— Je ne sais pas. Mais,
de toute façon, lui en dire trop, c’est aussi lui en mettre trop sur le dos. Donc
il vaut mieux y aller doucement, dis-je.
— Et Michel, tu vas le
voir quand ?
— Tout de suite et avec
toi si tu veux bien. Il aura la chance d’avoir devant lui le cercle de ses
bienfaiteurs, dis-je.
— J’ai pris la journée,
on y va. Juste le temps de prendre un autre café et un autre croissant, tu sais
que les émotions ça creuse. Toi aussi un café et un croissant ?
— Oui, garçon ! La même
chose s’il vous plaît.
Une fois le café bu, nous
partîmes vers la clinique. Nous eûmes de la chance, Michel était seul et je
demandai à l’infirmière si nous pouvions le promener un peu dans le parc. Je
présentai René à Michel et nous partîmes avec lui.
Je poussai sa chaise
roulante et nous avançâmes dans les allées du parc de la clinique. Il faisait
très beau, l’automne venait à peine de pointer le bout du nez, quelques nuages blancs
égayaient un ciel bleu limpide. Nous arrivions dans un endroit qui ressemblait
presque à un petit labyrinthe, avec des haies de buis et de troènes. Un petit
plan d’eau avec un jet au milieu créait une ambiance romantique. Je m’arrêtai
et passai devant la chaise roulante de manière à faire face à Michel. René prit
ma place aux poignées de la chaise, sans avancer.
— Ecoute-moi, Michel.
Ecoute-moi si tu le peux, mais si je te parle, c’est parce que je crois que tu
peux m’entendre et me comprendre. Mais en tout cas, j’ai besoin, moi, de parler
devant toi et face à face. S’il y a mon pote René qui est ici avec moi, c’est
parce qu’il peut tout entendre car il est au courant de tout. Absolument tout.
Et de plus, il a pris une part non négligeable dans notre affaire, j’y
viendrai. Par contre, Magali, son frangin, ta mère etc., personne d’autre n’est
au courant.
Et je déballai toute
l’histoire devant lui, le chantier au château, le retour au souterrain, la
négociation et la vente. Je lui dis pour le coffre, la tutelle et mon
incertitude quant à qui aura en charge le coffre. Je ne savais nullement ce qu’il
avait perçu de tout ce que je lui avais dit, mais je lui trouvai une bonne
gueule, j’eus l’impression d’avoir bien fait et puis cela me fit du bien à moi.
Nous revînmes à la clinique et remîmes Michel aux bons soins du personnel soignant.
Nous nous arrêtâmes pour
manger un morceau sur l’aire du Frontonnais. Ce n’est pas un trois étoiles,
mais cela nous nourrit et de plus nous étions en bonne compagnie puisqu’avec
nous-mêmes. Je ramenai René au Blédard dans l’après-midi, puis je revins chez
Michel. Je ne comptais pas m’y attarder mais je voulais revoir Sylvie si cela
était possible. C’est vous qui voyez…, m’avait-elle dit. Je supposai
qu’elle avait entendu quelques petites choses sur mon compte et cela était peut-être
intéressant à savoir. Et, quoiqu’il en soit, j’aurais du plaisir à la revoir.
Même si elle semblait un peu une Marie-couche-toi-là, elle me plaisait bien
comme elle était.
(à suivre...)
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