Auditrices
et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Je vous parlerai aujourd’hui d’un livre
que j’ai eu l’occasion d’acheter dernièrement au bureau de tabac-librairie
d’Astaffort, intitulé « Contes populaires de Gascogne » de
Cénac-Moncaut. Ces contes ont été publiés pour la première fois en 1861 et
réédités en 1992 puis en 2012 par les éditions Lacour de Nîmes, qui sont une
mine de publications régionalistes méconnues mais mises en valeur par ces
dignes descendants des colporteurs qui ont sillonné toutes les routes et tous
les chemins de France au 17ème et 18ème siècles.
Justin
Cénac-Moncaut, né en 1814, fut maire de Saint-Elix (Gers) et élu au Conseil
Général pour le canton de Mirande. Il a aussi écrit et publié nombre d’ouvrages
historiques et des contes populaires. Il est quelque peu décrié comme historien
pour son manque de scientificité et comme conteur pour son style ampoulé et
moralisateur. Toutefois, la plupart des contes des campagnes sont souvent ainsi
et je préfèrerais parler d’un art d’écriture naïf, accessible à tous, bordiers,
journaliers ou châtelains. Et tant pis pour les esprits chagrins, les mandarins
dédaigneux qui, de nos jours, sont plus loin du peuple que ne l’étaient
peut-être les seigneurs d’antan.
Je vous
donnerai donc un résumé du petit conte intitulé « La flûte du berger
Meyot ». Les parents de Meyot, après bien des pèlerinages effectués à
Garaison, Bétarram et Saint Bertrand de Comminges, eurent enfin un enfant si
petit qu’on lui donna le nom de Meyot.
Malgré sa taille, il fut aisément placé dans une grande métairie car ce garçon
ne manquait ni de finesse ni d’intelligence. Il avait à garder une vingtaine de
bêtes à cornes pour le compte d’un bordier et d’une bordière aussi avares que
bizarres, qui l’injuriaient et lui mettaient des coups. Sans compter la
nourriture, une soupe à l’eau avec du pain sec, sans lard ni graisse. Mais
parfois le vent peut tourner et un jour, au bord d’un ruisseau, Meyot fut interpellé par une vieille qui
cherchait un gué pour traverser à pied sec. Aussitôt, Meyot accourut et, prenant la vieille sur son dos, il la fit
traverser. La vieille, qui était un peu fée, le remercia en lui donnant une
petite flûte, merveilleuse au point que nul être vivant qui l’entendra ne
pourra s’empêcher de danser. Meyot le
malin vit passer le maire avec qui il avait eu maille à partir pour une
histoire de vache passée par sa basse-cour. Le maire lui demanda s’il avait vu
tomber un ramier qu’il venait de tirer et Meyot
lui indiqua un buisson de houx. Une fois le maire dans le buisson, Meyot lui joua un air de flûte qui le
fit s’écorcher. Ensuite, voilà notre Meyot
qui revient à la borde où il se fait houspiller par ses patrons. Il les fait
danser aussi, les faisant renverser la soupe, les écuelles, les berrets, et la bouillie de maïs, les armotes. Après tous ces méfaits, le
maire et les bordiers dénoncèrent le garnement au bailli. Meyot fut condamné à être pendu en place publique et, sur
l’échafaud, il demanda à ce qu’on lui délie les mains pour faire sa prière. Une
fois les mains déliées, il se saisit de sa flûte et joua son terrible air Qu’in t’en ba l’aoueillado t’aouellé. Ce
fut un capharnaüm indescriptible : bordiers, maire, bourreau et
maréchaussée se mirent à danser le rondeau furibond jusqu’à ce que l’on vit
arriver la vieille qui fit savoir que cette flûte ne faisait danser que les
mortels affectés d’un vice bien tenace et que s’ils changent leur attitude
envers Meyot il ne leur arrivera
rien. Et Meyot put ainsi vivre
tranquille, de bonne soupe et de bon pain. La morale de l’histoire est donnée
au début du conte : « Vous qui êtes grands, n’abusez pas de la
faiblesse des petits ; le plus simple des oiseaux a des protecteurs
invisibles ; le plus chétif des enfants peut trouver tôt ou tard le moyen
de punir ceux qui le font souffrir. »
Pour ceux
que cela intéresse, il y avait encore, début janvier, au moins un exemplaire de
ce recueil de conte au tabac-journaux-librairie d’Astaffort.
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