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dimanche 6 mars 2016

Chroniques de Serres et d’ailleurs. (24)



Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Notre pays regorge de penseurs profonds et imaginatifs. A ce propos, un Député-Président-Maire (et autres fonctions) vient de proposer un nouveau et étonnant concept : le bénévolat obligatoire pour les allocataires du Revenu Social d’Activité (RSA).  D’aucuns pourraient penser qu’il s’agit d’un oxymoron car le principe même du bénévolat est bien le libre choix de s’y adonner, ceci sans rémunération mais ce serait faire injure à ce politicien d’envisager que cet oxymore s’inscrive dans l’utilisation qu’en fait le fascisme libéral tel que décrit par le sous-commandant Marcos. On pourrait plutôt le voir comme une injonction paradoxale telle que la décrit Watzlawick, à savoir le type d’injonction qui rend le sujet schizophrène.
Bien sûr, quand on parle du sujet, il ne s’agit pas du Député-Président-Maire (et autres fonctions) car cette addition de mandats ne mène pas à la schizophrénie mais seulement à ce que l’on nomme cumul. Bien sûr, ce cumul permet non seulement d’occuper plusieurs fonctions mais aussi d’additionner les revenus qui leurs sont liés, il ne faut pas croire que le bénévolat soit fait pour ces gens-là. Ou alors, quand ils travaillent gratuitement, c’est pour investir sur l’avenir afin de se raccrocher à quelque autre manne ultérieure. Et c’est fort heureux car ce personnage semble en effet ne pas souffrir de malnutrition, il a déjà franchi le cap du rubicond et toute perte de poids pourrait lui être fatale.
Revenons à ce bénévolat obligatoire : c’est une trouvaille merveilleuse et il serait admirable de l’appliquer à tous nos élus prébendés pour voir ce qu’ils sont capables de faire pour l’amour du travail. Gageons que ce ne sont pas eux qui feront monter le nombre de chômeurs en volant le travail aux smicards. Quant aux bénéficiaires du RSA, on pourrait en effet leur proposer de remplir les occupations de certains fonctionnaires, parmi ceux qui ont inventé le degré zéro de la prestation physique et intellectuelle. Cela leur permettrait de se reposer enfin de toutes les démarches qu’on leur a fait endurer pour devenir allocataires. Le seul inconvénient serait de leur faire constater de visu que, pour d’aucuns, tout salaire ne mérite pas forcément travail.
Comme bon nombre d’élus, notre bien-portant Député-Président-Maire (et autres fonctions) n’a certainement pas utilisé cette expression au hasard, il a tout de  même été enseignant dans la fonction publique (comme bon nombre d’élus, disais-je…) et je n’aurai pas l’audace d’imaginer qu’un personnage aussi compétent et à un – pardon des – postes aussi élevés puisse parler pour ne rien dire ou se tromper dans l’utilisation de la langue française. Quoique, me direz-vous…
Pour en revenir à ce bénévolat, pourquoi ne pas envoyer en missionnaires nos élus, ceux qui cumulent le plus de fonctions, pour aller montrer par l’exemple, à savoir comment cumuler les bénévolats rémunérés. Ainsi, il suffirait à chaque allocataire de cumuler cinq bénévolats de sept heures pour arriver aux trente-cinq heures d’un salarié normal… qui sait, certains demanderont peut-être des heures supplémentaires de bénévolat. Bien sûr, il faudra trouver de l’argent pour rémunérer tout cela mais les élus arrivent toujours à gratter des fonds de tiroir quand il s’agit de leurs propres indemnités sur lesquelles l’Etat cotise en plus pour une retraite, alors en faisant un petit effort.
On verra par-là qu’il est facile de bénévoler de son propre zèle.

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