— Bonjour, monsieur
Fortunio me répondit-elle.
— Tu peux m’appeler par
mon prénom, Albert, puisque je t’appelle par le tien.
— Moi c’est Esther
Fauchet, dit-elle.
— Revenons à nos fleurs,
me conseillez-vous de belles roses, mademoiselle Fauchet ? Dis-je.
— Oui, monsieur Fortunio,
quelle couleur préférez-vous : rouge vif, rose, blanche… ?
— Vous en avez des jaunes
aussi, elles sont très belles, dis-je. Mais les blanches me plaisent beaucoup.
Je vais prendre des blanches, un bouquet de roses blanches.
— Nous allons vous
préparer cela, monsieur, vous verrez, la dame sera très contente.
Je repartis à rire.
Esther avait déjà pris les roses et partit vers le comptoir où elle se mit en
devoir de les recouper, de les arranger et de les garnir d’un peu de verdure d’asparagus.
C’est Sylvie qui intervint pour emballer et pour la présentation finale.
— Esther fait ses débuts
comme vendeuse, qu’en pensez-vous ?
— Elle sera très vite au
top, comme sa mère. Qui sait si dans peu de temps elle ne vous en remontrera
pas ? Dis-je. En tout cas, je suis certain qu’elle a été à bonne école et je te
félicite, Esther.
— Merci, monsieur
Fortunio, répondit-elle. C’est vraiment votre nom ?
— C’est un petit nom, un
nom de fortune. Mais Albert, c’est mon vrai prénom.
— Et ton vrai nom alors ?
— Je m’appelle Forelle,
Albert Forelle. Comme cela tu sais tout.
— Forelle, comme la
truite ?
— Ah ! Oui en effet. Tu
fais de l’allemand en classe ?
— Maman a des cousins en
Allemagne et j’y suis déjà allée deux fois. Il y a des truites en Allemagne.
— Voilà, et moi je suis
une truite du sud-ouest qui achète des roses chez toi, dis-je en souriant.
— Voilà votre bouquet,
monsieur la truite Fortunio, dit Sylvie. C’est soixante francs.
Je sortis un billet de
cent francs et Esther me rendit ma monnaie.
— Je vous croyais reparti
en Lot et Garonne, me dit Sylvie.
— J’y étais la semaine
passée, mais je suis revenu saluer mes amis et récupérer quelques affaires, je
ne sais pas si je vais rester bien longtemps.
(à suivre...)
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