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dimanche 7 octobre 2018

Chronique de Serres et d’ailleurs IV (4)


Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Un recueil de mes chroniques va paraître dans les mois qui viennent. Il sera préfacé par l’éminent Ernesto Che Cussotile, le Burlador de Caracapenata. Je ne résiste pas au plaisir de vous lire, en avant-première, le début de cette flagorneuse hagiographie.
PREFACE
 « Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer ». Cette sentence que l’on attribue tantôt à Charles le Téméraire et tantôt à Guillaume le Taciturne résume bien le projet insensé  du chroniqueur : n’espérant rien, il entreprit ; n’ayant rien réussi, il perd ses verres (et la monture aussi).
Téméraire mais point taciturne, ce vaillant chroniqueur a produit deux-cent soixante-dix-huit chroniques en six années de labeur, sans compter l’un ou l’autre bonus çà et là. Avare de commentaires sur les réseaux asociaux, il concentra pendant trois ans son activité sur son blog ; puis les trois années suivantes sur une web radio de sévices publics en Gascogne, Guyenne et Catalogne. Généreux dans son propos, s’il fustige les puissants et les grands il ne néglige pas les impuissants et les glands et s’il évoque parfois les people et le gratin, il préfère toujours se pencher sur les obscurs et les sans-grades, qui marchent fourbus, blessés, crottés, malades, sans espoir de prébendes ou d’allocations.
Pour le titre des trois premières années, le temps exigu faisait allusion d’une part à la répétitivité hebdomadaire et au temps qui manque toujours pour arriver à livrer la chronique à l’heure et d’autre part à l’âge du chroniqueur. Pour les années suivantes, l’appellation change et ce sont les lieux qui donnent l’intitulé, à savoir le Pays de Serres, cher au chroniqueur, mais aussi ces ailleurs où l’on peut aller voir s’il s’y trouve. Or si le livre s’arrête sur la chronique du 30 juin 2018, l’aventure continue chaque semaine. Belle et hardie persévérance !
Peut-on définir l’auteur par sa profession comme cela se fait souvent? Le voudrait-on que l’on n’y parviendrait pas car paysan à dix-huit ans puis pendant plus de cinquante ans, ouvrier pendant cinq ans, artisan maçon pendant dix ans et éducateur pendant quinze ans, cela paraît faire beaucoup, à la louche –à la truelle ou à la fourche, dirais-je – 80 ans de travail… Mais que l’on ne s’y trompe pas, ces activités furent en partie exercée de manière concomitante quoique non simultanée : paysan la nuit et ouvrier ou maçon le jour. Le cauchemar des 35 heures en quelque sorte mais un honnête homme au sens antique : ouvert à tous les savoir-faire et savoirs, cerveau et main en symbiose.
Peut-on alors le définir par ses œuvres ? Mais à l’instar de sa vie professionnelle, l’auteur est un polygraphe impénitent, chroniqueur, romancier, poète, facturier et artiste du canular. Il n’est jamais où on l’attend et il arrive toujours quand on ne l’attend plus.
Peut-on le définir par ses amitiés, ses admirations ? Mais de Brasillach à Hergé, de Léon Bloy à Boby Lapointe  et de Maurice Barrès à Pierre Dac qu’y a-t-il de commun sinon l’écriture et un regard suspicieux  sur une société sournoise et cauteleuse ?
C’était, auditrices et auditeurs, le début de cette préface et on voit par-là que la suite viendra la semaine prochaine.

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