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dimanche 7 février 2016

Chroniques de Serres et d’ailleurs. (20)



Le gouvernement, dans sa grande sagesse, a décidé d’imposer un vide sanitaire aux éleveurs d’oies et de canards en vue d’éradiquer le fléau de la grippe aviaire. Les éleveurs seront donc tenus de respecter un délai de plusieurs semaines pendant lequel ils devront ne pas avoir de ces gallinacés sur leur exploitation. Je ne vais pas me lancer dans un débat technique à ce sujet. C’est seulement du bien-fondé d’une telle mesure que je voudrais vous entretenir.
En effet, le meilleur moyen d’entretenir des locaux, maison ou bâtiments en tous genres, est bien de faire le vide pendant un certain temps pour aérer, nettoyer et désinfecter. Rien de tel qu’un bon nettoyage de printemps pour dépoussiérer et purifier des lieux trop longtemps occupés. Rien de tel qu’un bon coup de balai pour se défaire des relents et des miasmes, rien de tel que le vide pour chasser les idées noires, les virus et les bactéries néfastes..
Alors je fais une proposition à ces messieurs qui nous gouvernent : je propose un grand vide sanitaire dans la basse-cour politique à savoir six mois sans gouvernement, sans Conseils régionaux, Départementaux et municipaux, sans Conseils de communautés de communes, sans conseils d’administration des divers syndicats qu’ils soient mixtes, à vocation unique ou multiple, des eaux, d’électrification, de transport scolaire et patin couffin. Mais un vrai vide, plus un seul élu et plus un seul délégué. La Belgique a bien survécu à 194 jours puis 541 jours sans gouvernement et c’est tout de même plus que ce que je propose puisque six mois, cela ferait tout au plus 184 jours. Si les belges en ont été capables, nous autres français - qui ne nous prenons tout de même pas pour n’importe qui - sommes capables de faire mieux, peut-être pas dans la durée mais dans l’intensité. Bien sûr, si l’expérience est concluante, on pourra aller plus loin et proposer une année entière sinon plus. Et même – pourquoi pas – la suppression de tout ou partie de nos élus. Voilà une réforme qu’elle serait belle ! Et imaginons les économies réalisées !
Toutefois, gardons les pieds sur terre. Il ne faut pas oublier que nos élus, même dans l’inactivité, sont capables d’une production intellectuelle considérable, sinon en qualité, toutefois en quantité. Sans compter toute la salive inutilisée, les coups de ciseaux dans les rubans inaugurationnels et les effets de menton devenus sans objet. Donc, pendant ce vide, il faudra leur trouver une occupation qui leur évite de faire pire que s’ils ne faisaient absolument rien. Souvenons-nous de Coluche qui disait : « j’arrêterai de faire de la politique quand les hommes politiques arrêteront de nous faire rire ». Certes, contraint et forcé, il a arrêté de faire de la politique mais les hommes politiques, eux, ont gardé tout leur potentiel comique. Ce filon est donc à exploiter et on pourrait créer des parcs d’attraction dont les animateurs, pendant ces six mois, seraient nos politiciens. Nous ne manquons pas dans notre personnel d’élus de mickeys, de fées carabosse, de petits nains, de Babar, de zouaves, de gugusses et de guignols. Le monde entier se précipiterait avec une telle affiche et nos politiciens, de l’élu de base au président, se trouveraient enfin dans leur élément. On peut même espérer que certains demanderaient à rempiler, on en trouverait même un certain nombre pour demander à cumuler les emplois rigolos ainsi qu’ils cumulaient les mandats. Seule ombre au tableau : il s’agirait évidemment d’un travail non rémunéré puisque pendant leurs six mois de mandat bon nombre d’entre eux, toutes indemnités confondues, touchent suffisamment d’argent pour faire vivre six allocataires du RSA, quatre smicards et une troupe d’une cinquantaine de décroissants.
On voit par-là qu’en France, on n’a pas de pétrole mais on a des élus.

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