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dimanche 17 juin 2018

Chronique de Serres et d’ailleurs III (38)


Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Ce n’est pas pour me vanter mais je commence à me fatiguer de chroniquer sur la politique ambiante. Je sais bien que notre presque nouveau président a rassemblé un troupeau de godillots pour avoir une majorité à l’assemblée mais force est de reconnaître que nous, électeurs, avons majoritairement fait confiance à cette troupe hétéroclite  pour nous représenter. Toutefois bon nombre d’entre eux ont encore le bec un peu jaune y compris certaine secrétaire d’état qui, pétant une durite en séance, montre qu’elle n’a pas encore les nerfs assez solides pour affronter le fonctionnement des institutions démocratiques. La jeunesse est un atout mais c’est aussi une arme qu’il vaut mieux éviter de retourner contre soi-même.
Aussi vous parlerai-je des champignons qui sont de retour, les bolets en général et les cèpes en particulier. J’en profite pour citer deux mots, à ce sujet, de la langue néerlandaise à savoir le mot eikhoorntjesbrood qui nomme le cèpe en l’appelant « pain des petits écureuils » et le mot paddestoel qui attribue au champignon le doux nom de « tabouret de crapaud ». Bien sûr, le poète breton Tristan Corbière (breton comme son nom ne le dit pas…) écrit dans un vers : « Les crapauds, chantres mélancoliques / Empoisonnent de leurs coliques / Les champignons, leurs tabourets ». Mais il faut croire que ce ténébreux aède avait plus recherché la richesse de la rime que la justesse des vérités biologiques et intestinales. Le poète contumace, sur sa côte d’Armor, vivait en concubinage avec les muses dans sa borgne tourelle aux volets en pantenne et l’inspiration lui venait plus des vents qui balayaient la lande que des poussiéreuses bibliothèques scientifiques ou apothicairiennes.
Aussi vous parlerai-je du coucou qui a déjà poussé son chant printanier depuis belle lurette, de l’appliqué pic-vert qui toque le matin à la porte des petits vermisseaux pour les avaler tous crus et de la fauvette qui pousse désespérément son chant avant de s’en aller.
Aussi vous parlerai-je des roses du jardin, des juteuses cerises qui décorent leurs arbres, des pêches et des abricots qui forment leurs fruits encore vert et du blé qui ondule au vent en mûrissant son grain. Bien sûr, je vous parle de blé bio qui a encore une taille suffisante pour onduler au vent et pas de ces blés formatés par ce génie rural qui n’a de génial que sa propre dégénérescence.
Aussi vous parlerai-je du soleil qui fait croitre les plantes, de la pluie qui les abreuve, du vent qui emporte les miasmes et fait chanter les arbres, des orages qui font trembler notre âme et je vous décrirai les nuages dans le ciel, les fins cirrus, les gros cumulus, les noirs consensus et les légers nimbus que traversent les jets la nuit.
Ainsi vous parlerai-je de la beauté des choses et on verra par-là qu’il y a toujours des raisons d’être content, ne fût-ce que le temps d’un matin.

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