Elle a raccroché et nous nous regardons bêtement.
-
Tu es sûr d’avoir besoin de moi
pour lui déboucher l’évier ? demande René.
-
T’es annoncé, tu viens avec moi,
réponds-je en me levant.
Je monte dans ma chambre et je prends ma solide petite valise. J’en sors
le strict nécessaire, j’y mets les flingues et les munitions, je la ferme à clé
et je redescends avec. Moins d’une demi-heure plus tard, nous sommes devant la
porte de l’appartement d’Estelle. Je sonne et c’est une jeune femme avenante en
tenue de ménagère qui nous ouvre.
-
Bonjour, je viens voir Madame
Guyaume, elle nous attend…
-
C’est moi, bêta, répond-elle. Je
sais, je suis affreuse, je ne suis pas maquillée mais tout de même, c’est moi.
Allons, les mecs, au boulot !
On entend jouer du violon dans l’appartement,
René demande :
-
Vous écoutez de la musique ?
-
Non, c’est mon mari, il est
soliste, je vous expliquerai Allez voir mon évier, j’ai appelé au moins vingt
plombiers aujourd’hui, pas moyen d’en avoir un seul et puis d’un coup, il en
arrive un comme la cavalerie.
-
Avez-vous une ventouse ?
demandé-je.
-
De un, il me semble qu’on se
tutoyait et de deux, un ouvrier sans ses outils c’est comme un soldat qui part
à la guerre sans son fusil…
-
Certes, chère Madame, mais au cas
où vous l’ignoreriez, je travaille bite et couteau.
-
Voilà l’évier, dit-elle en entrant
dans la cuisine, oui et en effet, j’ai une ventouse, Monsieur le bitécoutelier.
Au boulot !
Je me mets en devoir de ventouser l’évacuation
pendant que René, avec sa paume, bouche le trop plein. Evidemment, l’évier est
plein d’eau grasse et puante et il ne veut rien comprendre. Je réclame deux
seaux et je regarde le siphon sous l’évier. Par chance, c’est un de ces siphons
en plastique, une camelote mais facile à dévisser. Je dégage tout le bordel qui
encombre le petit placard, je glisse un seau sous le siphon et je le dévisse.
Evidemment, de l’eau gicle dans tous les sens mais l’évier se vide. Après cette
intervention, le devant de l’évier est quelque peu inondé mais le résultat est
là : le siphon était obstrué par un tas de saloperies qui sont maintenant
dans les seaux. Je charge René d’aller les vider dans la cuvette du WC puis je
revisse la bonde. On teste en faisant couler une bonne quantité d’eau, tout
s’écoule normalement. Estelle me saute au cou et m’envoie un baiser fougueux.
-
Et moi, dans tout ça, je compte
pour que dalle ? demande René.
-
Ah, pardon, vous avez raison,
dit-elle en lui claquant deux bises. Vous boirez bien un petit whisky écossais
pour vous remonter. Venez-vous asseoir au salon, j’arrive avec des glaçons.
(à suivre...)
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