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dimanche 22 novembre 2015

Chroniques de Serres et d’ailleurs. (10)

Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Les grands patrons français ont, paraît-il, le blues. C’est l’Institut de l’Entreprise qui le dit et si c’est l’Institut de l’Entreprise qui le dit, cela ne peut qu’être vrai car c‘est un institut fondé par, pour et avec les grands patrons, présidé par le PDG de Vinci. Les grands patrons sont tristes : ils ont le beurre, l’argent du beurre mais pas le sourire de la crémière. Le délégué général de cet institut met en garde l’opinion et les pouvoirs publics car la cote d’alerte serait atteinte dans la fragilisation des grandes entreprises françaises. Le beurre serait donc à deux doigts de fondre. Et la faute à qui ? L’opinion et les pouvoirs publics. Qui donc est l’opinion ? Les grands médias en premier lieu, ces journaux et télévisions qui sont en grande partie des affidés… du grand capital. De plus, bien des grands patrons paradent dans ces grands médias quand ils le désirent et ils ne voudraient pas y apparaitre lorsque cela leur disconvient. La preuve en est qu’ils se plaignent des médias… dans les médias. Le serpent patronal se mordrait-il la queue ? Les big-bosses à la française voudraient-ils être les meilleurs, les plus beaux, les plus riches et aussi qu’on les aimât ? Etre des Rodrigue des écrans plats pour lesquels les téléspectateurs auraient les yeux de Chimène ? Et côté pouvoirs publics, de qui s’agit-il ? Des élus dont certains sont cul et chemise avec les riches, les magnats et les grossiums, qui plus que la tentation de Venise et de ses gondoles ont la volupté de Genève et de ses coffres ? Ou de chafouins fonctionnaires, confortablement installés dans leurs bureaux en contreplaqué, toujours prêts à jalouser ceux qui ont réussi ? Car, d’après nos grands patrons, les courriers de l’administration sont « comminatoires et menaçants… ». Qui de nous n’a jamais rêvé de recevoir une douce lettre où le percepteur solliciterait gentiment notre bienveillance, demandant respectueusement si nous aurions l’amabilité, dans les délais qui nous conviennent, de verser une obole du montant qui nous serait agréable ? Faut pas rêver et rappelons que les grandes entreprises ne sont pas les dernières à jouer le bras-de-fer avec l’administration en faisant du chantage à l’emploi. Il semble même que certains inspecteurs du travail et des contrôleurs de de la sécu préfèrent tomber sur le râble des petits entrepreneurs afin de protéger leur plan de carrière. De plus, la sécu, les Assedic et autres organismes sont gérés entre autres… par le patronat ! Autre grief avancé par ces oligarques en mal de reconnaissance médiatique : les politiques, droite et gauche confondues, « font preuve d’une méconnaissance abyssale de l’entreprise ». Etonnant, non ? Les politiques font, certes, preuve de cette ignorance mais qu’est-ce qui nous prouve que certains grands patrons ont une vraie une connaissance de l’entreprise ? Ils ont bien souvent une solide connaissance des moyens de s’enrichir, de partir avec des retraites super-chapeau  et des faire faire des super profits à leurs commanditaires mais qu’ils vendent des crayons, des boulons ou du vent, ils ne savent parfois plus guère ce qu’ils vendent ou produisent. Du moment que le fric rentre, les intérêts sur le fric et les intérêts sur les intérêts…

Bien sûr, ce n’est pas toujours rigolo de devoir prêter son yacht à Sarko, on n’est pas certain qu’il laissera les toilettes propres après son départ mais on peut espérer qu’il renverra l’ascenseur. Evidemment, inutile de prêter son scooter à Hollande, il vaut mieux s’adresser à son premier ministre prêt à danser la valse du diable avec le patronat. De quoi se plaignent-ils encore, ces grands patrons ? De l’Euro fort mais s’il était faible, ils s’en plaindraient aussi. De l’absence de croissance mais la croissance, ça ne se décrète pas. Du coût du travail, ça ce n’est pas bête car si le travail était gratuit, la croissance se casserait la gueule… De la rareté des capitaux trop mobilisés par le Livret A et l’assurance-vie en obligations d’Etat qui monopolisent l’épargne des citoyens qui n’ont plus confiance dans la Bourse car elle est manipulée au profit… au profit de qui ? Au profit de ceux qui boursicotent, combinent et traficotent par-delà les frontières.
On voit par-là qu’il n’y a pas que chez les riches qu’il y a de la misère.

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