Auditrices et auditeurs qui m’écoutez,
bonjour. Le week-end qui a suivi la Saint-Valentin a été riche en péripéties
qui ont agité les commères des média. Commères en colère pourrait-on presque
dire. Et ce sont des Alain qui ont fourni la matière de ces commérages. Il ne
faut toutefois pas confondre les Alains avec les autres, les Alains formaient
un peuple scythique et vivaient au 1er siècle dans les steppes au nord du
Caucase. Ils participèrent aux grandes invasions et certains suivirent même les
Vandales. Quant aux autres, il s’agit plus modestement – en nombre et non point
en valeur intrinsèque – d’Alain Juppé et d’Alain Finkielkraut.
Au jeu des occasions de se taire qui se
perdent, le premier, futur ex maire de Bordeaux, a marqué un point magistral et
c’est bien peu de le dire. En effet, il s’est confié, pour ainsi dire sous le sceau de la confidence, aux
grands média sur son ressenti du mouvement des gilets jaunes dont la sauvagerie
l’atteignait moralement et physiquement même. On ne peut que comprendre qu’en
tant que maire et citoyen de Bordeaux, il soit désolé par les dégradations qui
ont été commises. Mais il aurait pu être bon de se taire en se rappelant que
les prises illégales d’intérêt pour lesquelles il a été condamné étaient elles
aussi une violence faite au pays et à ses concitoyens. Bien sûr, il a purgé sa
peine et je ne rappellerais pas cela s’il avait gardé une certaine discrétion
qui aurait été de mise pour un homme qui va devenir membre du Conseil
Constitutionnel, la plus haute instance juridique de notre pays.
Par ailleurs, au jeu de la victimisation
adroite, le second a lui aussi marqué un point superbe. Il n’en est évidemment
pas à son coup d’essai et j’avais eu l’occasion non seulement d’en parler mais
encore de composer une ode à sa grande bravoure et sa haute taille. Dans ma
chronique du 8 mai 2016, je relatais le passage de l’académicien dans les
contre-allées des Nuits Debout. A l’époque, il avait savouré son statut de
victime, vidéos à l’appui et interviews prises sur le vif par des reporters qui
passaient par-là et par le plus grand des hasards. Et voilà-t-y pas que l’homme
à l’habit vert face aux gilets jaunes, encore par le plus grand des hasards, se
trouve pris à partie et insulté par quelque membre de ces manifestants. Cela
permit aussitôt au gouvernement de crier à la radicalisation antisémite et de
faire de la com’ pour la prochaine manifestation contre le racisme. Il me faut
dire que les propos semblent très virulents, qu’ils sont inacceptables et que
je ne peux qu’espérer que ceux qui les ont tenus seront punis avec toute la
vigueur de la loi. Cela devant être dit, je ne résiste pas à vous resservir
l’ode que j’avais écrite au temps des nuits debout en hommage à notre notable
ex-soixante-huitard :
Nuit debout ! République était noire de monde /
Tous les débats fluaient ainsi que des ondes
Une démocratie, directe disaient-ils / Le pouvoir ne
vivait plus que sur un seul fil
Les bourgeois à genoux, la police sur les dents / Toi
Alain Finkielkraut tu te jetas dedans.
Ah ! Tu avais l’étoffe de nos plus fiers héros /
Ah ! Tu es philosophe mais aussi le héraut
De cet ordre nouveau contre le vil chaos / Sans peur
et sans reproche tu tenais le front haut
Les cameras sur place ont cru te voir craché /
Affrontant le danger tu fus presque lynché.
Diogène en son tonneau, Finkie sous sa coupole /
Ensuite retourna après cette nuit folle.
Finkielkraut ! Soleil dont je me fais le Memnon /
Illustre paria toujours je crie ton nom.
On voit par-là que notable
ex-soixante-huitard est un pléonasme.
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