En vedette !

dimanche 14 octobre 2018

Chronique de Serres et d’ailleurs IV (5)


Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Un recueil de mes chroniques va paraître dans les mois qui viennent et sera préfacé par l’éminent Ernesto Che Cussotile, le Burlador de Caracapenata. La semaine passée, je vous ai lu le début de cette préface. En voici la suite et fin.
Peut-on le définir par ses opinions politiques ? Mais dans une société où l’économisme tient lieu d’opinion, son anarchisme de droite et son légalisme de gauche – à moins que cela ne  soit l’inverse – n’ont plus cours. L’argent, la croissance et la dilapidation des ressources d’un côté, la religion dans ses applications moyenâgeuses les plus sordides de l’autre sont les deux pôles qui font vibrer nos politiciens, sous couvert de générosité et d’écologie qui masquent leur désir de pouvoir et l’appât du gain, son corollaire.
Peut-on le définir par ses diplômes ou ses distinctions ? Jamais il n’avouera avoir poursuivi des études sans oncques les rattraper, véritable coureur de fond, oui, mais de fond de la classe, assez proche du radiateur ; jamais il ne brigua une quelconque médaille, un quelconque honneur car son mérite ne se proclame pas, il se montre en sa grâce rustique et son élégance inclassable.
Ces chroniques sont-elles des billets d’humeur ? Non car elles ont maintes fois un retard de quinze jours, sinon plus, sur l’humeur du chroniqueur et l’on sent bien toute l’allégresse de la plume autant que l’esprit primesautier de ce dernier au travers de ces textes. Ces chroniques font souvent référence à une actualité à l’époque brûlante et quelquefois bien refroidie aujourd’hui. Mutatis mutandis, le lecteur arrivera sans peine à les resituer dans le contexte actuel, tout en sachant que les glands restent très souvent des glands et que bien peu deviennent chênes. Toutefois, malgré sa veulerie, le gland se croyant la mesure de toute chose, se juge en tant que centre du monde et en tant que maître de la société. Mais quelle est donc sa société sinon un foutoir culturel dans lequel la seule valeur est l’argent, le seul repère est le pouvoir et la seule morale est celle de la domination ? C’est une sorte de mosaïque de croyances et d’incroyances où les uns aspireraient au syncrétisme, les autres au communautarisme et d’autres encore à l’unanimisme scientifique labellisé nobélien ? Un capharnaüm de discours, de bons sentiments, de bien-pensance et de conformismes ? En bref, la société voulue par les glands n’est qu’un écosystème vague, flou et mouvant et non le produit de citoyens conscients de leurs devoirs mutuels et de leurs aspirations collectives. Les glands deviendront-ils un jour des chênes ? On ne peut qu’en douter, ce n’est pas demain que nous serons envahis par une épaisse forêt et les porcs continueront à se gaver sous les arbres.
L’auteur, toujours levé de bonne heure et couché comme les poules, ne se prive pas de coqueriquer les deux pattes dans le terreau inculte d’une société ingrate. Cela n’est pas un chant de gloire – n’en déplaise aux chauvins de toutes sortes – mais une sonnerie de réveil : debout les vivants, le labeur nous attend, la révolte en chantant. N’en déplaise aussi à toute la clique des officiels, gros bonnets et bonnets gros, présidents, ministres, sous-ministres, fonctionnaires, chefs, sous-chefs et entre-chefs, bourgeois, touristes, étrangers, bienpensants et auto satisfaits de toutes farines, le chroniqueur est là pour brandir l’étendard de l’indépendance et de la liberté d’esprit.
Faut-il en dire plus ? On le pourrait mais toute exégèse, tout commentaire, toute glose au sujet de cette prose inimitable ne serait jamais qu’interprétation ou bavardage, le texte se suffit à lui-même et, pour ma part, mon repas va refroidir. Bon appétit, bonne lecture, citoyennes, citoyens !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire