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Soit il est en train de couler une
bielle, soit il nous a repérés et il cherche à voir si on le suit. Je ne pense
pas qu’il ralentisse à cause d’un radar, ça doit pas être son genre, dit-il les
dents serrées.
L’autre reprend sa cadence infernale et René
doit sortir d’un groupe de bagnoles pour ne pas le perdre. A la hauteur de
Ballainvilliers, il accélère encore puis ralentit une nouvelle fois
brutalement, René manque se retrouver à la hauteur de la Golf qui ralentit
encore et, d’un coup, prend une sortie. Il a ralenti mais il roule encore à
plus de cent, cent-vingt peut-être. René s’est fait avoir mais le gonze a de la
ressource. On avait pris de la distance sur les autres voitures et il peut
ralentir fortement. Il nous fait un tête à queue d’anthologie et il a le temps
de remonter jusqu’à la sortie. Juste à temps car les bagnoles nous arrivent
dessus en klaxonnant. On est dans le bon mais j’ai eu le trouillomètre à zéro
et le cœur à deux-cent-cinquante. René est toujours concentré, je ne sais pas
où il a appris à faire ce genre de cascade. On descend vers un centre
commercial, René ralentit subitement, il vient d’apercevoir la Golf dans les pâquerettes,
capot fumant, toit enfoncé et le côté chiffonné grave. Il s’arrête et fonce
vers la bagnole. Le pare-brise est complètement étoilé mais tient bon. René
essaye d’ouvrir les portières, nada. Le temps que j’arrive moi aussi sur place,
il a balancé une pierre dans la fenêtre du passager. Elle éclate en mille
morceaux. Il plonge le bras dans la chignole et en ressort la mallette et un
téléphone portable.
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Le mec est au minimum groggy, on
se taille, on a la mallette, c’est pas rien, dit-il en me chopant par le bras.
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La mallette, je m’en branle,
dis-je en armant le flingue récupéré dans l’impasse. C’est le mec qu’il me
faut…
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Déconne pas, on se barre avant
qu’une autre bagnole arrive, on…
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Je te dis qu’il me le faut, dis-je
en me dégageant et en faisant le tour de la caisse.
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Arrête, connard, t’es pas un
tueur, fais pas cette connerie, crie René.
Je suis de l’autre côté, le Latik est de
l’autre côté de la glace que j’éclate d’un coup de crosse. Il a l’air en effet
dans le coltard, un peu de sang lui coule du nez. Ça me fait, ça me fait je sais pas quoi de tirer sur ce mec qui a l’air
totalement inoffensif mais, sur une poussée d’adrénaline, je pointe le flingue
dans sa direction… Il se passe un truc, c’est comme une voix qui me dit
« Ne le tue pas… », ce n’est pas un ordre, c’est plus que cela… c’est
comme ça et pas autrement me dit cette voix qui me vient de dedans et de
dehors. Je baisse le flingue. Dans un état second, je cours vers René qui me
propulse d’une bourrade dans notre nippone. Il redémarre.
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Tu vas prendre ce portable et
appeler les services d’urgence. Vite, me dit-il.
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Et je dis quoi, réponds-je benêtement.
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Démerde-toi, tu leurs dis qu’il y
a eu un accident sur la bretelle de sortie vers Ballainvilliers, tu fais en
sorte qu’ils aient bien compris mais tu ne restes pas une plombe au bout du
fil…
Je fais comme il a dit, j’appelle le 112.
J’indique le mieux possible le lieu de l’accident et quand on me demande mon
nom et de rester sur place, je raccroche.
(à suivre...)
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