Pijm revient chez Latinian, il ne dit rien de cette
invitation, il sera toujours temps d’en parler. La soirée se passe et ils vont
se coucher. Pijm rêve, toute la nuit lui semble-t-il, de La Furetière, du kabouterman, de Galipette. Le samedi
matin il se lève péniblement et ils descendent prendre le petit déjeuner. Ils
sont à table quand le téléphone sonne. Madame Latinian appelle Pijm car c’est
Galipette qui doit partir le matin même. Il ne pourra pas venir au restaurant à
midi et il veut que Pijm remette cela au lundi, ce qui est impossible, le
départ des hollandais est prévu pour lundi matin. Ce n’est que partie remise,
je reviendrai, murmure Pijm. Il raccroche et se sent plus léger, cela ne lui
plaisait guère d’inviter ce Galipette au restaurant et de lui présenter son écurie
féminine.
Ils repartent pour Luxignac, suivant une habitude
maintenant bien établie. Pijm laisse Liza et les filles au lac et repart. Il veut
aller chez Amédée Boriais. Demain il ne pourra plus car ils sont invités chez
des amis le midi et chez Tomi le soir. Il va donc profiter du dernier jour où
il peut être libre de ses mouvements.
*
Pour aller chez Amédée, il faut vraiment connaître les
lieux. Pijm hésite, se perd, fait demi-tour et finit par arriver dans une ferme
isolée. Il arrête sa voiture, descend, s’approche de l’entrée de la maison,
frappe doucement et attend. Personne ne répond. Il frappe énergiquement sur le
lourd battant de la porte qui s’entrebâille. Sans plus de réponse, il pousse et
s’avance timidement.
-
Il y a quelqu’un ? Hou hou, monsieur
Boriais !
-
Heu, heu ! Vous voulez quoi, vous ?
Demande un personnage décharné, en chemise, du haut de l’ancien escalier.
-
Je cherche monsieur Boriais, monsieur Amédée
Boriais.
-
Et vous lui voulez quoi à monsieur Boriais ?
-
Je voudrais lui parler de La Furetière, on m’a
dit que vous avez bien connus les anciens propriétaires.
-
Monsieur Boriais, c’est moi. J’attends
l’infirmière, je croyais que c’était elle. Je ne vais pas vous parler de La
Furetière, j’ai rien à dire, moi. Qu’est-ce que vous voulez savoir ?
-
Votre père, il parait que c’était lui qui
s’occupait des fermages, de tout là-bas…
-
Attendez, dit le vieil homme. Vous n’êtes pas
présenté, je ne sais même pas qui vous êtes, d’où vous venez, heu heu !
-
Oui, oui, je sais, vous ne me connaissez pas,
répond Pijm en regardant les jambes maigres et dégarnies en haut de l’escalier.
Je suis intéressé par La Furetière et je voulais vous demander si vous avez
connu monsieur Birgat, à La Furetière…
-
Euh, euh, vous n’êtes pas présenté, je sais pas
moi. Repassez cet après-midi mais pas trop tôt, je fais la sieste, moi. Venez
vers trois heures, trois heures et demie, vous aurez qu’à appeler…
C’est à ce moment qu’arrive une auto. Une dame entre et se
présente à Pijm comme étant l’infirmière. Il est inutile d’insister, il sort et
repart.
*
(à suivre...)
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