-
Celui-là,
j’ai fait quelques recherches, tout de même, il habite en région toulousaine
mais il est avocat au barreau de Paris, ajoute François, c’est le seul lien
« physique » avec les ravisseurs. C’est un nommé Benledek, j’ai son
adresse perso et son adresse professionnelle. Théoriquement, la Sécurité
Intérieure enquête mais j’ai comme l’impression qu’ils sont un peu mous. De
toute façon, ils m’ont interrogé mais ils ne me tiennent au courant de rien. Je
n’ai de contact qu’avec le Quai, pas vraiment avec eux.
-
Le
Quai ?
-
D’Orsay,
c’est eux qui s’occupent de tout pour Eliane, son hospitalisation etc. Donc,
comme tu vois, pas bézef à se mettre sous la dent… et puis, ma principale préoccupation,
c’est Eliane…
-
Je
comprends mais moi je suis pas chirurgien alors je vais me permettre de
fouiner. Première chose : tu vas me les donner ces coordonnées, à ce
Benledek…
-
Tu
peux fouiner si tu veux mais vas-y mou, je ne veux pas mettre en cause la
fondation… En fait, comment te dire… j’ai pas parlé de lui aux enquêteurs, j’ai
dit que j’avais seulement eu des contacts par téléphone. De toute façon, je
n’ai vu ce Benledek qu’une fois, il s’est pointé sans crier gare. Avec lui, on
n’a négocié que pour le montant de la rançon, les ravisseurs ont retéléphoné
après pour les instructions, ils ont rappelé encore trois fois et jamais les
enquêteurs n’ont pu déterminer l’origine des appels. A Benledek, je lui ai
donné ma parole de…
-
Ta
parole de qui, de quoi ? A un gars qui accepte de faire l’intermédiaire
dans cette affaire ? m’écrié-je.
-
Je
suis de la vieille école, je sais, pour moi une parole, c’est une parole. Je
vends des bagnoles, je sais, je sais, mais tous ceux qui travaillent avec moi
le savent, je n’ai qu’une parole. Ça doit être mon côté pied noir… Bon,
quoiqu’il en soit ce mec a débarqué, je ne le connaissais pas, on est allés
dans mon bureau. Il est resté un bout de temps et quand il est reparti, un bon
client à moi poireautait depuis un quart d’heure. Il a vu sortir cet avocat et
il m’a demandé si c’était un client à moi. J’ai répondu que non et que je ne
l’avais jamais vu auparavant. Mon client, lui, le connaissait mais il l’a
laissé passer sans rien dire et pour cause : ce gars est avocat spécialisé
dans les affaires matrimoniales, divorces, garde des enfants, partage des
biens, tu vois quoi ! Mais il fait surtout dans la clientèle aisée, il a
son cabinet à Paris. La fille de mon client l’avait contacté pour son divorce,
précisément. Elle ne voulait pas y aller seule et s’est donc fait accompagner
par son père. La tête et les manières de l’avocat ne leur plaisaient pas plus
que ça. Le père, qui a des relations, a appris que cet avocat avait échappé
plusieurs fois de justesse à des poursuites judiciaires pour détournement de
mineure. Sa fille a changé de conseil mais le père n’a pas oublié la bouille du
gars. Je lui ai demandé de me refiler son adresse à Paris, ça l’a un peu étonné
mais il me l’a donnée et il a ajouté qu’il habitait en fait dans la région.
J’ai cherché et découvert qu’il a une baraque du côté de Muret. Je vais te la
donner son adresse Mais je te le redis, vas-y mou, il ne faudrait pas mouiller
la fondation…
-
T’inquiète,
je sais faire dans la dentelle quand y faut. Alors cette adresse ?
Il
sort un petit carnet et griffonne deux adresses, une ici à Paris et l’autre du
côté de Muret, région toulousaine… pas si loin que ça de Sarignac, pour ceux
qui connaissent. Voilà qui me donne une idée mais je me la garde pour moi,
François n’a pas besoin de savoir.
(à suivre...)
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