-
Craignez, craignez… Donc, il dit, à propos
de vous autres : un homme rampe à nos genoux, l’ennui s’enfuit à tire
d’aile.
-
Ramperiez-vous à mes genoux, très cher ?
Je comprends. Je crois que, d’une certaine manière, vous avez parfaitement
raison…
-
J’ai encore trop parlé, je ne peux pas
tenir ma langue…
-
As-tu remarqué que moi non plus, je ne
sais pas tenir ma langue. Allons, je te laisse à toutes ces greluches,
amuse-toi maintenant. Mais nous n’en avons pas fini, moi et toi, on se retrouvera.
J’ai capté ton numéro de téléphone… Je t’appellerai. Vu ?
C’est une question qui semble
ne pas souffrir pas de réponse et il se contente d’un sourire un peu niais. Il
se rend compte un peu plus tard que le mari de sa cavalière, très occupé de son
côté, fait partie de l’assemblée. Albert se dirige vers un buffet où il
récupère sa coupe de champagne. René Cinsault vient vers lui avec une bouteille
de roteuse.
-
Je crois, cher ami, que vous faites une
forte impression sur notre médecin-psychiatre et c’est tout à votre honneur.
-
J’ignorais que madame fût toubib pour les
fous : c’est en cela que j’ai dû l’intéresser. Ferait-elle donc partie de
ce couple d’amis avec lequel vous vîntes ?
-
Nous vînmes en effet dans le même
véhicule. Il faut dire que monsieur Setier a une grosse berline allemande d’un
grand confort. Il aime tellement son confort qu’il néglige parfois sa femme…
-
Serait-elle trop anguleuse ? demande
Albert, déjà passablement éméché.
-
Angulé vous-même, cher ami. Foin de toutes
ces considérations, si vous passez du côté de Caylus, prévenez-moi et je me
ferai un plaisir de vous inviter à manger autant qu’à discuter de plein de
choses intéressantes accompagnées de boissons acidulées.
-
Volontiers, répond Albert, mais voyez
comme je suis occupé en ce moment...
En effet, deux copines
viennent s’emparer des mecs et les entraînent à nouveau dans une farandole des
plus sataniques. Vers cinq heures du matin, Albert n’en peut plus et décide de
repartir. Les adieux sont splendides, on s’embrasse à qui mieux mieux. Puis il
remonte dans sa pétrolette, affrontant le brouillard qui n’a pas cessé. Sur le
chemin, il somnole un peu et fait une embardée, il ne peut éviter de traverser
un fossé et se retrouve dans une prairie herbeuse. Cela le réveille
brutalement. Sans difficulté il trouve une sortie et reprend son chemin,
concentrant bien son attention sur sa conduite. Il retrouve son bercail sain et
sauf. En entrant chez lui, il entend sonner le téléphone : c’est Mario,
tous s’inquiètent de savoir s’il est à bon port et comme les voilà rassurés,
Albert a droit à toute une kyrielle de bisous téléphoniques de la part de ses
nouvelles copines. Il raccroche et se couche sans avoir même regardé s’il y a
encore du bois dans le poêle.
*
(à suivre...)
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