Il se barre et René me présente un sac de
victuailles ramenées d’un supermarket villeneuvois. Nous nous préparons une
bonne petite bouffe puis je file voir mes gars avec la paie. Et pars en fin d’après-midi
pour la ville rose.
Je rentre dans le garage Bonnefoi avec ma
nippone et me rends aussitôt au bureau avec la mallette de la rançon. François
est seul dans le bureau. Il tique en me voyant poser la mallette sur son
burlingue.
-
Ne me dis pas que…, souffle-t-il
-
Si, je te le dis. On peut parler
en toute discrétion ?
-
Un instant, c’est la fin de la
journée. Je vais voir si tout le monde est parti et je ferme le garage.
Il revient et j’ouvre la malle au trésor.
François siffle d’admiration.
-
Il va falloir me raconter mon
vieux Bébertunio et je suppose que tu en sais un peu plus que ce que le Quai a
bien voulu me lâcher aujourd’hui !
-
On peut savoir, demandé-je avec
avidité.
-
Cet après-midi, j’ai été officieusement informé de la capture de
celui qui serait le cerveau de la bande de rançonneurs. Il ne serait pas en
état d’être interrogé et le fric aurait disparu. Point barre de ce côté-là.
-
Alors en effet, j’en sais
nettement plus que toi. Pour le fric, ils n’ont pas tort mais il n’a pas
disparu pour tout le monde, si je puis dire…
Je lui raconte alors mes – et nos – aventures
par le menu, ce qui le fait siffler encore.
-
Voilà qui est bien beau mais ce
fric alors ? On fait quoi avec ?
-
Ben, on récupère chacun ses
billes, en toute simplicité dis-je.
-
Ah oui, simple comme bonjour,
évidemment. Une chose est presque certaine à cent pour cent, c’est que les
billets ne sont pas repérés puisque j’en ai moi-même changé une partie, une
autre partie était déjà dans nos caisses par ton entremise. Reste ta
participation…
-
Proposition : on attend de
savoir si les services officiels se
doutent de quelque chose et, dans un ou deux ou trois mois, on décide.
-
Ouais et en attendant, c’est moi
qui monte la garde sur le tas de biffetons ?
-
Meuh non, voyons ! On met
tout cela dans un coffre en banque…
-
Au nom de qui le coffre ?
-
A mon nom, t’inquiète !
-
Si tu es prêt à courir ce risque,
pas de problème mon vieux.
-
Je te trouve bien frileux, mon
jeune ! Pourtant, avec ton métier tu dois bien avoir quelques paiements en
feuilles mortes…
-
Ecoute-moi, j’ai la chance d’avoir
un bon garage, une bonne concession et pignon sur rue. Alors, les trafics et
autres magouilles, je laisse ça aux autres, aussi étonnant que cela te
paraisse. C’est pour ça que cette mallette ne va pas aller dans mon coffre, ici
au garage. On ouvrira un coffre en banque à notre retour de Paris et en
attendant, on planque ce truc chez le tonton. Je sais où le mettre, il suffit
de le lui dire mais sans lui dire où, question d’éthique, si tu vois ce que je
veux dire… Allez, on embarque, je vais te faire essayer la dernière-née de chez
Couyouta.
(à suivre...)
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