Auditrices
et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Qui donne aux pauvres prête à Dieu… Cela
est bel et bien, mais alors, comme aurait pu dire Dimitri Karamazov, qui
donne aux riches prête-t-il au diable ?
Car si,
selon cet adage, je peux me considérer comme ayant une légère créance envers
Dieu, ce que j’en conclus a contrario me permet de penser que j’ai une créance
plus lourde encore à recouvrer chez Satan.
Bien sûr,
lorsque j’ai donné aux pauvres, cela était bien souvent, sinon volontaire, tout
au moins de bonne grâce. Tandis que ce que j’ai donné aux riches, je l’ai bien
souvent fait à mon corps défendant et avec déplaisir.
Pour
donner aux riches, me direz-vous, il faut être bien benêt et j’en conviens sans
barguigner. Mais ai-je toujours eu le choix ? Les riches sont assez
astucieux et ils vous font croire qu’en payant vos impôts et vos cotisations sociales
vous entretenez les feignants de pauvres. Qu’il y ait des paresseux chez les pauvres, je peux
le croire. Qu’il il ait de gros fainéants chez les riches, j’en suis persuadé.
Regardons bien : quand je paie des impôts (y compris la TVA…), cela permet
aux marchands de canons de vendre des armes à l’État, cela permet aux grossiums
de prendre des avions - privés ou non - dans des aéroports, de faire
subventionner à fonds perdus des usines, des commerces, des golfs, de toucher
des intérêts et des intérêts sur les intérêts, j’en passe et des meilleures.
Quand je dis à fonds perdus, ils ne le sont pas pour tout le monde, suivez mon
regard… Ensuite, quand je paie mes cotisations sociales, cela sert bien,
certes, à payer quelques CMU ou autres aumônes en direction des plus démunis.
Mais cela sert aussi et surtout à faire marcher le commerce des marchands de
médicaments et de produits chimiques, celui des marchands de matériel médical
et celui des propriétaires de cliniques privées. Sans oublier que tout cet
argent sert aussi à payer d’épais fonctionnaires et de gras élus, prébendes et
retraites comprises. Il reste toutefois un secteur où l’on peut encore éviter
de se faire rançonner, c’est dans l’alimentation car il est encore possible de
produire et de manger le plus possible des aliments biologiques, toutefois en
adoptant les circuits les plus courts possibles car les gros rapiats ont déjà
repéré ce secteur en expansion et ils tentent de s’y introduire en faussant le
système. Sinon, en bouffant des légumes transgénisés, des fruits monsantisés et
de la viande antibiotiquée, on donne encore du pognon à ceux qui en ont déjà
tant et plus et qui en voudraient plus encore.
Après
cette éprouvante énumération, je comprends mal pourquoi lorsque j’allais
quémander un prêt chez mon banquier, celui-ci m’envoyait généralement au
diable. Or ce dernier, selon mes déductions, ne cautionne que les créances des
riches.
On voit
par-là que : qui donne aux riches prête à rire, comme aurait pu le
dire Francis Blanche.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire