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dimanche 12 février 2017

Chronique de Serres et d’ailleurs II 22



Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Qui donne aux pauvres prête à Dieu… Cela est bel et bien, mais alors, comme aurait pu dire Dimitri Karamazov, qui donne aux riches prête-t-il au diable ?
Car si, selon cet adage, je peux me considérer comme ayant une légère créance envers Dieu, ce que j’en conclus a contrario me permet de penser que j’ai une créance plus lourde encore à recouvrer chez Satan.
Bien sûr, lorsque j’ai donné aux pauvres, cela était bien souvent, sinon volontaire, tout au moins de bonne grâce. Tandis que ce que j’ai donné aux riches, je l’ai bien souvent fait à mon corps défendant et avec déplaisir.
Pour donner aux riches, me direz-vous, il faut être bien benêt et j’en conviens sans barguigner. Mais ai-je toujours eu le choix ? Les riches sont assez astucieux et ils vous font croire qu’en payant vos impôts et vos cotisations sociales vous entretenez les feignants de pauvres. Qu’il y  ait des paresseux chez les pauvres, je peux le croire. Qu’il il ait de gros fainéants chez les riches, j’en suis persuadé. Regardons bien : quand je paie des impôts (y compris la TVA…), cela permet aux marchands de canons de vendre des armes à l’État, cela permet aux grossiums de prendre des avions - privés ou non - dans des aéroports, de faire subventionner à fonds perdus des usines, des commerces, des golfs, de toucher des intérêts et des intérêts sur les intérêts, j’en passe et des meilleures. Quand je dis à fonds perdus, ils ne le sont pas pour tout le monde, suivez mon regard… Ensuite, quand je paie mes cotisations sociales, cela sert bien, certes, à payer quelques CMU ou autres aumônes en direction des plus démunis. Mais cela sert aussi et surtout à faire marcher le commerce des marchands de médicaments et de produits chimiques, celui des marchands de matériel médical et celui des propriétaires de cliniques privées. Sans oublier que tout cet argent sert aussi à payer d’épais fonctionnaires et de gras élus, prébendes et retraites comprises. Il reste toutefois un secteur où l’on peut encore éviter de se faire rançonner, c’est dans l’alimentation car il est encore possible de produire et de manger le plus possible des aliments biologiques, toutefois en adoptant les circuits les plus courts possibles car les gros rapiats ont déjà repéré ce secteur en expansion et ils tentent de s’y introduire en faussant le système. Sinon, en bouffant des légumes transgénisés, des fruits monsantisés et de la viande antibiotiquée, on donne encore du pognon à ceux qui en ont déjà tant et plus et qui en voudraient plus encore.
Après cette éprouvante énumération, je comprends mal pourquoi lorsque j’allais quémander un prêt chez mon banquier, celui-ci m’envoyait généralement au diable. Or ce dernier, selon mes déductions, ne cautionne que les créances des riches.
On voit par-là que : qui donne aux riches prête à rire, comme aurait pu le dire Francis Blanche.

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