Je prends mon portable et j’appelle le numéro donné par l’avocat en
prenant soin de masquer l’appel. On décroche.
-
Qui c’est ? dit une voix.
-
Alouari ? T’es à Moretun ?
-
On en sort… mais qui t’es, toi ?
-
Papy Mougeot, réponds-je en raccrochant.
Le gars s’est fait baiser, j’ai eu du bol et j’explique le truc à Esther
et Léon. Nous redémarrons tranquillement et revenons à Clermont. En chemin,
Léon aimerait bien savoir quelles sont mes intentions.
-
Ecoute-moi bien : je compte retrouver les gars qui ont enlevé
Eliane et qui lui ont tiré dessus. Je ne réponds de rien car si je les
retrouve, il y a peu de chances pour que la police se bouge vraiment. Et en
admettant que si, il va falloir des preuves, des preuves en béton car avec le
fric, ils peuvent se payer les meilleurs avocats. Et puis, les faits se sont
déroulés au Gondo et rien ne dit que le Gondo a lancé une enquête, et cetera et
cetera… Donc, je pars en guerre tout seul ou presque… je vais devoir aller à
Paris, certes, mais rien ne dit que je ne devrai pas retourner au Gondo, il y
avait certainement des complices sur place. Enfin, voilà…
-
Oui, oui, répond Léon, ce qui veut dire que tu te lances dans une chasse
à l’homme, enfin un ou plusieurs. Quand tu les auras retrouvés, tu fais
quoi ?
-
Je sais, ce qui est con c’est que je sais pas, bien sûr. C’est pourquoi
mon plan c’est d’abord retrouver le cerveau de l’affaire. Enfin, cerveau, si je
peux dire !
-
Tu le retrouves et tu fais quoi ? insiste Léon.
-
Le mec, je le crève…
-
Tu commences à me faire peur, Fortunio, tu vas pas le crever à mains
nues, tout de même. Et t’es pas le genre de mec à flinguer un homme, tout de
même !
-
Je n’étais pas…, réponds-je doucement, le regard dans le vague.
Esther, au volant, vient de me jeter un œil dubitatif, interrogateur. Je
lui souris, hypocritement. En fait, je sais bien sûr pas ce que je vais faire
mais je comprends que la collaboration avec Léon et Esther n’ira pas plus loin.
Je ne peux pas les mouiller plus que ça dans cette histoire, et je ne le veux
pas, surtout. Je me tourne vers Léon, à l’arrière de la Laguna :
-
Tu as raison, je ne sais pas ce que je vais faire. Je vais revoir mon
copain flic, Livron. Lui pourra me conseiller…
-
Il te conseillera surtout de ne pas faire de conneries. Ces mecs, c’est
pas le genre à aller voir les mains dans les poches. Si tu veux vraiment les
coincer, le mieux c’est de rassembler un max d’éléments sur eux et de les
refiler aux flics. Tu peux me croire, c’est moi qui te le dis et moi, je suis
pas du genre à aller chercher la volaille…
(à suivre...)
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