Auditrices et auditeurs qui m’écoutez,
bonjour. Le Président de la République Française – avec trois majuscules s’il
vous plaît – a écrit au mois de janvier une lettre non datée à tous les
français. Il fallait que je la lise et je l’ai lue attentivement. Comme il ne
s’agit pas d’un courrier personnel mais en quelque sorte d’une lettre ouverte,
je pensais y répondre et vous faire partager dans une de mes chroniques le miel
de ma réponse. J’ai donc rédigé un courrier bref quoique concis mais à la
relecture, bien que ce courrier reste dans les limites de la déférence et loin de
toute polémique, j’ai décidé de ne pas l’envoyer à son destinataire comme de ne
pas le publier dans le cadre de cette chronique.
En effet, de même que la violence se
repaît de la violence, la vanité ne peut qu’attirer en retour la vanité et ma
lettre m’a paru ne répondre qu’à la vanité – au sens de ce qui est vain – du
propos du Président. Vanitas vanitatum, omnia vanitas citait Bossuet citant
lui-même l’Ecclésiaste où le prédicateur s’adresse à la foule des fidèles
assemblés. L’inanité de la démarche fait donc que je ne vous parlerai pas de
cela aujourd’hui.
Car il y a encore de bonnes nouvelles et
il ne faut pas se priver d’en parler. Le printemps, par exemple, arrive à
grands pas et déjà les primevères ont fait éclore leurs fleurs mignonnes. Puis,
dans les recoins ensoleillés, les violettes ont bien commencé à poindre leurs
odorants pétales. Et à ce sujet, je rappelle que pétale est un mot masculin et
j’ai failli commettre une erreur quand un bout de pétale de mon subconscient
fleuri a tiré le signal d’alarme bien avant que mon correcteur orthographique
ne le fasse à son tour.
Mais foin d’orthographe et régalons-nous
maintenant de ces chemins garnis de tapis de jonquilles. Puis, sous les
halliers où poussent les pruniers sauvages qui embaument le promeneur, il faut
maintenant prendre garde à ne point écraser de furtives morilles qui feront de
délicats plats parfumés. Les prairies
reverdissent à flanc de coteau et les blés tracent nettement les raies du
semoir. Maintenant, ces raies sont droites comme tracées au cordeau car nombre
de tracteurs sont équipés de guidages par satellite mais quand j’étais plus
jeune, il y avait un dicton local qui disait : « raises tortes,
bonnes récoltes » et, par ces quelques mots, le semeur se dédouanait de son
strabisme agricole.
Voilà aussi qu’arrivent les premiers
orages qui font trembler la terre et le ciel, abreuvent les terres et
rafraîchissent l’atmosphère. Le soleil se met à resplendir, commençant sa
journée de bonne heure et, en éclairant nos soirées, il nous fait gentiment
sortir de l’hiver. Les petits écureuils sautent de branche en branche dans les
grands chênes dans une parade affolée. Ces chênes qui attendent encore pour
s’habiller de feuilles, plus frileux que tous les chatons qui bourgeonnent dans
les haies.
On voit par-là qu’après l’hiver vient le
printemps, qu’il y a des hauts et des bas et au diable les grands débats.
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