Auditrices et auditeurs qui m’écoutez,
bonjour. Un recueil de mes chroniques va paraître dans les mois qui viennent.
Il sera préfacé par l’éminent Ernesto Che Cussotile, le Burlador de
Caracapenata. Je ne résiste pas au plaisir de vous lire, en avant-première, le
début de cette flagorneuse hagiographie.
PREFACE
« Il n’est pas nécessaire d’espérer pour
entreprendre ni de réussir pour persévérer ». Cette sentence que l’on
attribue tantôt à Charles le Téméraire et tantôt à Guillaume le Taciturne
résume bien le projet insensé du
chroniqueur : n’espérant rien, il entreprit ; n’ayant rien réussi, il
perd ses verres (et la monture aussi).
Téméraire mais point taciturne, ce
vaillant chroniqueur a produit deux-cent soixante-dix-huit chroniques en six
années de labeur, sans compter l’un ou l’autre bonus çà et là. Avare de
commentaires sur les réseaux asociaux, il concentra pendant trois ans son
activité sur son blog ; puis les trois années suivantes sur une web radio
de sévices publics en Gascogne, Guyenne et Catalogne. Généreux dans son propos,
s’il fustige les puissants et les grands il ne néglige pas les impuissants et
les glands et s’il évoque parfois les people
et le gratin, il préfère toujours se pencher sur les obscurs et les
sans-grades, qui marchent fourbus, blessés, crottés, malades, sans espoir de
prébendes ou d’allocations.
Pour le titre des trois premières années,
le temps exigu faisait
allusion d’une part à la répétitivité hebdomadaire et au temps qui manque
toujours pour arriver à livrer la chronique à l’heure et d’autre part à l’âge
du chroniqueur. Pour les années suivantes, l’appellation change et ce sont les
lieux qui donnent l’intitulé, à savoir le Pays de Serres, cher au chroniqueur,
mais aussi ces ailleurs où l’on peut aller voir s’il s’y trouve. Or si le livre
s’arrête sur la chronique du 30 juin 2018, l’aventure continue chaque semaine.
Belle et hardie persévérance !
Peut-on définir l’auteur par sa profession comme cela se fait
souvent? Le voudrait-on que l’on n’y parviendrait pas car paysan à dix-huit ans
puis pendant plus de cinquante ans, ouvrier pendant cinq ans, artisan maçon
pendant dix ans et éducateur pendant quinze ans, cela paraît faire beaucoup, à
la louche –à la truelle ou à la fourche, dirais-je – 80 ans de travail… Mais
que l’on ne s’y trompe pas, ces activités furent en partie exercée de manière
concomitante quoique non simultanée : paysan la nuit et ouvrier ou maçon
le jour. Le cauchemar des 35 heures en quelque sorte mais un honnête homme au
sens antique : ouvert à tous les savoir-faire et savoirs, cerveau et main
en symbiose.
Peut-on alors le définir par ses œuvres ? Mais à l’instar de sa vie
professionnelle, l’auteur est un polygraphe impénitent, chroniqueur, romancier,
poète, facturier et artiste du canular. Il n’est jamais où on l’attend et il
arrive toujours quand on ne l’attend plus.
Peut-on le définir par ses amitiés, ses admirations ? Mais de
Brasillach à Hergé, de Léon Bloy à Boby Lapointe et de Maurice Barrès à Pierre Dac qu’y a-t-il
de commun sinon l’écriture et un regard suspicieux sur une société sournoise et
cauteleuse ?
C’était, auditrices et auditeurs, le début de cette préface et on voit
par-là que la suite viendra la semaine prochaine.
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