Lectrices et lecteurs,
bonjour. « Le travail, c’est la santé, rien faire c’est la
conserver » disait la chanson. Nous voilà bien avancés avec un tel adage.
En effet, maintenant on nous parle de médecine du travail, de bien-être au
travail, de maladies professionnelles et de bien d’autres choses concernant le boulot.
Auparavant, on travaillait, on était malade et on mourait sans se poser plus de
questions mais de nos jours tout ce qui nous arrive doit avoir une cause
identifiée, une pathologie certifiée et des responsabilités qualifiées. Sinon,
que deviendraient les administratifs et les fonctionnaires chargés d’identifier,
de certifier et de qualifier ? Et que deviendraient les chercheurs chargés
de chercher, de fouiner et de fureter ? Car un chercheur, nous aurons
l’occasion d’en reparler, se doit de chercher et sa recherche ne peut s’arrêter
après une simple trouvaille : seule la retraite peut permettre aux
chercheurs d’arrêter leur prospection, ces derniers étant majoritairement
salariés et de préférence dans la fonction publique même si de temps à autre ils
émargent à quelques autres râteliers.
Une
des plus récentes découvertes de la recherche sur le travail est que ce dernier
est pénible, il fallait bien quelques intellectuels et bureaucrates pour nous
le faire savoir ; et non seulement il est pénible mais on peut quantifier
la pénibilité… enfin, disons que certains pensent qu’ils peuvent y arriver. Une
autre découverte étonnante est que le travail peut brûler celui qui s’y adonne
sans modération. Cette trouvaille nous vient des pays anglo-saxons puisque cela
a été nommé burnout, ce qui, en
langage simple, veut dire complètement cramé. C’est ainsi qu’est appelé le
syndrome d’épuisement professionnel qui se caractérise par « un sentiment de fatigue intense, de perte de contrôle et d’incapacité à aboutir à
des résultats concrets au travail ». Il ne faut pas le confondre avec
l’expression faire suer le burnous
qui, quoique symptomatiquement proche, est néanmoins d’ordre vestimentaire. Ce
qui, de plus, est particulièrement nouveau c’est qu’on en vient à parler de burnout dans la fonction publique :
cela prouve le côté non négligeable de cette affection. Mais si l’on en parle,
ce n’est pas pour autant qu’elle est reconnue par les instances compétentes.
C’est bien pour cela que, dernièrement, deux fonctionnaires de police ont créé l'évènement en manifestant ouvertement en faveur de la reconnaissance de cette
affection au rang des maladies professionnelles : ils se sont présentés
devant le monument aux morts de la Ferté-Sous-Jouarre devant lequel ils ont
baissé leur pantalon, découvrant ainsi autant ce que Guillaume Apollinaire
appelait leur vit réglementaire que ce que je nommerai leurs gonades de
fonction. En un mot l’on peut dire qu’ils ont fait leur burnes-out de même que
d’autres font leur coming-out. Le
plus regrettable est qu’ils aient été dénoncés par un habitant de la localité,
placés en garde à vue et condamnés à une amende de mille euros chacun car le parquet avait décidé de les
poursuivre pour exhibition sexuelle,
pointant du doigt un comportement portant atteinte au respect dû aux morts et à la dignité de leur fonction.
Quand le parquet pointe ainsi les choses du doigt, on peut craindre le pire
comme le meilleur. Mais les gens de robe ne sont guère enclins à baisser le
froc…
Bien sûr, on
peut se demander où l’on irait si nos plus de cinq millions de fonctionnaires
de France se mettaient à exhiber leurs parties intimes, leur cul et leurs
bonnes manières devant les monuments aux morts de nos villes et villages, aux
guichets des administrations et à l’entrée de nos musées. Cela nous égaierait
certes quelque temps mais n’assurerait pas le retour de la croissance.
On voit
par-là qu’on pourrait voir des muses dans nos vergers.
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