Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour.
Il est étonnant de voir que plus le temps passe, plus le chroniqueur devient
feignant – intellectuellement s’entend – mais aussi que plus nos têtes
pensantes font du neuf avec du vieux alors que l’actuel président avait annoncé
qu’il allait moderniser notre pays de fond en comble. Alors, je vous recycle
une chronique de mai 2012 à propos d’une idée de 2004 que recycle notre
enmarchiste dirigeant. En effet, en 2004 le gouvernement dit Raffarin avait
institué une journée dite de solidarité le lundi de Pentecôte. Ce jour férié
non payé devait servir à financer la solidarité avec les personnes âgées. Sans
se lancer dans des considérations sur l’utilisation de cet argent, rappelons
que ce n’est pas de l’argent gagné mais de l’argent économisé. L’argent
économisé, comme l’expriment le bon sens autant que les données immédiates de
la conscience collective, c’est l’argent que l’on n’a pas dépensé augmenté de
l’argent que l’on aurait pu gagner. Economiquement, c’est très habile. En 2006,
le premier ministre Villepin a pu dire que les bénéfices tirés de cette journée
« n’étaient pas calculables ». Nous parlerons donc de bénéfices
incalculables et ce n’est pas rien.
Donc, notre gouvernement
actuel réfléchit à appliquer la même recette sur un autre jour férié afin de
financer peut-être l’accueil des personnes âgées ou en tout cas quelque trou du
budget, il sera difficile de vérifier. On pressent déjà que le 8 mai est bien
menacé, il avait déjà été supprimé du temps de monsieur Giscard puis rétabli
par son successeur. Le premier, il faut le reconnaître, avait été prévoyant,
envisageant de jouir de ses avantages d’ancien président pendant au moins
trente belles années et il fallait bien trouver l’argent de sa rémunération. Je
rappelle que le 8 mai on commémore l’armistice de 1945 qui a eu lieu, côté
alliés, le 7 mai à Reims et, côté soviétique, le 8 mai à Berlin à 23 heures,
soit minuit à Moscou qui fête l’armistice le 9 juin, l’incertitude sur cette
date fait donc peser une menace sur ce jour férié.
Revenons à notre journée
de solidarité. Une année entière ne suffit plus à contenir toutes les journées
dédiées spécialement à ceci ou cela. Les saints du calendrier se bousculaient
déjà depuis belle lurette. Voilà que, particulièrement sous la pression de
certains lobbies, le calendrier est encore mis à mal par de nouvelles présences
qui font des jaloux. Il y a peu, une journée avait été dédiée à la
commémoration de la Résistance. Aussitôt, un lobby d’électroniciens fougueux a
exigé une journée pour les condensateurs à laquelle seraient associés les
semi-conducteurs. Entendant cette demande, les apprentis conducteurs en
conduite accompagnée n’ont pas voulu être en reste par rapport aux
semi-conducteurs. On constate que les années deviennent bien courtes.
Et enfin, revenons à
l’idée de commémoration. Le devoir de mémoire, de nos jours, a évincé le droit
à l’oubli et l’on commémore tant que l’on peut. Mais ne peut-on commémorer que
le passé ? La journée de la femme, judicieusement placée le 8 mars, permet
de penser que non. En effet, si on se place au point de vue du chroniqueur
Alexandre Vialatte, la femme, remontant à la plus haute antiquité, peut être
commémorée. Mais, selon la vision du poète Aragon, la femme est l’avenir de
l’homme et la journée du huit mars peut aussi être considérée comme la
commémoration de cet avenir.
On voit par-là que
l’avenir est à la commémoration du futur. Qui mieux qu’un poète communiste
pouvait nous le faire comprendre ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire