La
jeune femme, Thérèse, préfère ne pas les accompagner. Ils partent donc à deux,
franchissent la grille et s’avancent dans une belle allée de chênes et
d’érables. C’est après une centaine de mètres, après un coude, qu’apparaît la
maison, le château comme disent les gens dans la région. La longue bâtisse en
pierre calcaire se termine à droite sur une large tour carrée et flanquée à
gauche d’écuries aux portes et fenêtres
en cintre surbaissé. Face à la maison, en plein sud, une orangerie aux fenêtres
en arcades complète l’ensemble.
La
façade de la maison aligne une douzaine de fenêtres en rez-de-jardin, séparées au milieu par une
porte double : l’entrée principale. Chacune de ces ouvertures est
surmontée d’un œil-de bœuf ovale. Le chemin arrive devant l’entrée, traversant
par une large courbe une pelouse agrémentée d’arbustes. Au-delà l’entrée, le
chemin passe devant la tour et continue au-delà de la maison vers une allée
dans les bois.
Christian
suit le chemin et, ignorant l’entrée principale, emmène Pijm vers la porte de
la tour.
-
Nous entrons par les cuisines, la grande entrée
est fermée de l’intérieur, dit Christian. Suivez-moi.
-
Bonne, bonne, dit Pijm, ce qui est apparemment
sa manière d’approuver.
Ils
entrent dans une vaste cuisine assez sombre. Elle occupe la majeure partie du
bas de la tour et n’est éclairée que par une grande fenêtre. Une imposante
cheminée occupe près de la moitié du mur du fond A droite, près de la fenêtre,
il y a deux éviers sur une paillasse qui se prolonge à l’équerre le long du mur
par un « potager », sorte de système de chauffe-plat à l’ancienne.
-
La cuisine, présente Christian.
-
Bonne, bonne, dit encore Pijm.
-
Suivez-moi s’il vous plaît.
Christian
passe par une porte dans le mur de gauche et se retrouve dans une sorte
d’espace intermédiaire.
-
L’office, dit-il
-
Qu’est-ce que c’est ? Demande Pijm.
-
On appelle cela l’office, je ne sais pas comment
vous expliquer, il y a ici les placards pour le linge de table, c’est une sorte
d’antichambre…
-
Bonne, bonne, conclut Pijm.
-
Oui, pour la bonne, se hasarde à placer
Christian en guise de plaisanterie. Et maintenant, le couloir, avec à gauche la
salle à manger et à droite le salon. Je vous montre d’abord la salle à manger,
dit-il en entrant par une belle double porte à chambranle et contre-chambranle.
Pijm
reste bouche bée en regardant le couloir, il ne suit pas tout de suite Christian.
Le couloir est long de plus de trente mètres, avec des portes de part et
d’autre.
-
J’arrive, mais je suis très impressionné,
excusez-moi.
-
Je comprends. Ceci est donc la salle à manger.
La
pièce est un peu sombre, malgré ses deux grandes fenêtres. Elle est exposée au
nord-ouest et les grands arbres du parc assombrissent encore le lieu. Il n’y a
plus de meubles et seul un tableau représentant une scène de chasse orne encore
la cheminée en marbre. Au fond de la pièce, à gauche dans l’espace entre la cheminée
et le mur du couloir, une porte donne directement sur l’office.
-
Nous passons maintenant au salon, si vous
voulez, dit Christian.
-
Bonne, bonne, psalmodie encore Pijm.
Ils
repassent par le couloir et, par une autre double porte qui donne sur la droite
dans le couloir, entrent dans le salon. Il est aussi grand que la salle à
manger, mais, par contraste, est généreusement éclairé par le soleil qui entre
par une porte-fenêtre entre deux fenêtres. Celle-ci donne sur un perron d’où un
large escalier descend vers une terrasse au sud, derrière et en contrebas de la
maison. La terrasse est un endroit splendide, mais envahi d’herbes folles, de
ronces et d’arbrisseaux sauvages. Dans le salon, il y a encore une cheminée en
marbre ornée d’une glace couronnée d’un trumeau. Au plafond, une rosace en
plâtre au milieu de laquelle pend tristement un fil électrique avec une
ampoule. Contre le mur opposé à la cheminée, une commode de style empire,
couverte de poussière. Il se dégage une impression d’un passé opulent et révolu.
-
Et maintenant les chambres, claironne Christian,
il faut avancer si vous voulez tout voir !
-
Bonne, bonne, approuve Pijm.
(à suivre...)
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