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jeudi 2 février 2017

René-la-Science (35)



Elle me mit un couvert et je lui servis un verre de vin. Et j’attaquai avec appétit le pâté. C’est bizarre, la vie, me dis-je in petto. Hier, cette bonne femme me sort par les yeux et aujourd’hui on fait l’amour tous les deux. Et j’ai aimé ça. Et puis, il y a la suite des évènements. Il faut que je réfléchisse. Je me suis collé ce Michel sur le dos, ok. Je pourrais tout laisser tomber, mais il me reste la mini pelle à rendre. Qu’est-ce qu’on fait ? Je garde la pelle et je recreuse pour refaire un accès ? Je me dis que j’ai de bien basses préoccupations, mais il faut que je sache ce que je vais lui raconter à Magali. Parce qu’elle ne m’a toujours pas posé de questions sur ce qu’il nous est arrivé, pourquoi on est rentrés si tard et dans cet état. Mais je suppose qu’entre la poire et le fromage elle va m’en poser. Et si elle ne m’en pose pas, c’est moi qui aurai envie de causer. D’une part, j’ai besoin de raconter et d’autre part, je me sens bien avec Magali, ma première impression n’était pas
la bonne. Je commençais à avoir fait mal au bocal de pâté quand Magali me servit une assiette où elle m’avait mis une grosse portion de lasagnes réchauffées. Les lasagnes étaient du commerce, mais cela faisait du bien de manger et je ne rechignai pas. Elle s’assit en face de moi et me regarda en souriant. Je lui souris aussi, la bouche pleine.
— Les lasagnes, c’est du décongelé, j’aurais pu faire mieux, mais tu m’as prise au dépourvu, me dit-elle.
— Dans tous les sens du terme, je le reconnais.
— Gros malin. Mais tu sais, je pourrais te faire de bons petits plats tous les jours, si tu voulais, minauda-t-elle.
— Doucement, ne confondons pas vitesse et précipitation, le repas de midi était excellent, celui de ce soir le bienvenu, mais n’anticipons pas exagérément.
— Je plaisantais et je vois que tu tombes bien dans le panneau, dit-elle en riant.
— Mais quoiqu’il en soit, j’apprécie les jolies femmes et la bonne nourriture…
— La bonne chair en quelque sorte, cela n’est pas très original, mais je garde ce qui me convient, à savoir ton commentaire sur les jolies femmes.
— C’est la preuve que tu as un bon fond, ma chère.
— Tout à l’heure, tu disais encore « ma chérie », l’aurais-tu oublié ? Bon, maintenant, revenons à d’autres moutons. Que s’est-il passé cet après-midi ? C’est la première fois que Michel rentre dans cet état. Et je ne parle pas de sa cheville, qui n’a rien à mon avis. Je parle de son état psychologique. Il est destroy ce soir.
— Oui, mais tu l’as dit toi-même, il a des problèmes psy, éludai-je.
(à suivre...)

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