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dimanche 20 mai 2018

Chronique de Serres et d’ailleurs III (34)


Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Je vais me permettre de vous réchauffer l’essentiel d’une chronique que je vous avais servie début juin 2016 car les présidents changent mais les mœurs perdurent. « Eco, es-tu là ? »  L’écologie est une provende spirituelle pour la basse-cour politique de toutes espèces, qu’ils soient élus ou seulement candidats. De nos jours, tout le monde se dit prêt à protéger la planète, tout un chacun est plus écologiste que les autres même si personne n’est d’accord sur le sujet. Déjà les chasseurs se déclarent les premiers défenseurs de la nature, ensuite le premier syndicat agricole du pays prétend laver plus blanc que blanc, les fabricants d’électroménager, de bagnoles et autres babioles industrielles sont plus verts que les Verts. Les macronistes recyclent à tout va, la preuve ils récupèrent un ancien animateur de télévision pour en faire un ministre d’Etat, ministre de la transition écologique et solidaire. La droite fait du tri sélectif sans arriver à éliminer les ordures et les extrêmes se douchent à l’eau claire. Si l’on en croit les programmes politiques, hier on rasait gratis et demain on sauvera la planète. Jusqu’au moment où l’on dira que ça commence à bien faire…
Evidemment, le mot écologie, victime de son succès et d’un glissement sémantique, jouit aujourd’hui d’une fâcheuse polysémie : d’étude des sujets vivants dans leur milieu et de leurs interactions avec ce système, ce mot est devenu l’appellation de ceux qui se disent les défenseurs de la nature, pour le meilleur et pour le pire. Il est donc accommodé à toutes les sauces. Et que dire des néologismes que nous vaut cette nouvelle idéologie ! On a parlé de « Grenelle de l’environnement », de RT2012, de durabilité soutenable (et inversement réciproquement). Les mieux nantis peuvent se donner bonne conscience en achetant et en utilisant de l’écologie estampillée, subventionnée et crédidimpotisée pendant que les moins favorisés sont montrés du doigt pour leurs attitudes et habitudes néfastes pour la Gaïa maternelle dont ils rongent le sein sans vergogne.
Ce qui est remarquable, c’est aussi le tourisme nouveau et vert que l’on nous promet. C’est une explosion de termes ecoadmirables, à savoir qu’il existe maintenant un Ecolabel Européen (avec un grand e) intégrant une dimension économique et écocitoyenne. Nous voyons fleurir les écoauberges de jeunesse, les écocampings, les écogîtes ainsi que les écolodges ou écohôtels et d’autres établissements divers considérés comme écotouristiques. Tout cela pour vous écosoulager l’écoportefeuille de votre bonne monnaie écosonnante et écotrébuchante. Vous aurez choisi et réservé vos vacances dans de somptueux catalogues et prospectus en écopapier glacé. Il y a maintenant des labels pour des villages dits « verts » ou « neige », ces villages seront labellisés pour leur permettre d’accueillir encore plus de touristes avec de grosses motos ou de puissantes berlines et qui satureront les stations d’épuration locales après avoir soigneusement balisé les chemins de papiers gras. Les professionnels autant que les élus des chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture s’écogobergeront à votre santé en comptant la monnaie. Autant dire que, quand ma voisine Paulette avait son camping à la ferme avec vue sur le cimetière dans les années 70, elle faisait de l’écotourisme sans le savoir. Mais il n’y a rien de mieux que des glands diplômés pour mettre de grands mots sur des choses de tous les jours de telle sorte que l’on puisse vous vendre très cher ce que vous auriez pu avoir gratuitement et avec un sourire spontané et non commercial. Mais s’il n’y a plus d’écologie, d’écotourisme et autres écofadaises, il restera toujours les éconneries de nos administratifs pondeurs de normes et élus coupeurs de rubans. Il faut bien que ceux-ci justifient la laine qu’ils vous bouffent sur le dos.
On voit par-là que la planète sera sauve quand les gras seront riches.

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