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jeudi 18 octobre 2018

Le temps de l'éternité (25)


Pijm revient chez Latinian, il ne dit rien de cette invitation, il sera toujours temps d’en parler. La soirée se passe et ils vont se coucher. Pijm rêve, toute la nuit lui semble-t-il, de La Furetière, du kabouterman, de Galipette. Le samedi matin il se lève péniblement et ils descendent prendre le petit déjeuner. Ils sont à table quand le téléphone sonne. Madame Latinian appelle Pijm car c’est Galipette qui doit partir le matin même. Il ne pourra pas venir au restaurant à midi et il veut que Pijm remette cela au lundi, ce qui est impossible, le départ des hollandais est prévu pour lundi matin. Ce n’est que partie remise, je reviendrai, murmure Pijm. Il raccroche et se sent plus léger, cela ne lui plaisait guère d’inviter ce Galipette au restaurant et de lui présenter son écurie féminine.
Ils repartent pour Luxignac, suivant une habitude maintenant bien établie. Pijm laisse Liza et les filles au lac et repart. Il veut aller chez Amédée Boriais. Demain il ne pourra plus car ils sont invités chez des amis le midi et chez Tomi le soir. Il va donc profiter du dernier jour où il peut être libre de ses mouvements.

*


Pour aller chez Amédée, il faut vraiment connaître les lieux. Pijm hésite, se perd, fait demi-tour et finit par arriver dans une ferme isolée. Il arrête sa voiture, descend, s’approche de l’entrée de la maison, frappe doucement et attend. Personne ne répond. Il frappe énergiquement sur le lourd battant de la porte qui s’entrebâille. Sans plus de réponse, il pousse et s’avance timidement.

-          Il y a quelqu’un ? Hou hou, monsieur Boriais !
-          Heu, heu ! Vous voulez quoi, vous ? Demande un personnage décharné, en chemise, du haut de l’ancien escalier.
-          Je cherche monsieur Boriais, monsieur Amédée Boriais.
-          Et vous lui voulez quoi à monsieur Boriais ?
-          Je voudrais lui parler de La Furetière, on m’a dit que vous avez bien connus les anciens propriétaires.
-          Monsieur Boriais, c’est moi. J’attends l’infirmière, je croyais que c’était elle. Je ne vais pas vous parler de La Furetière, j’ai rien à dire, moi. Qu’est-ce que vous voulez savoir ?
-          Votre père, il parait que c’était lui qui s’occupait des fermages, de tout là-bas…
-          Attendez, dit le vieil homme. Vous n’êtes pas présenté, je ne sais même pas qui vous êtes, d’où vous venez, heu heu !
-          Oui, oui, je sais, vous ne me connaissez pas, répond Pijm en regardant les jambes maigres et dégarnies en haut de l’escalier. Je suis intéressé par La Furetière et je voulais vous demander si vous avez connu monsieur Birgat, à La Furetière…
-          Euh, euh, vous n’êtes pas présenté, je sais pas moi. Repassez cet après-midi mais pas trop tôt, je fais la sieste, moi. Venez vers trois heures, trois heures et demie, vous aurez qu’à appeler…

C’est à ce moment qu’arrive une auto. Une dame entre et se présente à Pijm comme étant l’infirmière. Il est inutile d’insister, il sort et repart.

*
(à suivre...)

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