Les
autres convives approuvent eux aussi. Henri Sarlovèze intervient :
-
Mes amis, nous ne sommes pas en campagne, je ne
vais pas vous faire un discours. Du fond du cœur, merci. Et merci à vous, mon
cher Destel, je vous sais taquin mais sincère.
-
Je n’insiste pas plus, mon cher Henri, je ne
veux pas mettre votre modestie à l’épreuve. Je reviens donc sur les raisons
pour lesquelles nous vous convions ici ce soir, outre bien sûr le plaisir de
nous retrouver ensemble. Notre décision est prise de vendre ce domaine de La
Furetière qui nous est si cher. Mais cette décision est motivée par les
nécessités de la santé de Diane, mon épouse. Nous comptons nous installer en
bord de mer, si possible au pays basque. Cette soirée est sans aucun doute la
dernière où nous nous retrouvons sous ce toit, dit le nommé Destel, le maître
de maison.
-
Mais voyons, Etienne, tu sais qu’il te faut
l’accord de ta grand-tante Emilienne pour vendre La Furetière, intervient un
autre.
-
Cher Maître Bernard, vous êtes le notaire de la
famille depuis bien longtemps et vous avez raison : l’accord d’Emilienne
est nécessaire, la moitié du domaine lui appartient. Cet accord, je l’ai.
-
Etienne, tu es sérieux, elle t’a donné son
accord ? dit Me Bernard.
-
Je ne plaisante pas, j’ai eu un long entretien
avec elle, je suis allé la voir à Nantes. Je ne dis pas que cela a été facile,
mais elle m’a donné son accord.
-
Elle signera les documents nécessaires ?
Reprend Me Bernard.
-
Bien sûr, bien sûr. Je n’ai aucune inquiétude à
ce sujet.
-
Mais elle est religieuse, me semble-t-il, demande
la dame à la droite d’Etienne Destel. N’a-t-elle pas fait vœu de
pauvreté ? N’est-ce pas son ordre, ou sa congrégation plutôt qui en est
héritière ou propriétaire ?
-
Ma chère Angèle, elle fait partie de la compagnie
des filles de la charité. Je ne vous ferai pas un cours à ce sujet, mais je
sais que ces religieuses ne font pas les mêmes vœux que les autres. Ce qui
explique aussi sa longue présence auprès de ma mère, répond Etienne en
soupirant.
-
Vous êtes son seul héritier, je pense, mais elle
est votre grand-tante. Que compte-t-elle faire, envisage-t-elle de prendre des
dispositions testamentaires ? Intervient encore Me Bernard.
-
A franchement parler, je n’ai jamais eu aucune
vue sur son héritage. Je suis allé la voir car il me fallait son accord. Ce
n’est pas la première fois que j’essaye de la convaincre de vendre, vous le
savez cher Maître Bernard. Mais cette fois-ci je l’ai prise totalement au
dépourvu. Ce que je lui ai dit a totalement changé la donne. Car je connais
maintenant le secret qui pèse sur elle.
-
Un secret ? Intervient Royer.
-
Oui, un secret qui avait été bien gardé. Emilienne
est ma grand-mère…
(à suivre...)
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