-
Tu vas pas partir comme ça tout seul derrière ces tueurs. Note, je
comprends et si je pouvais, je viendrais avec toi. Mais, dis-donc, si Eliane
t’en a parlé, elle a bien dû te dire qu’elle avait toujours le browning de son
père ?
-
Oui, mais c’est une autre histoire et depuis elle ne l’a plus.
-
C’est toi qui l’as ?
-
Non. Ecoute, Tonin, je te raconterai tout cela un jour, je te le
promets. Cela dit, tu dis oui ou tu dis non ? J’ai besoin de savoir. De
toute façon, je trouverai une arme, c’est certain !
-
Bon, on va dire que c’est pour la bonne cause. Mais fais attention à
toi, fils. Comment tu vas faire, tout seul ?
-
Tonin, je ne sais pas encore mais je vais trouver. Et surtout, ne dis
rien à personne, pas même à François : c’est pas que j’ai pas confiance en
lui mais il ne faut pas le mouiller dans cette affaire. D’accord ?
-
Tu as raison et si j’avais quarante ans de moins, je ferais comme toi.
Il y a le browning et des munitions, le tout est en principe en bon état. C’est
bien planqué, tu vas voir, on y va, tu m’aideras.
Nous montons dans le grenier. Une maigre ampoule nous permet à peine d’y
voir dans le capharnaüm qui y règne mais Tonin s’est équipé d’une bonne torche.
Il se dirige vers un ancien conduit de cheminée en brique pleines. Une d’entre
elles est descellée, il la sort mais on ne voit rien. Il passe le bras à
l’intérieur et ramène le bout d’un fil nylon. Il tire, il en vient une dizaine
de mètres puis il sort un paquet.
-
Tu comprends, le paquet venait juste un peu au-dessus de la cheminée de
la buanderie. En cas de nécessité, il suffisait d’arracher le cache pour le
récupérer sans aller au grenier. Système rapido…
Nous redescendons du grenier et il défait le paquet dans la chambre
d’Eliane. Il y a bien un browning et un nombre respectable de cartouches. Le
flingue paraît impeccable. Tonin me met le tout dans une discrète petite
sacoche puis il part se coucher. J’en fais autant.
Cela me fait une impression étrange de dormir dans ce lit, dans cette
chambre. Ne serait un léger relent de cigarette, on se croirait dans une
chambre d’enfant. Ce qui a certainement été le cas, cette chambre était la
chambre d’Eliane lorsque, petite, elle venait chez son oncle et sa tante. Et
puis, c’est resté sa chambre. Je me demande si François a aussi une chambre
comme cela ici.
Je m’endors très vite malgré toutes les pensées qui m’assaillent. A cinq
heures, Tonin frappe à la porte et je me lève. Je casse une croûte rapidos avec
lui puis je me casse en direction de Marmande. C’est beau une ville la nuit,
paraît-il, et c’est surtout grisant de circuler sans difficulté en voyant
émerger les premiers travailleurs du jour.
J’arrive chez moi à sept heures et demie. Flèche me fait une fête comme
si j’avais été absent une semaine. Le temps de préparer quelques affaires et je
repars, cette fois c’est en direction d’Arcueil. A midi, je fais l’erreur de
manger le plat du jour dans un restaurant autoroutier, une andouillette au goût
de bran avec des frites décongelées trop cuites et en dessert un vague truc
gélatineux aromatisé et édulcoré. Je
reprends la route avec l’estomac au bord des lèvres.
(à suivre...)
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