Auditrices
et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Les voyages forment la jeunesse,
paraît-il. C’est ainsi que j’achetai ce dimanche un exemplaire du journal
« La Montagne », édition de Corrèze, à Egletons où le dimanche est de
plus jour de marché.
La
lecture de la presse quotidienne régionale est toujours édifiante, parfois de
manière imprévue. Ainsi, je tombai sur un article à la gloire du nouveau
compteur qu’ERDF compte mettre en place chez ses clients. Bien sûr, il n’est
nullement question de tondre plus le client que précédemment, il est seulement
question de mettre en place un compteur nommé « Linky », qui serait
intelligent et communicant. Il est vrai qu’en matière d’intelligence et de
communication, ERDF dispose d’une importante marge de progression. Pour la
communication par exemple, moi qui ai déjà écrit à moult reprises à cette
société sans jamais recevoir de réponse, je peux vous en parler. Bien sûr, si
c’est pour encaisser de l’argent, ERDF saura toujours communiquer efficacement
avec votre compte bancaire. Quant à ce qui est de l’intelligence, je ne
m’étendrai pas sur mon expérience personnelle mais suivez mon regard…
Revenons
donc à cet article censé rassurer le consommateur – pardon l’usager – au sujet
des possibles inconvénients de ce compteur « Linky ». D’abord sur les
raisons qui poussent ERDF à changer 35 millions de compteurs. Ensuite sur les
perspectives économiques autant qu’écologiques de ce compteur. Et, last but not least, sur les risques que
peut présenter ce compteur et son fonctionnement. Bien sûr, sur tous ces
points, ERDF est formel : « Linky » permettra de réguler le
réseau en temps réel, il sera bon pour la planète et pour le portefeuille et bien
sûr ne présente pas de danger pour la santé. Et dieu sait si le temps réel est
bien plus tangible que le temps imaginaire et dieu seul sait aussi si ERDF a
des attentions délicates pour certains portefeuilles, même si ce n’est pas
celui de l’usager.
Mais
un tel article n’est jamais aussi complet que lorsqu’il est agrémenté d’un
encart illustrant son propos avec l’avis de personnes évoluant dans les milieux
dits compétents. Et cet article ne fait pas exception en l’espèce car il arbore
les avis d’une Directrice territoriale et d’un Adjoint au directeur délégué
patrimoine. Nul ne précise que veulent dire ces titres mais on perçoit très
vite que ces experts sont issus des milieux compétents et autorisés. Et leurs
avis valent, sinon leur pesant de cacahuètes, tout au moins leur poids en
kilowatts/heure. En effet, notre aimable Directrice territoriale évoque une
théorie du complot autour de Linky, théorie ourdie par les opposants à ce
compteur. Cette directrice est la Dan Brown corrézienne avec son Da Linky Code.
Quoi de plus simple de nos jours lorsqu’on n’est pas sûr de ses arguments que
de se dire victime d’un complot, quoi de plus subtil que de se dire victime
d’une théorie du complot et quoi de plus héroïque que de se présenter en
chevalière blanche défendant la veuve, l’orphelin et les compteurs électriques.
Et son Sancho Pança de délégué patrimoine de renchérir en signalant que nul ne
serait forcé d’accepter ce compteur mais que cela serait en opposition à la loi
et à la volonté gouvernementale : on peut sous-entendre qu’ERDF ne
l’imposera pas mais que des mesures de rétorsion ne sont pas à exclure comme,
par exemple, de faire payer le relevé des compteurs sur place.
Dans
toute cette affaire, l’on entend fort peu s’exprimer les représentants des
syndicats d’électrification mais reconnaissons que bon nombre d’entre eux,
quelquefois d’un âge vénérable, ne vont tout de même pas remettre en cause leur
siège et leurs prébendes pour se pencher sur le sort des usagers de base.
On
voit par-là que si cela n’est pas un complot, c’est presque une conspiration.
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