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dimanche 3 juin 2018

Chronique de Serres et d’ailleurs III (36)


Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Il est étonnant de voir que plus le temps passe, plus le chroniqueur devient feignant – intellectuellement s’entend – mais aussi que plus nos têtes pensantes font du neuf avec du vieux alors que l’actuel président avait annoncé qu’il allait moderniser notre pays de fond en comble. Alors, je vous recycle une chronique de mai 2012 à propos d’une idée de 2004 que recycle notre enmarchiste dirigeant. En effet, en 2004 le gouvernement dit Raffarin avait institué une journée dite de solidarité le lundi de Pentecôte. Ce jour férié non payé devait servir à financer la solidarité avec les personnes âgées. Sans se lancer dans des considérations sur l’utilisation de cet argent, rappelons que ce n’est pas de l’argent gagné mais de l’argent économisé. L’argent économisé, comme l’expriment le bon sens autant que les données immédiates de la conscience collective, c’est l’argent que l’on n’a pas dépensé augmenté de l’argent que l’on aurait pu gagner. Economiquement, c’est très habile. En 2006, le premier ministre Villepin a pu dire que les bénéfices tirés de cette journée « n’étaient pas calculables ». Nous parlerons donc de bénéfices incalculables et ce n’est pas rien.
Donc, notre gouvernement actuel réfléchit à appliquer la même recette sur un autre jour férié afin de financer peut-être l’accueil des personnes âgées ou en tout cas quelque trou du budget, il sera difficile de vérifier. On pressent déjà que le 8 mai est bien menacé, il avait déjà été supprimé du temps de monsieur Giscard puis rétabli par son successeur. Le premier, il faut le reconnaître, avait été prévoyant, envisageant de jouir de ses avantages d’ancien président pendant au moins trente belles années et il fallait bien trouver l’argent de sa rémunération. Je rappelle que le 8 mai on commémore l’armistice de 1945 qui a eu lieu, côté alliés, le 7 mai à Reims et, côté soviétique, le 8 mai à Berlin à 23 heures, soit minuit à Moscou qui fête l’armistice le 9 juin, l’incertitude sur cette date fait donc peser une menace sur ce jour férié.
Revenons à notre journée de solidarité. Une année entière ne suffit plus à contenir toutes les journées dédiées spécialement à ceci ou cela. Les saints du calendrier se bousculaient déjà depuis belle lurette. Voilà que, particulièrement sous la pression de certains lobbies, le calendrier est encore mis à mal par de nouvelles présences qui font des jaloux. Il y a peu, une journée avait été dédiée à la commémoration de la Résistance. Aussitôt, un lobby d’électroniciens fougueux a exigé une journée pour les condensateurs à laquelle seraient associés les semi-conducteurs. Entendant cette demande, les apprentis conducteurs en conduite accompagnée n’ont pas voulu être en reste par rapport aux semi-conducteurs. On constate que les années deviennent bien courtes.
Et enfin, revenons à l’idée de commémoration. Le devoir de mémoire, de nos jours, a évincé le droit à l’oubli et l’on commémore tant que l’on peut. Mais ne peut-on commémorer que le passé ? La journée de la femme, judicieusement placée le 8 mars, permet de penser que non. En effet, si on se place au point de vue du chroniqueur Alexandre Vialatte, la femme, remontant à la plus haute antiquité, peut être commémorée. Mais, selon la vision du poète Aragon, la femme est l’avenir de l’homme et la journée du huit mars peut aussi être considérée comme la commémoration de cet avenir.
On voit par-là que l’avenir est à la commémoration du futur. Qui mieux qu’un poète communiste pouvait nous le faire comprendre ?

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