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dimanche 18 février 2018

Chronique de Serres et d’ailleurs III (22)



Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. A l’époque des budgets municipaux, moult édiles fourbissent leurs armes afin de réclamer de l’argent pour leurs communes. On voit fleurir des articles dans les quotidiens, des sénateurs sortent de leur torpeur palato-luxembourgeoise pour se porter au secours de ces maires en colère ou en détresse. D’aucuns même, oublieux de leur passé, reprochent au gouvernement des méfaits dont ils ne sont eux-mêmes pas totalement innocents. Certains sont aussi du genre à manger avec les loups le matin et à pleurer avec le berger l’après-midi, laissant passer au Parlement des lois contre lesquelles, une fois de retour dans leurs circonscriptions, ils font mine de se révolter avec une fureur de bon aloi. Disons que les sénateurs sont élus par ce que l’on appelle « grands électeurs » et qu’ils ont donc besoin de soigner leur électorat.
De plus, s’il paraît que certaines communes ont du mal à boucler leur budget, il faut reconnaître qu’un bon nombre d’autres peuvent se permettre des dépenses fastueuses et des investissements inutiles ou redondants et de toute façon à fonds perdus. Bien sûr, l’argent dépensé n’est jamais perdu pour tout le monde : on nous dit bien que les investissements publics soutiennent l’emploi dans les entreprises du bâtiment et des travaux publics mais cela profite généralement aux mêmes entreprises qui vivent sous perfusion avec cet argent des collectivités publiques et leurs patrons roulent dans de grosses berlines ou de rutilants 4 x 4 flambants neufs.
Alors, qu’en penser ? Car, d’après le voisin de mon épicier, si les collectivités locales étaient des entreprises ou des commerces privés il y a longtemps qu’elles auraient déposé le bilan. Mais heureusement pour elles, elles ont des mécènes toujours prêts à les soutenir et ces bienfaisants financeurs, ce sont les contribuables. Car le contribuable est un banquier qui a toujours les moyens de couvrir les dépenses de ses élus, il le fait avec plaisir et dévouement et il est bien le premier à plaindre ses élus locaux dans la débine lorsqu’ils crient misère : un p’tit coup de CSG par ici et un p’tit coup de TVA par-là, à la vôtre et on est contents de trinquer dans tous les sens du terme.
Il est remarquable de voir que ce contribuable est aussi un électeur et qu’il s’obstine autant à payer de l’impôt qu’à élire la même classe politique élection après élection. Force est de reconnaître qu’une telle constance à enrichir des élus et leurs affidés est admirable et c’est à cela que l’on comprend que l’électeur se satisfait de regarder passivement les grandes chaînes de télévision nationale où ses élus viennent faire le spectacle. Et il ne manque pas d’acteurs sur cette scène avec plus de 36 000 maires et autant sinon plus d’élus intercommunaux, tous ces élus émargeant au généreux budget de l’Etat, retraites et médailles comprises.
Fort heureusement si ces élus sont nombreux, les électeurs-financeurs le sont plus encore, ce qui permet de continuer à les ponctionner de manière plus ou moins douloureuse. Sur ce sujet, on en est encore à l’époque des médicastres de Molière pour lesquels la saignée et la purge étaient les meilleures médications.
On voit par-là que le remède peut parfois être pire que le mal.

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