Là, je tilte et vite fait, c’est Paréguy.
J’évite de prononcer son nom :
-
Disons que je connais un connard
en effet, fais-je.
-
Je crois qu’on se comprend.
Comment va la fille ?
-
Couçi couça, dirais-je. Mais si tu
m’appelles, je suppose que c’est pas que pour me demander de ses nouvelles…
-
Non, mais j’aimerais apprendre
qu’elle s’en sort tout de même ! Bref, je t’appelle parce que j’ai
quelques infos : d’une part la police d’ici a localisé l’endroit où
étaient les ravisseurs. Ils avaient une première planque et puis, après le
rapt, ils sont partis près de la frontière dans un petit village. Après avoir
récupéré le fric, ils ont traversé la frontière et ils sont partis vers le
Maroc. Il semblerait qu’un d’eux ait pris une balle, la police locale a trouvé
un macchabée à peine enterré. Bon, j’abrège. Les gondolais ont pris le mors aux
dents en voyant que les autorités françaises ne se bougeaient pas le cul. Il
faut rappeler qu’un gars a été tué au moment du rapt et ils ne tiennent pas à
ce que leur pays devienne le paradis des petits malfrats. Ceci doit rester
entre nous, ils ont envoyé deux barbouzes en France pour localiser les
ravisseurs, ils connaissent maintenant leur identité. Leur chef, c’est un rappeur. Il a fait cela avec quatre acolytes,
une vraie équipe de guignols mais ils ont réussi leur coup… jusqu’à présent. Le
chef s’appelle Latik Edkès, je ne connais pas les noms des autres. Ils seraient
basés sur Arcueil, c’est en région parisienne. Les agents Gondolais ont
retrouvé hier soir deux des acolytes et ils savent que le nommé Edkès va les
rejoindre aujourd’hui ou demain. Il a été repéré avec la valise à Donostia. Il
y a peu de chances pour que ton gouvernement bouge mais il ne mettra pas de
bâtons dans les roues aux Gondolais s’il peut s’en laver les pognes, tu vois ce
que je veux dire… car les gars qu’ils ont envoyés ne sont pas des tendres et
pas le genre à faire dans la dentelle. Pour le gouvernement gondolais, si ces
gars sont impunis, ça va créer un précédent et donner des idées aux uns et aux
autres. Voilà, c’est tout ce que je sais, inutile de faire plus long. Un jour,
qui sait, on se reverra. Ciao Jacques. Juste un truc, si ces agents gondolais
passent à l’action, sors-toi de leurs pattes, ils vont certainement tenter
quelque chose rapidement, si tu reçois un tilt sur ton bigophone, c’est qu’ils
ont le feu vert et que tu dois te mettre à couvert. Ciao.
Il a raccroché. Je rapporte la conversation à
René et nous faisons le point. Nos blacks d’hier soir sont donc des espions
Gondolais. Mais aussi des concurrents. Si ces gonzes nous prennent de vitesse,
je n’aurai même pas le temps de voir la tronche du fameux Latik et quelque
chose me dit que c’est à moi d’avoir le dernier mot dans cette affaire.
-
Ecoute, dis-je, on va foncer à
Arcueil, j’irai voir Eliane plus tard.
-
On ne passe pas prendre l’artillerie ?
demande René.
-
On va là-bas, un de nous deux
reste sur place si nécessaire et l’autre ira récupérer les flingues. Pas
question de se faire damer le pion comme ça…
-
Comme tu voudras. Pour évoluer sur
place, je vais passer un bleu de travail, toi tu promènes le clebs pendant que
je fais un tour sur le chantier d’en face…
Nous repartons à Arcueil. Je gare la voiture
le long du boulevard à bonne distance de l’impasse. René file directement vers
son chantier tandis que je mets Flèche à la laisse. Nous longeons le boulevard d’un
pas de promeneurs désœuvrés. A peine deux minutes plus tard, René revient. Nous
allons un peu plus loin.
(à suivre...)
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