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dimanche 3 décembre 2017

Chronique de Serres et d’ailleurs III (12)



Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Qui donne aux pauvres prête à Dieu…Cela est bel et bien, mais alors, comme dirait Dimitri Karamazov, qui donne aux riches prête-t-il au diable ?
Car si, selon l’adage, je peux me considérer comme ayant une légère créance envers Dieu, ce que j’en conclus a contrario me permet de penser que j’ai une créance plus lourde encore à recouvrer chez Satan.
Bien sûr, lorsque j’ai donné aux pauvres, cela était bien souvent, sinon volontaire, tout au moins de bonne grâce. Tandis que ce que j’ai donné aux riches, je l’ai bien souvent fait à mon corps défendant et avec déplaisir.
Pour donner aux riches, me direz-vous, il faut être bien benêt et j’en conviens sans barguigner. Mais ai-je toujours eu le choix de ne pas le faire ? Les riches sont assez astucieux et ils vous font croire qu’en payant vos impôts et vos cotisations sociales vous entretenez les feignants de pauvres. Qu’il y  ait des paresseux chez les pauvres, je peux le croire. Qu’il il ait de gros fainéants chez les riches, j’en suis persuadé. Regardons bien : si je paie des impôts (TVA comprise…), cela permet aux marchands de canons de vendre des armes à l’État, cela permet aux grossiums de prendre des avions - privés ou non - dans des aéroports, de faire subventionner à fonds perdus des usines, des commerces, des golfs, de toucher des intérêts et des intérêts sur les intérêts, j’en passe et des meilleures. Quand je paie mes cotisations sociales, cela sert bien, certes, à payer quelques CMU ou autres aumônes en direction des plus démunis. Mais cela sert aussi et surtout à faire marcher le commerce des marchands de médicaments et de produits chimiques, celui des marchands de matériel médical et celui des propriétaires de cliniques privées.
Après cette éprouvante énumération, je comprends mal pourquoi lorsque j’allais quémander un prêt chez mon banquier, celui-ci m’envoyait généralement au diable. Or ce dernier, selon mes déductions, ne cautionne que les créances des riches.
On voit par-là que : qui donne aux riches prête à rire, comme aurait pu le dire Francis Blanche.

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