Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour.
Notre pays regorge de penseurs profonds et imaginatifs. A ce propos, un
Député-Président-Maire (et autres fonctions) vient de proposer un nouveau et
étonnant concept : le bénévolat obligatoire pour les allocataires du
Revenu Social d’Activité (RSA). D’aucuns
pourraient penser qu’il s’agit d’un oxymoron car le principe même du bénévolat
est bien le libre choix de s’y adonner, ceci sans rémunération mais ce serait
faire injure à ce politicien d’envisager que cet oxymore s’inscrive dans
l’utilisation qu’en fait le fascisme libéral tel que décrit par le
sous-commandant Marcos. On pourrait plutôt le voir comme une injonction
paradoxale telle que la décrit Watzlawick, à savoir le type d’injonction qui
rend le sujet schizophrène.
Bien sûr, quand on parle du sujet, il ne s’agit
pas du Député-Président-Maire (et autres fonctions) car cette addition de
mandats ne mène pas à la schizophrénie mais seulement à ce que l’on nomme
cumul. Bien sûr, ce cumul permet non seulement d’occuper plusieurs fonctions
mais aussi d’additionner les revenus qui leurs sont liés, il ne faut pas croire
que le bénévolat soit fait pour ces gens-là. Ou alors, quand ils travaillent
gratuitement, c’est pour investir sur l’avenir afin de se raccrocher à quelque
autre manne ultérieure. Et c’est fort heureux car ce personnage semble en effet
ne pas souffrir de malnutrition, il a déjà franchi le cap du rubicond et toute
perte de poids pourrait lui être fatale.
Revenons à ce bénévolat obligatoire : c’est
une trouvaille merveilleuse et il serait admirable de l’appliquer à tous nos
élus prébendés pour voir ce qu’ils sont capables de faire pour l’amour du
travail. Gageons que ce ne sont pas eux qui feront monter le nombre de chômeurs
en volant le travail aux smicards. Quant aux bénéficiaires du RSA, on pourrait
en effet leur proposer de remplir les occupations de certains fonctionnaires, parmi
ceux qui ont inventé le degré zéro de la prestation physique et intellectuelle.
Cela leur permettrait de se reposer enfin de toutes les démarches qu’on leur a
fait endurer pour devenir allocataires. Le seul inconvénient serait de leur
faire constater de visu que, pour
d’aucuns, tout salaire ne mérite pas forcément travail.
Comme bon nombre d’élus, notre bien-portant
Député-Président-Maire (et autres fonctions) n’a certainement pas utilisé cette
expression au hasard, il a tout de même
été enseignant dans la fonction publique (comme bon nombre d’élus, disais-je…)
et je n’aurai pas l’audace d’imaginer qu’un personnage aussi compétent et à un
– pardon des – postes aussi élevés puisse parler pour ne rien dire ou se
tromper dans l’utilisation de la langue française. Quoique, me direz-vous…
Pour en revenir à ce bénévolat, pourquoi ne pas
envoyer en missionnaires nos élus, ceux qui cumulent le plus de fonctions, pour
aller montrer par l’exemple, à savoir comment cumuler les bénévolats rémunérés.
Ainsi, il suffirait à chaque allocataire de cumuler cinq bénévolats de sept
heures pour arriver aux trente-cinq heures d’un salarié normal… qui sait,
certains demanderont peut-être des heures supplémentaires de bénévolat. Bien
sûr, il faudra trouver de l’argent pour rémunérer tout cela mais les élus
arrivent toujours à gratter des fonds de tiroir quand il s’agit de leurs propres
indemnités sur lesquelles l’Etat cotise en plus pour une retraite, alors en
faisant un petit effort.
On verra par-là qu’il est facile de bénévoler de
son propre zèle.
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