— Il est cyclothymique si
tu sais ce que cela veut dire, ou plutôt carrément maniaco-dépressif. Mais je
ne l’ai jamais vu comme ce soir, comme un gosse…
— Si je te raconte tout,
nous en avons pour un bout de temps.
— Si tu me racontes tout,
c’est que tu me fais confiance…
— Ou que tu m’as
ensorcelé, ma chérie…
— Vitesse, précipitation,
confondre, qui parlait de cela tout à l’heure ?
— Disons donc que je te
fais confiance. Je vais te raconter depuis le début, mais d’abord j’aimerais
savoir ce que tu sais, toi.
— Ce que je sais ?
— Oui, tu ne vas pas me
dire que tu vois débarquer un type qui se fait appeler Fortunio, qui vient pour
de soi-disant travaux, et que cela ne te paraît pas bizarre…
— Alors, attend.
D’habitude, j’aime pas trop les copains de Michel. Lui me le rend bien. Comme
tu vois, on a pas beaucoup d’amis communs. Donc tu souffrais d’un préjugé
défavorable au départ.
— Oui, mais ce n’est pas
de cela que je parle. Sais-tu comment j’ai rencontré Michel ?
— Pas précisément. Mais
il m’a parlé d’un gars qui l’avait soigné après une bagarre, c’est toi ?
— Oui, c’est moi
certainement. Et c’était où cette bagarre ?
— Il ne m’a pas dit. Il
est rentré une nuit à point d’heure, samedi je crois, ou plutôt dimanche matin,
et à la lumière du matin, j’ai vu qu’il était un peu tuméfié. Il m’a dit qu’il
s’était battu à Villeneuve.
— Sans motif ?
— Je n’ai pas insisté, je
crois savoir que Michel court après une certaine Sylvie, il parle en dormant le
pauvre. Je n’avais pas envie de me lancer dans une mauvaise querelle alors que
notre amour n’est plus qu’un souvenir…
— Bon, ça va tu es un peu
au courant. Donc, il ne fait pas que de courir derrière cette Sylvie, il l’a
rattrapée. Et ils m’ont offert un concert nocturne samedi soir au Blédard.
— Un concert nocturne ?
— Samedi, je viens au
Blédard chez des amis. Ils ne peuvent pas me loger dans leur appartement, mais
ils ont la possibilité de me faire coucher chez un voisin, dans une ferme
isolée un peu à l’écart du Blédard. Ferme isolée et inoccupée la plupart du
temps, tant et si bien que Michel a voulu en faire son Q.G. de campagne. Et
c’est le hennissement de sa jument qui m’a réveillé. Ce qui était un moindre
mal. Mais cette pouliche a un étalon qui a mal supporté le poids des cornes
qu’elle lui faisait porter. Il est arrivé en 4X4, a récupéré sa légitime en
tenue d’Eve et a castagné Michel en tenue d’Adam. Le cocu est reparti aussi vite
qu’il est arrivé, et je me suis retrouvé à soigner le bel adonis gisant dans la
poussière.
— L’adonis qui a ce soir
une jambe de bois ?
(à suivre...)
une jambe de bois ?
RépondreSupprimerMerci Frantz !
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