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dimanche 17 mars 2019

Chronique de Serres et d’ailleurs IV (27)


Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Le Président de la République Française – avec trois majuscules s’il vous plaît – a écrit au mois de janvier une lettre non datée à tous les français. Il fallait que je la lise et je l’ai lue attentivement. Comme il ne s’agit pas d’un courrier personnel mais en quelque sorte d’une lettre ouverte, je pensais y répondre et vous faire partager dans une de mes chroniques le miel de ma réponse. J’ai donc rédigé un courrier bref quoique concis mais à la relecture, bien que ce courrier reste dans les limites de la déférence et loin de toute polémique, j’ai décidé de ne pas l’envoyer à son destinataire comme de ne pas le publier dans le cadre de cette chronique.
En effet, de même que la violence se repaît de la violence, la vanité ne peut qu’attirer en retour la vanité et ma lettre m’a paru ne répondre qu’à la vanité – au sens de ce qui est vain – du propos du Président. Vanitas vanitatum, omnia vanitas citait Bossuet citant lui-même l’Ecclésiaste où le prédicateur s’adresse à la foule des fidèles assemblés. L’inanité de la démarche fait donc que je ne vous parlerai pas de cela aujourd’hui.
Car il y a encore de bonnes nouvelles et il ne faut pas se priver d’en parler. Le printemps, par exemple, arrive à grands pas et déjà les primevères ont fait éclore leurs fleurs mignonnes. Puis, dans les recoins ensoleillés, les violettes ont bien commencé à poindre leurs odorants pétales. Et à ce sujet, je rappelle que pétale est un mot masculin et j’ai failli commettre une erreur quand un bout de pétale de mon subconscient fleuri a tiré le signal d’alarme bien avant que mon correcteur orthographique ne le fasse à son tour.
Mais foin d’orthographe et régalons-nous maintenant de ces chemins garnis de tapis de jonquilles. Puis, sous les halliers où poussent les pruniers sauvages qui embaument le promeneur, il faut maintenant prendre garde à ne point écraser de furtives morilles qui feront de délicats plats parfumés.  Les prairies reverdissent à flanc de coteau et les blés tracent nettement les raies du semoir. Maintenant, ces raies sont droites comme tracées au cordeau car nombre de tracteurs sont équipés de guidages par satellite mais quand j’étais plus jeune, il y avait un dicton local qui disait : « raises tortes, bonnes récoltes » et, par ces quelques mots, le semeur se dédouanait de son strabisme agricole.
Voilà aussi qu’arrivent les premiers orages qui font trembler la terre et le ciel, abreuvent les terres et rafraîchissent l’atmosphère. Le soleil se met à resplendir, commençant sa journée de bonne heure et, en éclairant nos soirées, il nous fait gentiment sortir de l’hiver. Les petits écureuils sautent de branche en branche dans les grands chênes dans une parade affolée. Ces chênes qui attendent encore pour s’habiller de feuilles, plus frileux que tous les chatons qui bourgeonnent dans les haies.
On voit par-là qu’après l’hiver vient le printemps, qu’il y a des hauts et des bas et au diable les grands débats.

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