Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour.
Ce n’est pas pour me vanter mais je commence à me fatiguer de chroniquer sur la
politique ambiante. Je sais bien que notre presque nouveau président a
rassemblé un troupeau de godillots pour avoir une majorité à l’assemblée mais
force est de reconnaître que nous, électeurs, avons majoritairement fait
confiance à cette troupe hétéroclite pour nous représenter. Toutefois bon nombre
d’entre eux ont encore le bec un peu jaune y compris certaine secrétaire d’état
qui, pétant une durite en séance, montre qu’elle n’a pas encore les nerfs assez
solides pour affronter le fonctionnement des institutions démocratiques. La
jeunesse est un atout mais c’est aussi une arme qu’il vaut mieux éviter de
retourner contre soi-même.
Aussi vous parlerai-je des champignons qui sont
de retour, les bolets en général et les cèpes en particulier. J’en profite pour
citer deux mots, à ce sujet, de la langue néerlandaise à savoir le mot
eikhoorntjesbrood qui nomme le cèpe en l’appelant « pain des petits
écureuils » et le mot paddestoel qui attribue au champignon le doux nom de
« tabouret de crapaud ». Bien sûr, le poète breton Tristan Corbière
(breton comme son nom ne le dit pas…) écrit dans un vers : « Les
crapauds, chantres mélancoliques / Empoisonnent de leurs coliques / Les
champignons, leurs tabourets ». Mais il faut croire que ce ténébreux aède
avait plus recherché la richesse de la rime que la justesse des vérités
biologiques et intestinales. Le poète contumace, sur sa côte d’Armor, vivait en
concubinage avec les muses dans sa borgne tourelle aux volets en pantenne et
l’inspiration lui venait plus des vents qui balayaient la lande que des
poussiéreuses bibliothèques scientifiques ou apothicairiennes.
Aussi vous parlerai-je du coucou qui a déjà
poussé son chant printanier depuis belle lurette, de l’appliqué pic-vert qui
toque le matin à la porte des petits vermisseaux pour les avaler tous crus et
de la fauvette qui pousse désespérément son chant avant de s’en aller.
Aussi vous parlerai-je des roses du jardin, des
juteuses cerises qui décorent leurs arbres, des pêches et des abricots qui
forment leurs fruits encore vert et du blé qui ondule au vent en mûrissant son
grain. Bien sûr, je vous parle de blé bio qui a encore une taille suffisante
pour onduler au vent et pas de ces blés formatés par ce génie rural qui n’a de
génial que sa propre dégénérescence.
Aussi vous parlerai-je du soleil qui fait croitre
les plantes, de la pluie qui les abreuve, du vent qui emporte les miasmes et
fait chanter les arbres, des orages qui font trembler notre âme et je vous
décrirai les nuages dans le ciel, les fins cirrus, les gros cumulus, les noirs
consensus et les légers nimbus que traversent les jets la nuit.
Ainsi vous parlerai-je de la beauté des choses et
on verra par-là qu’il y a toujours des raisons d’être content, ne fût-ce que le
temps d’un matin.
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