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jeudi 5 novembre 2015

Le cabot de Fortunio (70)

Je prends mon portable et j’appelle le numéro donné par l’avocat en prenant soin de masquer l’appel. On décroche.
-          Qui c’est ? dit une voix.
-          Alouari ? T’es à Moretun ?
-          On en sort… mais qui t’es, toi ?
-          Papy Mougeot, réponds-je en raccrochant.
Le gars s’est fait baiser, j’ai eu du bol et j’explique le truc à Esther et Léon. Nous redémarrons tranquillement et revenons à Clermont. En chemin, Léon aimerait bien savoir quelles sont mes intentions.
-          Ecoute-moi bien : je compte retrouver les gars qui ont enlevé Eliane et qui lui ont tiré dessus. Je ne réponds de rien car si je les retrouve, il y a peu de chances pour que la police se bouge vraiment. Et en admettant que si, il va falloir des preuves, des preuves en béton car avec le fric, ils peuvent se payer les meilleurs avocats. Et puis, les faits se sont déroulés au Gondo et rien ne dit que le Gondo a lancé une enquête, et cetera et cetera… Donc, je pars en guerre tout seul ou presque… je vais devoir aller à Paris, certes, mais rien ne dit que je ne devrai pas retourner au Gondo, il y avait certainement des complices sur place. Enfin, voilà…
-          Oui, oui, répond Léon, ce qui veut dire que tu te lances dans une chasse à l’homme, enfin un ou plusieurs. Quand tu les auras retrouvés, tu fais quoi ?
-          Je sais, ce qui est con c’est que je sais pas, bien sûr. C’est pourquoi mon plan c’est d’abord retrouver le cerveau de l’affaire. Enfin, cerveau, si je peux dire !
-          Tu le retrouves et tu fais quoi ? insiste Léon.
-          Le mec, je le crève…
-          Tu commences à me faire peur, Fortunio, tu vas pas le crever à mains nues, tout de même. Et t’es pas le genre de mec à flinguer un homme, tout de même !
-          Je n’étais pas…, réponds-je doucement, le regard dans le vague.
Esther, au volant, vient de me jeter un œil dubitatif, interrogateur. Je lui souris, hypocritement. En fait, je sais bien sûr pas ce que je vais faire mais je comprends que la collaboration avec Léon et Esther n’ira pas plus loin. Je ne peux pas les mouiller plus que ça dans cette histoire, et je ne le veux pas, surtout. Je me tourne vers Léon, à l’arrière de la Laguna :
-          Tu as raison, je ne sais pas ce que je vais faire. Je vais revoir mon copain flic, Livron. Lui pourra me conseiller…

-          Il te conseillera surtout de ne pas faire de conneries. Ces mecs, c’est pas le genre à aller voir les mains dans les poches. Si tu veux vraiment les coincer, le mieux c’est de rassembler un max d’éléments sur eux et de les refiler aux flics. Tu peux me croire, c’est moi qui te le dis et moi, je suis pas du genre à aller chercher la volaille…
(à suivre...)

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