Auditrices et auditeurs
qui m’écoutez, bonjour. « (…) il a été dit ‹œil pour œil et dent pour
dent, mais moi je vous dis de ne pas résister aux méchants, si quelqu’un te
frappe sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre! » C’est ce que dit Jésus
dans l’évangile de Matthieu.
Notre ex premier
ministre s’est fait gifler le 17 janvier à Lamballe et, en bonne laïcité
républicaine, il n’a pas tendu l’autre
joue à son agresseur qui avait eu soin de viser la joue gauche à toutes fins
utiles. Rappelons que déjà, en décembre à Strasbourg, le même Monsieur Valls
s’était fait enfariner, sans doute par quelque pâtissier ou boulanger. La
rançon de la gloire est à ce prix, semble-t-il de nos jours. Cela vaut toujours
mieux que de subir le sort de John Kennedy, bien sûr, mais ces voies de fait
sont en fin de compte assez pitoyables.
En effet, si on devait
flanquer des calottes à tous ceux qui en méritent, nous n’aurions pas assez de
deux mains pour faire le travail. Ce n’est pas parce que monsieur Valls passe
plus que d’autres dans les média qu’il mérite plus que d’autres gougnafiers de
se faire enfariner ou encalotter. Réfléchissons bien : les ministres, les
sous-ministres, secrétaires d’Etat et autres sont nombreux à pouvoir prétendre
à la tarte symbolique. Mais il ne faudrait pas oublier tout de même les chefs
de cabinets, les hauts et bas fonctionnaires qui nous pourrissent la vie
quotidienne, les chefs de service des compagnies du gaz et de l’électricité qui
ne répondent pas à nos courriers si ce n’est pour nous envoyer des factures
parfois indues, les banquiers indélicats, les petits et les grands chefs ainsi
que bon nombre d’élus de base de toutes farines qui se goinfrent aux frais de
la princesse. J’en passe et non des moindres, il y a aussi les chauffards
alcooliques ou non, invertébrés ou mollusques, les passants qui font crotter
leur chien sur les trottoirs, les voisins paltoquets et les informaticiens
abrutis… après un tel inventaire, on comprend qu’il y a bien des calottes qui
s’égarent et que ce serait un travail herculéen de satisfaire tous ces
prétendants à la gifle réparatrice.
Mais en définitive, la
gifle est-elle réparatrice ? Ou n’est-elle qu’un pis-aller, une sorte de
défouloir ainsi que des parents en mal de réponse qui n’ont plus que la
violence pour s’exprimer ? Ces diverses manifestations font les choux gras
des média qui laissent dans l’ombre ceux qui, sans haine et sans violence
autant que sans argent se battent au quotidien pour une société meilleure, plus
juste et apaisée. Bien des militants associatifs, bien des bénévoles ne font
pas la une et quand certains ont le malheur d’héberger l’un ou l’autre
sans-papier, on leur envoie la cavalerie, les shérifs, les procs et les juges,
ils sont réprimés comme des bandits et on les encabane tandis que les chats
fourrés se gobergent dans leurs palais. Les grands média se lamentent sur le
sort des gifleurs et des giflés pendant que l’on réprime sans qu’ils en fassent
leur une. Les gifleurs et les enfarineurs font le spectacle, cela permet
d’oublier ceux qui travaillent humblement et à leur niveau.
On voit par-là que s’il
y a des coups de pied au cul qui se perdent, ce ne sont pas ceux qu’on croit.
Sont-ce ceux-là les politiciens de toutes farines ?
RépondreSupprimer