Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour.
Je vais me permettre de vous réchauffer l’essentiel d’une chronique que je vous
avais servie début juin 2016 car les présidents changent mais les mœurs
perdurent. « Eco, es-tu là ? » L’écologie est une provende spirituelle pour
la basse-cour politique de toutes espèces, qu’ils soient élus ou seulement
candidats. De nos jours, tout le monde se dit prêt à protéger la planète, tout
un chacun est plus écologiste que les autres même si personne n’est d’accord
sur le sujet. Déjà les chasseurs se déclarent les premiers défenseurs de la
nature, ensuite le premier syndicat agricole du pays prétend laver plus blanc
que blanc, les fabricants d’électroménager, de bagnoles et autres babioles
industrielles sont plus verts que les Verts. Les macronistes recyclent à tout
va, la preuve ils récupèrent un ancien animateur de télévision pour en faire un
ministre d’Etat, ministre de la transition écologique et solidaire. La droite
fait du tri sélectif sans arriver à éliminer les ordures et les extrêmes se
douchent à l’eau claire. Si l’on en croit les programmes politiques, hier on
rasait gratis et demain on sauvera la planète. Jusqu’au moment où l’on dira que
ça commence à bien faire…
Evidemment, le mot écologie,
victime de son succès et d’un glissement sémantique, jouit aujourd’hui d’une
fâcheuse polysémie : d’étude des sujets vivants dans leur milieu et de
leurs interactions avec ce système, ce mot est devenu l’appellation de ceux qui
se disent les défenseurs de la nature, pour le meilleur et pour le pire. Il est
donc accommodé à toutes les sauces. Et que dire des néologismes que nous vaut
cette nouvelle idéologie ! On a parlé de « Grenelle de
l’environnement », de RT2012, de durabilité soutenable (et inversement
réciproquement). Les mieux nantis peuvent se donner bonne conscience en
achetant et en utilisant de l’écologie estampillée, subventionnée et
crédidimpotisée pendant que les moins favorisés sont montrés du doigt pour
leurs attitudes et habitudes néfastes pour la Gaïa maternelle dont ils rongent
le sein sans vergogne.
Ce qui est remarquable, c’est aussi le tourisme nouveau et vert que l’on
nous promet. C’est une explosion de termes ecoadmirables, à savoir qu’il existe
maintenant un Ecolabel Européen (avec un grand e) intégrant une dimension
économique et écocitoyenne. Nous voyons fleurir les écoauberges de jeunesse,
les écocampings, les écogîtes ainsi que les écolodges
ou écohôtels et d’autres établissements divers considérés comme
écotouristiques. Tout cela pour vous écosoulager l’écoportefeuille de votre
bonne monnaie écosonnante et écotrébuchante. Vous aurez choisi et réservé vos
vacances dans de somptueux catalogues et prospectus en écopapier glacé. Il y a
maintenant des labels pour des villages dits « verts » ou
« neige », ces villages seront labellisés pour leur permettre
d’accueillir encore plus de touristes avec de grosses motos ou de puissantes
berlines et qui satureront les stations d’épuration locales après avoir
soigneusement balisé les chemins de papiers gras. Les professionnels autant que
les élus des chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture
s’écogobergeront à votre santé en comptant la monnaie. Autant dire que, quand
ma voisine Paulette avait son camping à la ferme avec vue sur le cimetière dans
les années 70, elle faisait de l’écotourisme sans le savoir. Mais il n’y a rien
de mieux que des glands diplômés pour mettre de grands mots sur des choses de
tous les jours de telle sorte que l’on puisse vous vendre très cher ce que vous
auriez pu avoir gratuitement et avec un sourire spontané et non commercial.
Mais s’il n’y a plus d’écologie, d’écotourisme et autres écofadaises, il
restera toujours les éconneries de nos administratifs pondeurs de normes et
élus coupeurs de rubans. Il faut bien que ceux-ci justifient la laine qu’ils
vous bouffent sur le dos.
On voit par-là que la planète sera sauve quand les gras seront riches.
Et quand les riches seront gras ?
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