira-t-on pas aussi ? Qu’est-ce qui fait que ce progrès tant vanté, lancé comme une locomotive, n’entraîne pas à sa suite tous les wagons de l’esprit humain ? Car il faut le dire : si de plus en plus de grands esprits paraissent briller au firmament de la science et de la technique, ces derniers semblent laisser sur le bord de la route tant et plus de pauvres cervelles démunies et ignorantes de l’expansion du progrès…et c’est ici que je dois arrêter mon élan.
En effet, je comptais livrer une chronique sur la médiocrité, qu’elle soit intellectuelle ou non. J’avais écrit plusieurs lignes et en me relisant, je constate que la médiocrité est contagieuse. Je relis ces quelques lignes (supprimées depuis) et suis frappé par la médiocrité de mon texte. Ne peut-on fustiger la médiocrité que médiocrement, avec des phrases et des pensées banales et mesquines ? La médiocrité se défend-elle en contaminant celui qui voudrait la fuir ?
La médiocrité intellectuelle est-elle inéluctable ? On peut le craindre, il n’y a pas de places pour tous dans les fourgons du progrès. Et on en arriverait même à penser que le progrès, en tirant la médiocrité vers le haut la rend ainsi encore plus minable (tel qui pensait devenir un haut personnage le matin en se rasant se montre bien trivial en nous barbant le soir) et l’on peut voir que des découvertes géniales peuvent se transmuter en applications insignifiantes dans les mains d’individus sans qualités.

On voit par là qu’il faut taire ce dont on ne peut parler.

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