On
n’arrête pas le progrès en marche. Pas plus que l’on n’arrête sa course. Il est
évident que le progrès va, court et vole de son propre zèle.
Le niveau
monte et des scientifiques de toutes farines et de toutes obédiences publient
de manière régulière d’étonnantes découvertes. Jusqu’où ira-t-on, peut-on se
demander à juste titre ? Mais jusqu’où n’ira-t-on pas aussi ?
Qu’est-ce qui fait que ce progrès tant vanté, lancé comme une locomotive,
n’entraîne pas à sa suite tous les wagons de l’esprit humain ? Car il faut
le dire : si de plus en plus de grands esprits paraissent briller au
firmament de la science et de la technique, ces derniers semblent laisser sur
le bord de la route tant et plus de pauvres cervelles démunies et ignorantes de
l’expansion du progrès…et c’est ici que je dois arrêter mon élan.
En effet,
je comptais livrer une chronique sur la médiocrité, qu’elle soit intellectuelle
ou non. J’avais écrit plusieurs lignes et en me relisant, je constate que la
médiocrité est contagieuse. Je relis ces quelques lignes (supprimées depuis) et
suis frappé par la médiocrité de mon texte. Ne peut-on fustiger la médiocrité
que médiocrement, avec des phrases et des pensées banales et mesquines ?
La médiocrité se défend-elle en contaminant celui qui voudrait la fuir ?
La
médiocrité intellectuelle est-elle inéluctable ? On peut le craindre, il
n’y a pas de places pour tous dans les fourgons du progrès. Et on en arriverait
même à penser que le progrès, en tirant la médiocrité vers le haut la rend
ainsi encore plus minable (tel qui pensait devenir un haut personnage le matin
en se rasant se montre bien trivial en nous barbant le soir) et l’on peut voir
que des découvertes géniales peuvent se transmuter en applications
insignifiantes dans les mains d’individus sans qualités.
On voit
par là qu’il faut taire ce dont on ne peut parler.
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