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jeudi 3 mars 2016

Le cabot de Fortunio (87)



Là, je tilte et vite fait, c’est Paréguy. J’évite de prononcer son nom :
-          Disons que je connais un connard en effet, fais-je.
-          Je crois qu’on se comprend. Comment va la fille ?
-          Couçi couça, dirais-je. Mais si tu m’appelles, je suppose que c’est pas que pour me demander de ses nouvelles…
-          Non, mais j’aimerais apprendre qu’elle s’en sort tout de même ! Bref, je t’appelle parce que j’ai quelques infos : d’une part la police d’ici a localisé l’endroit où étaient les ravisseurs. Ils avaient une première planque et puis, après le rapt, ils sont partis près de la frontière dans un petit village. Après avoir récupéré le fric, ils ont traversé la frontière et ils sont partis vers le Maroc. Il semblerait qu’un d’eux ait pris une balle, la police locale a trouvé un macchabée à peine enterré. Bon, j’abrège. Les gondolais ont pris le mors aux dents en voyant que les autorités françaises ne se bougeaient pas le cul. Il faut rappeler qu’un gars a été tué au moment du rapt et ils ne tiennent pas à ce que leur pays devienne le paradis des petits malfrats. Ceci doit rester entre nous, ils ont envoyé deux barbouzes en France pour localiser les ravisseurs, ils connaissent maintenant leur identité. Leur chef, c’est un  rappeur. Il a fait cela avec quatre acolytes, une vraie équipe de guignols mais ils ont réussi leur coup… jusqu’à présent. Le chef s’appelle Latik Edkès, je ne connais pas les noms des autres. Ils seraient basés sur Arcueil, c’est en région parisienne. Les agents Gondolais ont retrouvé hier soir deux des acolytes et ils savent que le nommé Edkès va les rejoindre aujourd’hui ou demain. Il a été repéré avec la valise à Donostia. Il y a peu de chances pour que ton gouvernement bouge mais il ne mettra pas de bâtons dans les roues aux Gondolais s’il peut s’en laver les pognes, tu vois ce que je veux dire… car les gars qu’ils ont envoyés ne sont pas des tendres et pas le genre à faire dans la dentelle. Pour le gouvernement gondolais, si ces gars sont impunis, ça va créer un précédent et donner des idées aux uns et aux autres. Voilà, c’est tout ce que je sais, inutile de faire plus long. Un jour, qui sait, on se reverra. Ciao Jacques. Juste un truc, si ces agents gondolais passent à l’action, sors-toi de leurs pattes, ils vont certainement tenter quelque chose rapidement, si tu reçois un tilt sur ton bigophone, c’est qu’ils ont le feu vert et que tu dois te mettre à couvert. Ciao.
Il a raccroché. Je rapporte la conversation à René et nous faisons le point. Nos blacks d’hier soir sont donc des espions Gondolais. Mais aussi des concurrents. Si ces gonzes nous prennent de vitesse, je n’aurai même pas le temps de voir la tronche du fameux Latik et quelque chose me dit que c’est à moi d’avoir le dernier mot dans cette affaire.
-          Ecoute, dis-je, on va foncer à Arcueil, j’irai voir Eliane plus tard.
-          On ne passe pas prendre l’artillerie ? demande René.
-          On va là-bas, un de nous deux reste sur place si nécessaire et l’autre ira récupérer les flingues. Pas question de se faire damer le pion comme ça…
-          Comme tu voudras. Pour évoluer sur place, je vais passer un bleu de travail, toi tu promènes le clebs pendant que je fais un tour sur le chantier d’en face…
Nous repartons à Arcueil. Je gare la voiture le long du boulevard à bonne distance de l’impasse. René file directement vers son chantier tandis que je mets Flèche à la laisse. Nous longeons le boulevard d’un pas de promeneurs désœuvrés. A peine deux minutes plus tard, René revient. Nous allons un peu plus loin.
(à suivre...)

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