Auditrices et auditeurs qui m’écoutez,
bonjour. « Le poète a toujours raison, la femme est l’avenir de
l’homme ». Ainsi parlait Sara Toussetra, buraliste et marchande de
journaux, citant ainsi Jean Ferrat citant lui-même Aragon. Mais il semble un
peu tard pour parler de l’avenir alors que le présent tombe sur la tête des
hommes, non sans toutefois avoir crié gare !
En effet, maintenant qu’il y a un
secrétariat d’Etat chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes, cette
égalité avance à grand pas tant et si bien que l’on commence à craindre que les
hommes deviennent moins égaux que les femmes. Et un des progrès notoire de
cette égalité est qu’auparavant les recruteurs embauchaient un homme
incompétent de préférence à une femme compétente. Mais maintenant, et cela ne
date pas d’hier, les femmes incompétentes ont le droit d’être embauchées
préférentiellement à des hommes pourvus des compétences adéquates. Tant et si
bien qu’un individu de sexe masculin et de nationalité autrichienne a fait
condamner l’Etat autrichien pour discrimination sexiste. En effet, fonctionnaire
au ministère des transports, on lui avait refusé une promotion pour lui
préférer une femme qui, à compétences égales et avec une note très légèrement
inférieure avait été privilégiée pendant tout le processus de recrutement
uniquement parce qu’elle était de sexe féminin. Cet Etat a quand même été
condamné à verser 317 368 Euros au plaignant au titre du manque à gagner
et des dommages et intérêts. Tout ceci selon M, le magazine du journal Le Monde
qui s’étonne de voir ainsi l’arroseur se faire arroser. Bien sûr, ce n’est pas
à notre secrétaire d’Etat en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes
que cela arriverait, son intégrité est indubitable et on ne peut guère la
soupçonner de parti-pris, cela serait du plus mauvais aloi.
Car il faut bien reconnaître que, si les
rapports entre les hommes et les femmes sont des rapports de domination, les
femmes au pouvoir, si menu soit ce dernier, n’ont jamais hésité à en user pour
écraser d’autres humains, mâles ou femelles, pour autant que leur domination le
leur permette. Car les abus de pouvoir ne sont pas le monopole des hommes, j’en
ai fait l’amère expérience pour avoir été l’objet de l’acharnement de deux
femmes fonctionnaires sans avoir jamais pu ni m’en défendre ni en comprendre
les raisons. Mais il s’agissait bien d’une domination de classe contre laquelle
le modeste paysan que j’étais ne pouvait que se battre en vain, je ne pouvais
espérer aucune aide. Je n’ai connu la paix qu’au moment de la retraite de ces
harpies qui, si elles l’avaient pu, m’auraient mis au mieux en dépression et au
pire en faillite. Mais à l’époque il n’y avait point de hashtag du style
« balancetacruella » et il fallait s’asseoir au bord de l’oued pour
voir passer son ennemie. Bien sûr, on ne peut
pas mettre sur le même plan cette cruauté mentale avec les voies de fait
sexuelles mais combien de paysans malheureux ont-ils été poussés au suicide par
ce genre d’acharnement ? Toutefois il faut reconnaître que de nos jours
ces despotes disposent de moyens encore plus puissants et plus raffinés. Tout
ceci pour rappeler que les rapports de domination sont des rapports de force,
de pouvoir et d’argent et c’est toujours sur le malheureux baudet que l’on criera
haro.
On voit par-là que, selon que vous serez
puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.
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