Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. « Vanité des vanités, vanité des vanités,
tout est vanité. Ce qui a été, c’est ce qui sera, et ce qui s’est fait, c’est
ce qui se fera, il n’y a rien de
nouveau sous le soleil. S’il est une chose dont on dise : Vois
ceci, c’est nouveau ! Cette chose existait déjà dans les siècles qui nous
ont précédés. » Ainsi est-il écrit dans le Livre de l'Ecclésiaste au Chapitre
1. Nihil novi sub sole est-il dit depuis moult siècles et pourtant on s’étonne
de voir ce qui se passe avec le réseau social au pouce levé, autrement dit
Fesses de Ploucs, dont le grand patron a été faire amende honorable devant les
parlementaires étazuniens. En effet, lui et ses affidés sont plus que
soupçonnés d’avoir cédé un grand nombre d’informations confidentielles ou
personnelles concernant bien des internautes impliqués dans ce réseau dit
social. Bien sûr, lorsque nous garnissons notre mur et notre profil d’un tas de
renseignements, cela peut sembler de peu d’intérêt. Mais un petit peu plus un
petit peu multipliés par beaucoup de petit peu, cela peut devenir une montagne,
une montagne de sucre par exemple…
Mais de tous temps il y a eu des gens qui se sont
intéressés à suivre, à fliquer, à espionner et à sonder les cœurs et les reins
de leurs concitoyens, depuis le gestapiste jusqu’à la commère de village les
cancans et les rapports ont toujours fait florès et, ce qui est étonnant, c’est
de voir le nombre de gens qui s’étonnent encore de telles pratiques. Avec son
air de communiant et ses repentances sournoises, monsieur Lamontagnensucre nous
la baille belle et il n’a rien inventé.
A lire certains romans policiers ou à regarder
quelques polars au cinéma, on finirait par croire que le flicage se fait
toujours de manière rationnelle, loupe, ADN et gants en latex. Mais je me
souviens d’un temps pas si éloigné où la brigade faisait sa tournée dans la
campagne en profitant de ses reposoirs, à savoir qu’elle s’arrêtait toujours
dans les mêmes fermes où, entre la goutte et le café, le laboureur et ses
enfants dégoisaient à qui mieux mieux –je devrais dire à qui pire pire- sur tout ce qui détonnait le moindre dans le
paysage ambiant. Cette police des petits cafés était surnommée « la
blanche », qui sait pourquoi ? Et j’ose à peine me poser la question au sujet
de l’affaire dite « de Tarnac ». Au bout de dix années de procédure,
voilà nos dangereux terroristes relaxés suite à l’effondrement d’un dossier
traité de fiction par la présidente du Tribunal correctionnel. Cette
« affaire » avait fait la une des médias lorsqu’elle a éclaté, il y a
eu intervention de policiers ou militaires cagoulés et armés jusqu’aux dents
pour sortir du lit de dangereux extrémistes seulement armés de leur slip –et
encore !-, on a mobilisé parquet, juge d’instruction et enquêteurs pour un
dossier qui vient de faire pschitt et on nous dit que la justice manque de
moyens ! Même l’ineffable ministre de l’Intérieur de l’époque – je vous
ferai grâce d’ouïr son nom - s’était
rengorgée à l’Assemblée pour cette victoire. Mais il faut dire qu’elle s’y
connaissait en combats de lilliputiens et, quoiqu’il en soit, elle aurait
décliné de venir témoigner au procès au motif qu’elle n’avait pas une connaissance
suffisante du dossier. No comment, dirait-on outre-manche… Et quand on nous dit
que la justice manque de moyens, on pourrait donc parfois préciser qu’il s’agit
aussi des moyens intellectuels dont manquent cruellement d’aucuns en son sein.
Notre actuelle ministre en charge déclare que l’affaire de Tarnac n’est pas un
fiasco : elle a bien raison, c’est une bérézina.
Pour en revenir à monsieur Sucrentas, c’est quand
même un petit malin qui offre un service gratuit en échange d’informations
gratuites que nous lui fournissons bénévolement et son véritable tour de force
c’est de nous permettre de devenir nos propres délateurs.
On voit par-là que bientôt on nous paiera peut-être
pour nous auto-dénoncer.
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