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Je n’ai pas pu monter, les black
barbouzes ont barricadé avec des palettes le premier étage, j’ai voulu aller au
second mais y’en a un qui m’a interpellé en brandissant un insigne, apparemment
de flic et barré de tricolore. Il m’a dit que l’immeuble était sous leur
surveillance et que je devrais savoir qu’il était interdit de monter. Bon, j’ai
pas insisté, le mec avait l’air un peu à cran… Cela dit, il m’a semblé qu’il y
en a un ou deux de plus ! Je suis sûr d’en avoir vu trois en tout cas.
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Merde alors, on va pas rester là à
se les tourner… on va…
Un taxi vient de s’engouffrer dans l’impasse,
René fonce pour voir et je le rejoins doucement. Le tacard s’arrête devant le
18 et un gus dans les tons beur en sort, une mallette au bras… Ma mallette, enfin il me semble la
reconnaître cette mallette ! La porte s’ouvre, le gus entre en vitesse. Le
taxi ressort doucement de l’impasse en marche arrière et, avec à propos, René
lui fait signe pour lui permettre de réintégrer l’avenue. Puis, tout se
bouscule, quatre blacks style armoire à glace, fringués sport, bondissent de
l’immeuble en chantier et foncent vers le 18. Il y en a un qui se tient près de
la porte d’entrée, un autre se met sous la fenêtre du séjour-cuisine, contre la
façade, permettant à un troisième de sauter sur ses épaules et d’entrer par la
fenêtre entrebâillée. Le quatrième le suit, comme au cirque. Une fusillade
éclate, les deux de la rue mitraillent la porte d’entrée et s’engouffrent dans
la maison. Des cris, des rafales, je suis bouche bée au bout de la rue. René
discute avec le taximan. La fenêtre s’ouvre à l’étage au 18 et une valoche est
balancée. Un mec saute par la fenêtre et atterri sur le toit d’une bagnole, il
ressaute sur la rue, ramasse sa valise et fonce vers moi. J’ai compris, c’est
le fameux Latik. Je lâche la laisse et lui barre le passage, bras écarté, comme
un con. L’autre sort un flingue de sa poche gauche et me vise. Je vois la mort
dans ses yeux, ce gars a déjà tiré pour tuer, merde il va tirer. Je suis là,
raide comme une statue, la statue d’un gland, et je vais me faire flinguer. Il
a le doigt sur la gâchette. Pruneau service exprès, cette fois c’est pour moi...
Non. Comme une fusée, comme une flèche, le
chien, mon cabot, le cabot de Fortunio a sauté et il chope le poignet du gonze
dans sa gueule. Ça fait un bruit de ferraille, le gars a lâché son
flingue. Il balance un coup de valoche au clebs et arrive à se dégager. Flèche
reste en grognant à mes côtés. J’entends arriver René qui s’empare du flingue
et me chope par l’épaule.
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On suit, mon gars, on suit. Le mec
monte dans une tire, passe-moi tes clés, on est bon pour la course-poursuite.
Je sors mes clés, René me balance dans la
bagnole avec le flingue. Il fait monter la chienne et saute au volant et
décarre en vitesse. Je reprends mes esprits et je reconnais la Golf verte
d’Alouari et Cie.
-
Il a pris la Golf, je la
reconnais, dis-je.
-
Moi je reconnais rien mais je sais
que c’est lui notre homme, une Jap arrivera bien à suivre une schleuh…, dit
René en brûlant en douceur un feu rouge.
Il y a de la circulation mais René, on peut
lui faire confiance à vélo, en patins à roulettes ou en hélicoptère. Il sait se
démerder. Le nommé Latik ne traîne pas mais ne prend pas de risque excessif. Je
ne peux pas croire qu’il m’ait reconnu. Il a bien dû voir ma bouille, là-bas
dans le désert mais au bout d’une paire de jumelles ou dans le viseur de son
flingue… ça fait pas bézef. On est sur l’avenue Aristide Briand, il fonce
maintenant. Il enfile les avenues et à vue de nez on est sur la 920. René ne
desserre pas les dents, il se tient à distance. On roule comme ça pendant une
petite demi-heure. On passe à la hauteur d’Antony pour aboutir à la N20. Cette
fois, il monte en régime, la Golf semble avoir du souffle. La nippone tient la
distance et on roule à 170 pendant un quart d’heure quand il ralentit
brusquement. René arrive à ralentir en se coulant dans la circulation mais il
semble inquiet.
(à suivre...)
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