Le gouvernement, dans sa grande
sagesse, a décidé d’imposer un vide sanitaire aux éleveurs d’oies et de canards
en vue d’éradiquer le fléau de la grippe aviaire. Les éleveurs seront donc
tenus de respecter un délai de plusieurs semaines pendant lequel ils devront ne
pas avoir de ces gallinacés sur leur exploitation. Je ne vais pas me lancer
dans un débat technique à ce sujet. C’est seulement du bien-fondé d’une telle
mesure que je voudrais vous entretenir.
En effet, le meilleur moyen d’entretenir des
locaux, maison ou bâtiments en tous genres, est bien de faire le vide pendant
un certain temps pour aérer, nettoyer et désinfecter. Rien de tel qu’un bon
nettoyage de printemps pour dépoussiérer et purifier des lieux trop longtemps
occupés. Rien de tel qu’un bon coup de balai pour se défaire des relents et des
miasmes, rien de tel que le vide pour chasser les idées noires, les virus et
les bactéries néfastes..
Alors je fais une proposition à ces messieurs qui
nous gouvernent : je propose un grand vide sanitaire dans la basse-cour
politique à savoir six mois sans gouvernement, sans Conseils régionaux, Départementaux
et municipaux, sans Conseils de communautés de communes, sans conseils d’administration
des divers syndicats qu’ils soient mixtes, à vocation unique ou multiple, des
eaux, d’électrification, de transport scolaire et patin couffin. Mais un vrai
vide, plus un seul élu et plus un seul délégué. La Belgique a bien survécu à
194 jours puis 541 jours sans gouvernement et c’est tout de même plus que ce
que je propose puisque six mois, cela ferait tout au plus 184 jours. Si les
belges en ont été capables, nous autres français - qui ne nous prenons tout de
même pas pour n’importe qui - sommes capables de faire mieux, peut-être pas dans
la durée mais dans l’intensité. Bien sûr, si l’expérience est concluante, on
pourra aller plus loin et proposer une année entière sinon plus. Et même – pourquoi
pas – la suppression de tout ou partie de nos élus. Voilà une réforme qu’elle
serait belle ! Et imaginons les économies réalisées !
Toutefois, gardons les pieds sur terre. Il ne
faut pas oublier que nos élus, même dans l’inactivité, sont capables d’une
production intellectuelle considérable, sinon en qualité, toutefois en
quantité. Sans compter toute la salive inutilisée, les coups de ciseaux dans
les rubans inaugurationnels et les effets de menton devenus sans objet. Donc, pendant
ce vide, il faudra leur trouver une occupation qui leur évite de faire pire que
s’ils ne faisaient absolument rien. Souvenons-nous de Coluche qui disait :
« j’arrêterai de faire de la politique quand les hommes politiques
arrêteront de nous faire rire ». Certes, contraint et forcé, il a arrêté
de faire de la politique mais les hommes politiques, eux, ont gardé tout leur
potentiel comique. Ce filon est donc à exploiter et on pourrait créer des parcs
d’attraction dont les animateurs, pendant ces six mois, seraient nos politiciens.
Nous ne manquons pas dans notre personnel d’élus de mickeys, de fées carabosse,
de petits nains, de Babar, de zouaves, de gugusses et de guignols. Le monde
entier se précipiterait avec une telle affiche et nos politiciens, de l’élu de
base au président, se trouveraient enfin dans leur élément. On peut même
espérer que certains demanderaient à rempiler, on en trouverait même un certain
nombre pour demander à cumuler les emplois rigolos ainsi qu’ils cumulaient les
mandats. Seule ombre au tableau : il s’agirait évidemment d’un travail non
rémunéré puisque pendant leurs six mois de mandat bon nombre d’entre eux,
toutes indemnités confondues, touchent suffisamment d’argent pour faire vivre
six allocataires du RSA, quatre smicards et une troupe d’une cinquantaine de
décroissants.
On voit par-là qu’en France, on n’a pas de
pétrole mais on a des élus.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire